Chapitre bonus #2

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Le cours d'histoire de Monsieur Villon est, comme d'habitude, d'un ennui abyssal. Nous ne sommes pas dans la période que je préfère (la Révolution française), mais surtout son ton monotone et ses digressions inintéressantes font ressembler toute la classe à un troupeau de zombies neurasthéniques (je ne sais pas si c'est le bon mot mais pour l'avoir entendu de la bouche de la prof de SVT, je me dis que ça sonne bien).

Bref, pendant ces cours, autant dire que j'ai le temps de penser. Je me pose trois questions :

Un : pourquoi les bouchers vendent encore des tripes alors que personne ne semble les aimer ? C'est vrai, même les bons mangeurs répondent : « Ah, j'aime tout, sauf les tripes ! ».

Deux : Comment feront les rédacteurs des livres d'histoire-géo dans 500 ans pour condenser les faits historiques ? La Préhistoire, l'Antiquité, le Moyen-Âge, la Renaissance, etc... jusqu'aux années 2000 prennent déjà une place folle. Je trouve mon manuel déjà bien gros.

Trois : pourquoi faire durer un déodorant plus de soixante-douze heures ? Les laborantins et publicistes ne savent pas qu'en France nous connaissons cette superbe invention qu'est la douche ?

Des questions existentielles sans aucun rapport entre elles... Seul des heures de cours soporifiques peuvent amener des réflexions aussi spéciales. Elles ont au moins la capacité de m'occuper l'esprit et de faire passer les minutes un peu plus vite. Je ne prête pas attention à Tiphaine qui dessine dans la marge de son cahier avec ses stylos senteurs qu'elle sniffe de temps en temps.

Je joue finalement à faire tourner mon crayon sur mon pouce. Bien entendu, je l'envoie direct au sol.

Et il roule jusqu'à la table d'Amanda, sous ses pieds. Le prof n'a rien vu et continue son monologue.

Nous nous regardons un instant. Elle se dépêche de le ramasser et le fait passer à son voisin qui le passe à son voisin, qui me le rend enfin. Amanda a déjà tourné son regard vers le tableau et elle ne voit pas que je veux simplement lui dire merci.

Je reprends le cours de mes pensées, tant pis pour elle.

Son indifférence m'agace.

Il faudrait que j'aille lui parler. Mais Laura est tout le temps collée à ses baskets. A croire qu'elle est amoureuse d'elle...

***

Les 16 chapitres bonus du point de vue de Dimitri sont disponibles en version numérique sur Amazon, en plus du scénario (non officiel) que j'ai écrit (lien sur mon profil dans ma bio)

La cerise sur la pièce montée (édité)Where stories live. Discover now