5. Mes deux blondes (1/3)

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– Laetitia Halliday ! Oui, tu lui enlèves dix ans et ça te donne Chloé. Physiquement, pas l'attitude.

– Ok, je vois.

J'étais avec Laura et sa femme Anne, mes deux meilleures amies. Je connaissais Laura depuis la troisième et nous ne nous étions jamais perdues de vue. Alors le Dimitri, elle voyait très bien qui c'était. Et elle m'avait déjà entendu m'épancher. Ce fut d'ailleurs la seule au courant de mon attirance pour lui.

– Dimitri Grévois... Je n'y avais jamais repensé.

Eh bien moi si ! Et de multiples souvenirs me revenaient clairement depuis que je l'avais revu. Après plusieurs cocktails, je ronchonnai sur la situation.

– Oh et puis évidemment, il ne pouvait pas devenir moche comme tout le monde. Tu te rappelles de Julien Malley ?

– Oui, « mister beau gosse » du collège, expliqua Laura à Anne.

– Je l'ai recroisé dans les rayons du Leclerc, dégarni et avec un ventre à bière à faire rougir les femmes en fin de grossesse. Il avait tout perdu du playboy et tant mieux car il se moquait des autres tout le temps. Mais là, Dimitri est juste parfait ! Tu m'entends parler ? La midinette !

– Attends je vais checker sa photo sur Facebook.

– Il n'est pas sur les réseaux sociaux... Ou alors sous un autre nom.

– Tu l'avais déjà cherché, c'est ça ?! comprit Laura.

– Oui.

– Mais tu ne me l'avais pas dit, cachottière !!! dit-elle en expédiant le sachet de Doritos dans un saladier pour mieux revenir s'asseoir à mes côtés.

– Si tu veux tout savoir, j'ai repensé à lui plusieurs fois et j'aurais aimé reprendre contact pour voir ce qu'il était devenu. J'ai même pensé qu'il était peut-être mort ne le trouvant sur aucun réseau social, même pendant ses années lycée. Et nous y voilà, quelle ironie !

– Allez, je vais ouvrir une bouteille de champagne et chercher la bouffe.

– Ramène le guacamole pour les Doritos aussi ! ordonna Anne la bouche pleine.

D'une démarche gracieuse, héritée de plusieurs années de danse classique, Laura se leva pour rejoindre la cuisine. Ma meilleure amie avait du style. Surtout depuis qu'elle avait adopté une coupe courte. C'était à l'occasion de son mariage avec Anne, pendant lequel j'étais témoin. A l'image d'Audrey Hepburn dans Vacances romaines, c'était une révélation. Le contraste était saisissant, la blondeur de sa chevelure rehaussée par un rouge à lèvres sombre illuminait son visage. La bouche de Laura était toujours dessinée d'une nouvelle couleur et elle portait une paire de longues boucles d'oreille chaque fois que je la voyais.

Depuis trois ans, la jeune conseillère principale d'éducation formait avec Anne un couple si fusionnel que je ne pouvais plus les imaginer l'une sans l'autre. Anne avait la même couleur de cheveux que sa femme, d'où le surnom affectueux que je leur donnai : mes deux blondes. Mais leur ressemblance s'arrêtait là car Anne était différente. Elle était architecte, toujours en tailleur et bien maquillée, chignon serré et ongles vernis pendant que Laura portait des robes légères et colorées en toute saison.

– Bon, donc retrouvailles à mille lieues de ce que t'aurais espéré, déclara mon amie en revenant avec la bouteille et la pizza.

– Mais trop... J'étais piégée dans mon déguisement, avec deux auréoles qui auraient pu rivaliser avec les anneaux de Saturne ! me lamentai-je. La honte !

– Oui, et bien en parlant de honte, j'en ai une bonne.

– Oh oui Anne, raconte-lui ! piailla Laura surexcitée.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant