9. Coquin de Valentin (3/4)

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Marion enfilait un T-Shirt que je lui avais prêté puisqu'elle n'avait pas prévu de pyjama. Elle m'observa puis me dit :

– Même sans aucun maquillage t'es superbe... C'est dégueulasse. Ce n'est pas censé être l'inverse, je suis plus jeune !

– Tu dis ça parce que tu compares l'avant, l'après.

– N'importe quoi. Puis tu sais, même avec ce faux nez, tu n'es pas moche si tu veux mon avis.

Moi, ça me déstabilisait toujours de voir mon reflet dans la glace. Marion affirma ensuite quelque chose à quoi je ne m'étais pas attendue :

– Tu le kiffes en fait.

J'en faisais tomber mon portable sur mon orteil. Monsieur Gros Pouce n'a clairement pas apprécié et je pestai.

– Quoi ? C'est si évident ? Oh merde...

– Panique pas, c'est juste un regard dans la suite nuptiale que j'ai remarqué. J'étais pas vraiment sûre, je bluffais mais maintenant je suis fixée.

– Tu dois te demander ce que tu fous dans un bordel pareil !

– Non, j'ai vu pire.

Marion était tellement... zen. Elle me désarçonnait, aucune situation ne semblait vraiment l'affectée.

– Je n'ai jamais été aussi stressée qu'avec eux.

– Tu m'étonnes... mais c'est vrai que t'es tendue, Amanda. Les symptômes de l'amour, c'est à gerber. Tiens, prends ça.

Elle attrapa une boîte en métal dans son sac et en sortit une cigarette roulée.

– C'est ce que je pense ?

– Non, c'est de la marijuana au chocolat.

Puis elle me tendit un briquet.

– Fumer à l'intérieur ?

Son regard moqueur me donna l'élan pour l'allumer. Moi qui n'avais jamais fumé, je ne m'attendais pas à ce que ça me fasse autant d'effet.

Marion reprit le joint après mes quatre lattes. J'étais déjà euphorique et lui expliquai dans les grandes lignes toute l'affaire. Elle s'en amusait.

– Tout s'explique en fait. Ça confirme que Chloé a un grain, mais bon... C'est trop spécial. Comment tu vas faire ? Tu vas tenir jusqu'au mariage ?

– Si je ne nous enferme pas à nouveau ensemble, ça devrait le faire.

– Joyeuse réunion !

Je lui redemandai une bouffée et le joint circula d'elle à moi. A mesure que la fin du mégot se consumait, je riais pour rien et ma voix montait dans les aigus.

– J'ai trop faim.

– C'est normal.

– Et j'ai envie de pisser, hi, hi !

Je courus comme un canard boiteux jusqu'aux toilettes. Puis sans plus attendre, la chasse à peine tirée, je déclamai en ouvrant la porte :

– Je vais me chercher un morceau !

Je courais dans les escaliers en riant, n'écoutant pas Marion :

– Non, attends, reviens, tu n'as pas ton faux nez !

Mais j'étais déjà partie vadrouiller jusqu'à la cuisine, pieds nus, en petite culotte et cheveux au vent. La drogue courait entre mes neurones, la simple vue du grille-pain me fit ricaner. Marion me poursuivait.

– Amanda, moins de bruit, allez dépêche-toi, chuchota-t-elle en jetant un œil au loin vers l'étage.

J'ouvrai le frigo.

– Salut les copains, dis-je aux fromages. Dis, Marion, tu ne trouves pas le mot « Gouda » hilarant.

– Non, pas vraiment. Allez, on remonte.

– Gouda, gouda, gouda, gouda ! Ha, ha, ha !

Je pleurais de rire en enfournant une tranche dans ma bouche pâteuse. Un bruit alerta Marion qui se rua sur l'interrupteur pour éteindre la lumière. Seul le frigo éclairait la cuisine. L'heure était grave, Dimitri descendait les marches !

La cerise sur la pièce montée (édité)Where stories live. Discover now