Chapitre 14

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- Donc, récapitula Louise, méfiante, si je comprends bien, depuis que nous avons été au château de Bran, tu as ce... fantôme qui te suit partout ?

Cat aquiesca.

- Et il ne veut plus te lâcher d'une semelle car tu es la seule depuis des centaines d'années à pouvoir le voir ?

- C'est ce qu'il m'a dit...

- Je déteste qu'on parle de moi comme si je n'étais pas là, bouda Décébale.

Cat lui jeta un regard noir. Jamais elle n'avait livré de mensonge aussi pitoyable et peu convainquant. Cependant, on parlait la d'un fantôme, du spectre d'un mort. La frontière entre le « convainquant » et le « difficile à croire » s'était donc considérablement amenuisée.

- Je comprends mieux pourquoi tu étais perturbée... Désolée de m'être énervée.

- Aucun souci ! C'est ma faute j'aurais dû t'en parler, mais je voyais mal comment aborder le sujet...

- Je vais devoir en parler, Cat. Une deuxième humaine qui peut me voir, c'est complètement dément !

Cat tiqua. Elle avait cependant un plan. Il fallait surtout que Vlad ne rentre pas à ce moment.

- Je suis vraiment désolée d'avoir pris mes billets sans t'en parler... Je me sens mal de t'abandonner dans cette situation...

- Ne t'en fais pas je comprends, c'est de ma faute je te dis ! Et puis je ne sais pas non plus dans combien de temps je rentre, je vais peut-être aussi commencer à regarder du côté des billets retour !

- Vraiment ? Tu me promets que ça va aller Cat ?

- Promis Louise ! Et puis je ne suis pas seule, vu que je suis bien gentiment hébergée par Vla... Virgil !

- Justement, c'est assez sinistre ici !

- Tu sais bien que j'ai toujours aimé les vieilles bâtisses sinistres, rigola Cat.

Plus loin dans la chambre, Décébale flottait en rond en marmonnant des malédictions sur ces fichus limbes qui semblait s'amenuiser de jour en jour. Pendant qu'elles rentraient vers l'hôtel particulier de l'Ordre, Louise avait confié à Cat qu'elle avait réservé des billets pour partir l'après-midi même. Décébale les suivait de loin, aussi n'avait-il pas entendu. Cat comptait donc sur le fait qu'il était pour l'instant le seul au courant de la vision de son amie. Louise allait rentrer chez elle, sans encombres, et elle allait s'en assurer.

- Ma valise est faite, je vais devoir aller à la gare.


Louise parlait doucement en temps normal, mais depuis qu'elle savait qu'un vieux fantôme était susceptible de l'écouter, elle murmurait presque.

- Cela ne te dérange pas si je reste ici ? Je me sens un peu faible.

Simuler la fatigue était chose aisée, Cat se sentait aussi en forme qu'un torchon qui aurait subi un programme de lavage complet à la machine à laver. Essorage compris. Son teint translucide et les cernes mauves qui se creusaient sous ses yeux convainquirent très vite son amie.

- Non bien sûr, repose-toi ! Je t'envoie un message très vite.

Son amie la serra dans ses bras.

- Reviens-vite, ce pays ne réussit personne je crois.

Elle lui lança un dernier sourire, un peu hésitant, et quitta la chambre.

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant