29. Jalouse (1/3)

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Non, c'était impossible. Impossible. Je le voyais aussi dans le regard de Laura, elle n'arrivait pas y croire non plus, elle cherchait l'erreur.

A cet instant, ce fut un raz-de-marée émotionnel et pourtant le pire était à venir. Les invités semblaient comprendre que Chloé voulait révéler l'infidélité de Dimitri, grâce à des photographies dont on pouvait pourtant faire toutes les interprétations.

Mais pour ma part, je devais faire la lumière sur cette femme que l'on voyait à peine. Car j'avais bien compris que Chloé pensait que c'était moi, ce qui expliquait son regard plein de colère, peut-être même très certainement toute son attitude.

J'arrachai le cliché des mains de madame Grévois. Elle se demanda sûrement pourquoi la cantatrice masquée agissait ainsi, mais je m'en foutais ! En moins d'une seconde, Chloé avait lancé une bombe au beau milieu de son propre mariage. Comment la désamorcer maintenant ? Je n'étais pas démineuse !

Je fus d'abord rassurée. Sur la photo, ce n'était pas moi. Je n'eus pas le temps de le confirmer à Laura car Dimitri commença à rire.

Sa femme hurla :

– Ne ris pas !!! Comment oses-tu ?!

– Mais qu'est-ce que tu as fait, Chloé ? répondit-il, écœuré.

– Ce que j'ai fait ? Ce que j'ai fait ?! Il me semble que c'est évident !

Il se leva brusquement, sa chaise se renversa.

N'étions-nous pas en train d'assister à leur mariage heureux quelques minutes plus tôt ? A ce moment-là, d'autres comme moi prirent l'ampleur de la perversité de Chloé. La suite de l'échange confirma ses intentions :

– Où tu vas comme ça ?! Reviens ici ! L'humiliation ne fait que commencer !

Mais il ne l'écoutait pas et se dirigeait vers le parc. Dimitri n'avait pas de but précis, si ce n'était celui de s'éloigner de la scène où elle se donnait en spectacle.

– L'humiliation ne fait que commencer ! répéta-t-elle en marchant sur ses traces.

Le père de Chloé retint sa femme de les suivre. Marion et Anne venaient de nous rejoindre. J'étais en train de respirer fort, comme si l'air était devenu irrespirable.

– Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce que je fais ?!

– Vas-y ! me dit Laura, on s'occupe des invités.

Je m'élançai rejoindre les mariés sans entendre ce qui se passait derrière moi. J'entendis juste l'orchestre se remettre à jouer.

Ma robe volumineuse traînait sur l'herbe que les époux venaient de fouler. Je me sentais lourde et mes mouvements étaient limités, comme dans un cauchemar où l'on veut s'enfuir et où nos jambes ne répondent pas aux ordres de notre cerveau. Sauf que loin de prendre la fuite, je courais droit sûr le monstre.

Ils étaient sous le saule pleureur inondé de lumières miroitantes au-dessus de l'eau mais il n'y avait rien de féerique dans ce tableau.

Dimitri était rouge de colère, il serrait les poings.

Je ralentis et restai en retrait pour les laisser s'expliquer, et aussi parce que j'étais anxieuse. L'issue ne pouvait qu'être mauvaise.

Mais, de toute façon, mon costume tape-à-l'œil finirait bien par me trahir malgré l'obscurité. Et je devrais bien m'expliquer à un moment.

Dimitri passa sa main dans sa nuque, puis lui fit un constat peu glorieux :

– Ta jalousie a encore tout gâché ! Toutes ces fois où je t'ai redonné une chance...

Chloé était plus calme. Elle avait retrouvé possession de tous ses moyens, elle savait ce qu'elle faisait. Ça n'était pas pour me rassurer. Dimitri non plus.

– Non mais je rêve... Tu fais le malin, alors que toutes les preuves sont là ?

– Mais quelles preuves ?! C'est...

– Mais j'ai tout découvert ! coupa-t-elle. Tout ! Je t'ai fait suivre pour avoir ces photos ! Depuis que j'ai vu que tu l'avais cherchée dans ton historique Facebook !!!

Quoi ?

– N'importe quoi ?! Arrête ! Qu'est-ce que tu vois là-dessus ! dit-il en jetant les photos au sol. C'est une cliente !

Elle rit.

– A la sortie d'un hôtel ?! Ce genre de cliente, je vois ce que c'est !

Je ne pouvais qu'écouter, j'étais dans le flou.

Etait-il vraiment sincère ? Ne l'avait-il vraiment pas trompé comme il l'affirmait ? Mais qui était donc cette femme sur la photo ?

– Tu as vu ce que tu voulais voir, comme les autres fois ! tonna-t-il.

Chloé s'était confiée à moi, la première fois que nous étions venus au Domaine des Anges. Elle avait bien dit que sa jalousie avait déjà failli détruire son couple, pourtant elle s'enlisait dans ses certitudes venimeuses.

– Prends-moi pour une conne ! Et votre escapade à Manèves, alors ! Tu crois que je ne suis pas au courant ?!

Il me manque une donnée. A Manèves, c'était moi, là je peux le confirmer...

Il frappa dans ses mains, elles semblaient pouvoir briser l'écorce du saule.

– Tu m'as fait suivre jusque là-bas ?

– Mais je n'avais pas le choix ! Menteur ! Je te hais !

– A cause de ton comportement, tu comprendras pourquoi j'ai des secrets pour toi, mais pas ceux que tu crois.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant