5. Mes deux blondes (2/3)

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Je distribuai les parts de pizza, attendant qu'elle commence son anecdote.

– Mercredi j'étais en terrasse chez Pirouette. J'entends vaguement du brouhaha derrière moi mais je n'y prête pas attention car je cherchais ma monnaie après que le serveur m'ait ramené l'addition. Bref, je règle et je me lève pour repartir. Là je vois que plusieurs clients sont regroupés autour d'une femme et je comprends qu'ils la félicitent. J'entends même un « oh oui ça marche bien pour vous ». Crois-le ou non, elle était dos à moi mais j'étais persuadée que c'était toi : la silhouette, la coiffure. C'est bête quand j'y repense, mais j'étais réellement convaincue qu'ils te félicitaient pour ton entreprise, comme en plus l'article de Mariages venait de paraître...

– Il est déjà paru?! coupai-je. Ça devait être la semaine prochaine !

J'avais été contactée par ce magazine national pour une interview et même si je n'avais pas besoin de nouveaux clients, c'était une reconnaissance appréciable de mon travail.

– La journaliste ne m'a pas prévenue ! C'est con quand même.

Je m'excusai et jetai un œil à mon Yahoo.

– Merde, si. Elle m'a bien envoyé un mail dimanche de la semaine précédente. A cause de tous les spams j'ai rien vu ! Bref excuse-moi de t'avoir coupé.

– Merci. Alors à fond dans ma certitude et voulant te surprendre...

– Et frimer un peu, ajouta Laura avec un clin d'œil.

– Bah oui ! Donc croyant te surprendre, je m'approche et fanfaronne : « Bravo Wedding Wedding ! ».

J'imaginai très bien Anne dans cette situation, elle aussi sociable et solaire que Laura.

– Non t'as pas fait ça !

Je gloussai déjà.

– Si, si ! Bras en l'air, fière comme un mec qui aurait trouvé comment utiliser un fer à repasser. J'étais prête pour une accolade. La nana se retourne, les badauds aussi et là incompréhension totale et regards de merlan frit, je me rends compte que ce n'est pas du tout toi !

Anne venait de cacher ses yeux de sa main, revivant la scène.

– Ha ha ha !

– Bon, donc je redescends de dix étages et bredouille un truc inaudible et quitte la terrasse comme si j'avais les fesses en feu. Fin de l'histoire !

Je regardai Laura en essayant de me contrôler mais c'était pire. Exactement comme lorsque nous étions en cours et que le fou rire partait au moment où nos regards se croisaient parce que l'on venait de voir que monsieur Dubois venait de lancer un postillon digne d'un vaisseau amiral, ou que la langue de madame Sautrec avait fourché pendant le cours de Maths. (Une des meilleures ? Un « je vous laisse » devenu « je vous lèche »... La classe ne s'en est jamais remise. Laura et moi avons pleuré de rire à nous en étouffer.)

– T'en as d'autres des comme ça ? Excellent Anne. Je me sens moins conne, merci.

– C'est cadeau !

– Attends ! Tu n'inventes pas cette histoire pour me faire aller mieux, hein ? Et toi Laura, t'es dans le coup? Vous en seriez bien capables ...

– Du tout, du tout. La nana tu la connais peut être. C'est la nouvelle « miss boutique » de France 2. Elle est devenue productrice du télé-achat, d'où ses groupies.

– Tiens, regarde !

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant