27. Le mot de trop (2/3)

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– Monsieur Grévois, félicitations, clamai-je avec un sourire professionnel devant Yohann et deux autres cousins.

Je m'approchai et Dimitri posa sa main derrière mon dos. Un frisson parcourut mon échine. Je me dégageai, l'air de rien.

– Les gars, voici Amanda, la meilleure organisatrice de mariage que vous pourrez trouver sur Paris. Yohann pourra vous le confirmer, il l'a vue à l'œuvre.

– Vous me flattez, répondis-je faisant mine de rougir.

Yohann buvait sa coupe en me fixant.

Merde, dans deux verres il ne va plus me lâcher celui-là. Comment lui dire ? Pas INTERESSEE !

– L'endroit est dingue ! ajouta l'un des cousins. Ton mariage à de la gueule, et la mariée...

– Oui...

Je regardai l'annulaire de Dimitri. Sa grande main portait maintenant le symbole de l'appartenance à quelqu'un d'autre. Un anneau d'or simple, large.

– Bien, je dois continuer mon tour, m'excusai-je.

– Ne vous éloignez pas trop, Amanda, rappelez-vous, je vous ai promis de trinquer, fanfaronna Yohann.

– Filez avant qu'il ne vous mette le grappin dessus, se moqua Dimitri.

Je souris sans rien dire et m'en allai. Je jetai un regard discret vers lui, il s'était retourné pour parler d'une anecdote. Je manquai de trébucher à ne pas regarder mes pieds.

– Tu vas te rendre aveugle à le mater comme ça.

C'était Marion qui m'arrachait à ma rêverie indécente.

– Hein ?

– Oui, c'est ça, fais genre. Tu réfléchiras plus tard à « comment devenir la maîtresse de Mister Beau Gosse en dix leçons, et sans faux nez ». Pour le moment, retouche maquillage oblige, on croirait que tu t'es étalée dans du beurre.

Je suivis Marion dans l'arrière salle, n'oubliant pas de vérifier que tout se passait bien du côté du buffet, et de prendre une bouchée au passage.

– Tiens, n'oublie pas de boire, déclara Marion en me tendant une bouteille d'Evian.

– Merci. Ça se passe toujours bien ton stage chez les stars de cinéma ?

– De la bombe. Ils me kiffent, répondit-elle d'un air flegmatique.

– Ça ne m'étonne pas. A l'occasion, même si ça n'est pas ta spécialité, je pourrais toujours te recommander pour les prochaines mariées dont je m'occuperai, et même chez Elite Model.

– T'es gentille, Amanda. Arrête de parler, j'en termine avec ta face.

Je lui tirai la langue.

Nous revînmes ensuite vers les vestiaires où Anne terminait de bien ranger dans les housses les rares vestes que les convives avaient laissées. C'était plutôt les sacs qui l'avaient occupée.

– Tout va bien, ma petite Anne ?

– J'ai terminé avec la sacoche à mémé. Voilà. Bon, ça m'a l'air bien prout-prout ce mariage, si tu veux mon avis.

Puis ce fut Laura qui vint vers nous.

– Alors, tu délaisses ton service ? lui demanda sa femme.

– J'y retourne, c'est qu'ils boivent ces gens-là. Où sont les plateaux ?

Je le lui indiquai et elle se dirigea vers l'autre table qui nous faisait face. Mais Laura se rapprocha finalement du guichet.

– Un bisou avant.

Elle se pencha pour un baiser rapide sur les lèvres d'Anne, puis se tourna vers moi.

– Bon, alors, Amanda ?

– Alors, rien. J'y retourne, aussi.

Heureusement que nous n'avions rien dit de plus, car Chloé venait d'entrer, en compagnie de Gwen. Elle déclara :

– Amanda, je ne vous paye pas à rien faire.

Les bras m'en tombaient. Laura s'en alla prendre un plateau, mais en voyant son visage, je voyais qu'elle se retenait de ne pas prendre ma défense. Car la question, autre que « mais à quoi elle joue ? » était surtout « d'où je ne faisais rien ? ».

– Bien sûr, je parlai juste à mes équipes.

– Ici, ce ne sont pas vos amies mais mes employées !

Gwen semblait s'amuser à côté d'elle de ce pouvoir ridicule, puéril et injustifié.

Marion tourna trois fois sa langue dans sa bouche, elle préféra retourner dans l'arrière-salle.

– Vérifiez bien le programme, aucun retard ne sera toléré.

– Ma chérie ! appela Dimitri, on te cherchait.

Je fus presque certaine que Marion marmonnait un : « mais c'est la grande réunion ! ».

Il s'approcha d'elle, et Chloé changea de visage.

– Je n'étais pas loin, tu t'ennuyais déjà de moi ? demanda-t-elle en minaudant.

Je passai devant elle et sortis. Mais que faisait-elle ? Pourquoi cette ingratitude, ce comportement de vieille morue ?! Les insultes fusaient dans ma tête.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant