Chapitre 49 :

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Nathan fait interruption dans la chambre.

- Shari, les Hamus t'attendent. Suis-moi.

Je me tourne d'un coup vers le nouveau-venu. Mon nez se plisse. Un sentiment profondément mauvais s'entortille dans mes poumons. Je vais faire une dinguerie.

- Ah oui ? (Je le fixe et mes lèvres se retroussent sur mes crocs.) Ce sera avec plaisir !

Les pupilles de Nathan se rétractent. Je le bouscule en sortant et il me rattrape en quelques enjambées.

- Quoi que tu aies prévu de faire, ne le fais pas, il m'ordonne, le regard droit devant lui.

Un coup de fouet siffle dans ma cage thoracique. Je me redresse et vrille son regard au mien.

- Tu savais ? Je siffle.

- Non, il dit fermement. Mais nous avons une meilleure ouïe que les humains, si j'ai tout entendu en arrivant dans le couloir, alors je ne suis pas le seul.

Mes crocs se serrent. Je détourne la tête, le ventre brûlant. Je ne suis pas en l'état de recevoir des conseils ou de me plier aux ordres. Je suis dans l'état où les bulles commencent à agiter le couvercle. Un pas de travers et l'eau déborde !

Le Lion a la bonne idée de ne pas insister et me conduit dans les couloirs du bunker jusqu'à une porte gardée par un Yack et un Lion armés. Ils nous fouillent et me confisquent mes dagues et un couteau, puis nous ouvrent les portes.

Vingt-cinq écrans nous encerclent dès qu'on met un pas à l'intérieur et plusieurs d'entre eux s'éteignent, comme s'ils étaient en vidéo juste avant. Les portes se ferment et un fauteuil se retourne face à nous. Akan, une attelle à la cheville et un corset médical autour du torse, se lève néanmoins du fauteuil pour nous saluer. Ses yeux se posent brièvement sur ma jambe, puis son regard se relève sur nous.

- Comme tout le monde le sait maintenant, les hélicoptères qui nous ont permis de nous en sortir vivants appartenaient à la CIA. (Il fait une pause et ses yeux se fixent dans les miens.). Neal a réussi à démontrer qu'une coopération entre les services secrets et les Alfars est possible. Dans cette salle, d'ici exactement dix-huit minutes, les écrans s'allumeront et toutes les Voix apparaîtront devant nous pour débattre officiellement d'une alliance avec eux.

Un choc euphorique percute ma poitrine. Je relève la tête.

- Les Voix prennent enfin au sérieux un futur avec les services secrets ?

Le deuxième fauteuil se retourne et le Hamu Yack nous fait face. Une balafre rouge sombre toute récente trace un chemin lugubre jusque sous son œil. Il se racle la gorge.

- Leur intervention était une démonstration de force destinée à montrer la puissance de la protection qu'ils pourraient nous apporter. Jusqu'ici, il n'y avait aucune preuve que ne serait-ce qu'un service secret considère une relation différente que celle de prédateur et proie avec nous. C'est un message direct pour nous dire qu'ils envisagent des négociations, les Voix ne peuvent pas l'ignorer.

Je fronce les sourcils.

- Il n'a jamais été question de négociations. Nous avons prop...

- Il a toujours été question de négociation, me coupe Akan en s'asseyant en arrière dans son fauteuil. En politique, rien ne se donne, tout s'échange. Il reste à savoir la valeur de leur demande en échange de leur protection. Ne crois pas qu'ils considèrent notre proposition sans voir quelque chose de précieux qui les intéresse derrière.

- Des informations, précise Nathan, adossé contre la porte.

Je le remercie intérieurement de clarifier les choses sans que j'ai à passer pour une novice. Mes paupières s'abaissent à moitié closes et je croise les bras.

Les serres du Corbeau - Double-âme [3]Where stories live. Discover now