26. Cérémonie (2/4)

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– Redites-moi que tout est sous contrôle.

– Tout est sous contrôle, répétai-je à Chloé.

Elle se mirait dans le miroir. Elle était parfaite, affreusement belle. Sa robe de haute-couture était au-delà du splendide. Son ton hâlé et ses cheveux blonds retombant en longues boucles blondes adoucissaient ses traits. Ils étaient plus beaux que dans les publicités pour shampoings Loréal. Un serre-tête en diamant dégageait les mèches de son visage et finalement, elle ne porterait pas de voile.

La maquilleuse procédait aux dernières retouches, un effet « nude », des nuances proches de sa carnation mais tout de même rehaussées pour mettre en valeur ses joues et lèvres de poupée.

J'étais bien habillée, un tailleur gris, des chaussures plates noires, du rouge aux lèvres, un chignon serré, mais toujours mon faux nez. Je faisais pâle figure à côté d'elle, mais d'un autre côté, c'était plutôt normal.

– Et si la bretelle ne tient pas ?

– J'ai ma trousse de couture en dernier secours. Mais c'est de la haute couture, elle tiendra.

Et il le faut car je n'ai pas les compétences pour retoucher ce genre de chef-d'œuvre !

Chloé allait changer de tenue pour le repas de noces, alors pour seulement quelques heures, elle devrait pouvoir prendre soin de sa robe.

– Combien de temps reste-t-il ?

– Assez de temps, vous partez dans trente minutes pour la mairie.

– Dimitri est prêt ?

– Oui, je crois.

– Il faudra vérifier. Au domaine, rien à signaler ?

– J'en reviens, tout est prêt. Vos invités sont tous arrivés ce matin. Il fait un temps magnifique, tout va bien.

– D'accord...

Mais Chloé fit quelques pas, relevant sa traîne. Son stress était communicatif. Je lui demandai de s'asseoir face à moi.

– Inspire fort. Tiens cinq secondes. Expire lentement, compte cinq secondes. Encore, voilà... Encore... Bon, ça va mieux ?

– Oui. Oh, Amanda, comment aurions-nous fait sans toi ?

– Vous auriez trouvé un autre organisateur de mariage, il n'en manque pas sur Paris.

– Aucun ne se serait autant investi que toi.

Si tu savais...

– C'est gentil.

– Et je ne saurais assez te remercier pour avoir joué le jeu. Ce maquillage depuis des mois, cette histoire avec Dimitri. Enfin, tu comprendras qu'après ce jour, il nous sera difficile de nous revoir.

Par ta faute ! Puis de toute façon, je comptais bien vous rayer de ma vie !

Je fus tout de même piquée par cette déclaration. Cela tombait sous le sens, mais l'énoncer à ce moment-là, j'appréciai moyen.

– Oui. Bien, avez-vous des dernières recommandations ? éludai-je.

– Que les invités se sentent bien, qu'ils n'aient rien à redire. Que vous et votre équipe soit discrète mais présente pour tous, mais je ne m'inquiète pas pour ça.

– Bien.

Chloé se retourna et dit à son reflet :

– Adieu mademoiselle Desneiges, je me coucherai ce soir avec mon nouveau nom. Le sien.

Je quittai la pièce, pour rejoindre la mairie avant les fiancés quand elle me demanda :

– Peux-tu jeter un œil à Dimitri juste avant de partir ? Voir s'il n'est pas trop stressé ? Fais-lui faire l'exercice de la respiration.

– D'accord.

Je me dépêchai de rejoindre la chambre où il se préparait. Yohann me salua de loin, dans le couloir. Je frappai.

– Entrez.

Je franchis le seuil de la porte en refermant derrière moi.

– Amanda, vous tombez bien. Votre avis ?

Il se retourna pour me faire face, en écartant élégamment les bras. Son sourire insolent percuta mon cœur.

– Alors, verdict ?

– Vous êtes très élégant. Et vous avez bien arrangé votre nœud.

Je ne pus m'empêcher de regarder vers le lit, déjà fait au carré. Et si j'osais, et si je m'approchais pour l'embrasser ?

N'y pense même pas, Amanda !

Ma pensée folle repartit aussi vite. Je me rappelai Laura, Anne et Marion, des amies réelles qui m'aideraient aujourd'hui, des amies qui m'aimaient pour mon vrai visage.

– Bien, je vérifiai que vous étiez prêt, je m'en vais rejoindre le maire.

– Tout va bien, Amanda ?

Que répondre ?

– Oui, je ne veux pas me mettre en retard.

– J'oubliai que vous travailliez, aujourd'hui.

– Eh oui, à tout à l'heure.

Sur ces mots, je m'enfuis rejoindre la voiture qui me mena jusqu'à la mairie.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant