Chapitre 15

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1 novembre, bien plus tard dans la soirée, Bucarest

Cat sentit vaguement qu'on la soulevait de son lit... Fauteuil ? Elle ouvrit brusquement les yeux, pour rencontrer ceux de Vlad, qui la fixaient d'un air furieux. Elle décida de refermer ses paupières aussi sec. Il allait falloir jouer la carte de la maladie et de la faiblesse pour essayer d'échapper à ce savon-là. Derrière lui, elle avait aperçu Décébale qui la fixait d'un air dur. Vlad la portait donc, aussi facilement que si elle avait été une plume. Un bruit de moteur lui fit entrouvrir les yeux. Une grosse voiture noire, flambante neuve, mais cependant assez discrète, était arrêtée devant le café. On la posa sur le siège passager, à l'arrière. Vlad s'installa derrière le volant, et démarra en trombe. Ses mains étaient si serrées que ses jointures étaient blanches. Sa mâchoire était crispée, son regard glacial fixait l'horizon.

- Désolée. Dit simplement Cat.

Il ne répondit pas. En dix minutes, ils furent rentrés. La voiture était garée dans un parking souterrain, sous l'hôtel particulier. Sans un mot, Vlad sortit et disparut dans l'escalier qui menait au rez-de-chaussée. Cat ne s'en formalisa pas. Elle le suivit de loin. Ne s'arrêtant pas dans le hall d'entrée, elle grimpa jusqu'au deuxième étage. Hésitante, elle erra quelques temps dans le couloir, mais fut dans l'incapacité de retrouver sa chambre. Elle tourna longtemps, puis, épuisée, s'assit sur l'appui d'une monumentale fenêtre, qui donnait sur un petit parc, sans doute à l'arrière de la bâtisse. Le ciel s'était vidé de la chaleur l'astre solaire. Une chape de nuage moutonneux s'étirait presque jusqu'à l'horizon, teintée d'un mauve profond. Les bords rebondis des nuages s'illuminaient de rose, tels des dentelles ciselées par les dernières lumières du jour. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu un tel ciel.

- On s'est perdu ?

Une voix inconnue la tira de sa rêverie. Cat s'arracha à contrecœur de sa contemplation, et se retourna vers le couloir. Pour la deuxième fois de la journée, sa mâchoire faillit se décrocher. L'homme se tenait à quelques mètres d'elle. Appuyé de façon nonchalante contre le mur, il la détaillait, un sourire malicieux étirant ses lèvres. Cat avala sa salive. Par où commencer pour le décrire ? Et était-ce bien raisonnable d'essayer ? Elle doutait que des mots puissent rendre hommage à une telle beauté. Il était jeune, probablement vingt-cinq ans. Grand et fin, il semblait cependant solidement musclé. Il portait un simple jean noir, une chemise bleu nuit bien ajustée, et un perfecto en cuir, noir également. Un visage beau à damner les anges complétait ce portrait ; des yeux bleus profond, un nez droit, une mâchoire parfaitement carrée et un front volontaire, illuminé par un savant désordre de cheveux dorés. L'individu avait visiblement l'habitude de l'effet qu'il produisait, car il ne se formalisa pas du temps de réaction anormalement long de Cat.

- J'ai perdu ma chambre.

Cat rougit. Elle allait passer pour une idiote dès la première phrase prononcée.

- Il y a des chambres mobiles ici ? Lui répondit le jeune homme, le plus sérieusement du monde. Je pensais qu'il n'y en avait qu'à Budapest.

- Je... Non, je ne retrouve juste pas ma chambre, bafouilla-t-elle.

Des chambres mobiles ? Il allait falloir qu'elle en sache plus.

- Oh je vois, vous êtes invitée ici ? Je peux vous aider à retrouver votre chemin ? proposa-t-il, toujours aussi charmant.

Cat acquiesça.

- Je suis Stefan, pour vous servir.

- Catalina, enchantée, répondit-elle en descendant de son perchoir.

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant