22. Des souvenirs de Londres (4/4)

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Sur le chemin du retour, j'étais triste. Mais cet état était général, tout s'était si bien passé que personne ne voulait rentrer. J'avais promis à Miss Brown de lui écrire. Nous étions reparties avec des boîtes de biscuits anglais et mille souvenirs heureux.

Elèves et professeurs regardaient la côte anglaise s'éloigner sous le soleil matinal. Nous fûmes nombreux à tourner la molette de notre Kodak jetable pour immortaliser le paysage et aussi nos camarades. Le prof d'anglais demanda à faire une photo de groupe. Puis chacun se sépara pour vaquer à ses occupations. Certains chahutaient. Un groupe de gars s'amusaient à embêter les filles. Yohann et Dimitri faisaient partie du lot. Paul, David et Stéphane vinrent vers Laura et moi. Ils voulaient piquer mon appareil photo. J'entendis clairement Dimitri leur dire en riant :

– Oh, allez les gars, laissez-les, faites pas les lourds.

Et docilement ils s'en allèrent vers d'autres filles qui piaillèrent de plaisir à se faire attraper.

Tiphaine, qui ne nous ignorait plus, nous invita à manger avec ses copines au fast-food du ferry. Je restai mutique pendant le repas, ne pensant qu'à Dimitri qui n'avait pas voulu que les autres gars nous approchent...

Ce dernier souvenir acheva ce voyage à Londres.


Je passai une semaine parfaite. J'avais repris du poil de la bête. Mon aplomb retrouvé, tout me semblait plus clair. Je pouvais bien chérir mes souvenirs d'enfance, mais je ne devais pas y rester enfermée. J'avais parcouru du chemin depuis, accompli bien des choses. Et même si mes histoires avec mes ex s'étaient vite terminées, j'en avais retiré de bonnes choses et j'étais pleine d'espoir pour le futur.

Après le mariage de Dimitri et Chloé, je me convainquis que ça irait mieux, et que je prendrais du temps pour moi tout l'été.

J'hésitais à recontacter Anthony, l'homme que j'avais suivi chez lui après l'anniversaire d'Anne. Il m'avait quand même laissé son numéro. Mais avant cela, j'irai rejoindre mes parents pour quelques jours. Les appeler n'était pas suffisant, il me fallait les voir.

Dans un mois, le mariage serait célébré. C'était la dernière ligne droite, le moment le plus rapide, le plus stressant aussi pour les futurs mariés et pour moi-même, habituellement. Pour ma part, j'avais hâte d'en finir.

Bien entendu, c'était toujours au moment des bonnes résolutions et du renouveau que le diable faisait son apparition. Ça ne manqua pas cette fois-là non plus. Mon téléphone sonna, c'était Dimitri.

– Allô ?

– Allô.

– Oui ?

– C'est Dimitri.

– Oui, bonjour.

Il n'était pas dans son état normal.

– J'ai besoin de vous voir.

– Maintenant ?

– Oui.

– Pourquoi ? Vous êtes où ?

– Venez s'il vous plaît. C'est important. Prenez votre voiture.

– Vous êtes où ?

– Je vous envoie l'adresse par sms.

Je n'étais pas à son service. Dimitri et Chloé se croyaient tout permis. Je n'aimais pas sa façon de parler.

– Excusez-moi, Dimitri, mais je suis prise cet après-midi.

– S'il vous plaît... C'est important, je n'ai personne d'autre à qui demander.

Dans quels draps s'étaient-ils fourrés ? Etait-ce en lien avec la bagarre le soir de son enterrement de vie de garçon ?

– Je ne serai pas là avant une bonne heure.

– Ça me va.

Heureusement que j'avais le matériel de maquillage dans mon appartement. Je me maquillais rapidement, gardai mes vêtements et pris le sac au cas où il me faudrait faire des retouches. Je le balançai dans le coffre et démarrai la voiture. Il fallut m'y prendre à plusieurs reprises, je ne l'avais que très peu conduite ces derniers temps.

Je retrouvais Dimitri à l'angle d'une rue proche de la Banque de France. Mon intuition se confirma : il avait bu.

– Qu'est-ce qu'il y a ?

– Merci, Amanda. J'ai besoin de vos services.

Son élocution était incertaine et il avait ce regard triste que j'avais remarqué plusieurs fois.

– Que voulez-vous ?

– Pouvez-vous m'emmener quelque part ?

– Où ça ?

– C'est un peu loin, je suis désolé, je ne vais pas très bien, je n'ai pas le permis, mais j'ai besoin de prendre l'air.

Sa tristesse semblait immense. L'urgence presque vitale. Il m'expliqua son désespoir. Il ne pouvait le partager avec Chloé, ou Yohann. J'étais sa seule alternative. Je n'avais rien de prévu, j'avais prétexté un rendez-vous pour l'éviter. L'abandonner ici, je ne le pouvais pas.

– Ok, suivez-moi.

Je l'emmenai jusqu'à ma voiture. Il s'installa côté passager, reconnaissant. La simple pensée de son escapade lui rendait déjà un meilleur teint. Je lui proposai une bouteille d'eau, attachai ma ceinture et mis le contact.

– On va où ?

– Manèves, vous connaissez ?


Notes à moi-même :

1. Contacter Miss Brown sur Facebook.

2. Contacter Anthony ?

3. Trouver le moyen de me sortir des situations impossibles ! La poisse !

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant