17. Complications (3/3)

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Premier objectif : le garage. Je commençai à courir.

Fichus talons-aiguilles !

L'arrosage automatique ne se déclencha pas comme dans les films, mais il venait de terminer et mes talons-aiguilles s'enfonçaient dans le sol. Je les fourrai plein de terre dans mon sac et couru pieds nus sur l'herbe mouillée.

Putain je vais me casser la gueule !

Je contournai une partie du garage et me cachai derrière le mur. Le chauffeur n'était pas là.

Putain c'est une histoire de dingue !

Je pensai me trouver au summum du ridicule, mais bien sûr ce n'était pas encore le cas.

Dimitri et Chloé parlaient dans la cuisine. Il ne regardait pas dans ma direction, c'était le moment de poursuivre mon échappée abracadabrante. 

J'accélérai mon pas et pris la pente douce qui menait jusqu'au portail. Mes cuisses brûlaient à force de lutter pour garder l'équilibre sur le terrain glissant. Je transpirai, et j'étais essoufflée comme après un 100 mètres haies.

Je me réfugiai vers l'unique arbre du jardin. Pour reprendre ma respiration et vérifier : Dimitri se servait un verre. S'il levait les yeux et que je quittai ma cachette maintenant, il me verrait.

Putain mais t'as pas juste envie d'aller aux chiottes comme tout le monde !

Chloé se leva pour l'embrasser. Je serrai les dents. Puis constatant qu'elle me permettait d'avoir le champ libre, je me précipitai le plus vite possible vers la haie.

Je sentis l'équilibre me quitter. Mes pieds s'enfoncèrent dans un bruit spongieux dans la boue. Je glissai sur la terre puis basculai tête la première dans les branches et enfin m'étalai de tout mon long.

Je me relevai tant bien que mal, griffée, les cheveux accrochés dedans et surtout la face pleine de boue. Je cuisais de honte. Le sol portait la marque de mon postérieur. Je n'aurais plus qu'à revenir avec une pierre et graver :

Ci-gît la fierté d'Amanda Laracello, 2 avril 2018

Un regard vers la maison m'informa que Chloé était désormais seule dans le salon. Avait-elle vu mon numéro de cascadeuse ? Souriait-elle ou était-ce un tour de mon esprit ? Je n'aurais su le dire, mes yeux commençaient à me piquer.

Rassemblant les miettes d'amour-propre qu'il me restait, je mis mon sac sous mon bras et marchai vers le portail. Le chauffeur se tenait plus loin, de dos, occupé à vérifier ses pneus sur une autre voiture.

– Excusez-moi, pourriez-vous appeler un taxi, s'il vous plaît ?

Il répondit avant même de se retourner :

– Je vais vous ramener, madame Laracello, dit-il.

Mais lorsqu'il se releva et me fit face, il me regarda quelques secondes, étonné. J'essayai de sourire et de faire comme si de rien.

– Je... J'ai une serviette qui traîne. Tout va bien ?

– Ne dites rien, pas un mot de tout ceci à vos employés.

– Entendu.

Le bougre se retenait de rire.





Notes à moi-même :

1. Chloé. Chloé. Chloé. Cible enregistrée.

2. Refaire des exercices de souplesse.

3. Plus JAMAIS.

4. Partir quelques jours loin d'ici ?

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant