18. Le bal d'hiver (2/4)

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Pour la première fois, élèves et professeurs partagèrent un moment ensemble, léger et festif. Les barrières semblaient tomber. Laura et moi nous déchaînions comme les autres, les coiffures des filles étaient beaucoup plus désordonnées, les chemises des garçons déboutonnées. Finis les masques distingués, nous étions redevenus des enfants, riants et tournoyants.

Certains élèves que nous ignorions d'habitude nous semblèrent finalement très cool. On se mélangeait plus facilement. Un sentiment de bien-être m'envahit. Je me trouvai même téméraire et criai à Laura qui, enthousiasmée par le mouv' gardait les yeux fermés :

– Prochaine musique, je vais le voir !

Elle leva ses pouces puis me pris dans les bras sans arrêter de danser. Sa force et sa joie communicatives me gonflèrent encore plus de courage.

Evidemment, le morceau suivant fut un slow. Au début, impossible de reconnaître le morceau, filles et garçons s'étaient mis à piailler. Une bonne partie des gars s'en alla vers les gradins, excepté ceux qui avaient une petite amie. Elles ne leur avaient pas laissé le choix de toute façon. Plusieurs amies dansaient entre elle. D'autres se moquèrent des profs qui partageaient le slow.

– J'adore cette chanson !

Pour le coup, moi aussi. La danse romantique se déroulait sur les paroles de la nouvelle coqueluche des jeunes. C'était le I'm With You d'Avril Lavigne.

L'adrénaline encore en moi, je décidai de ne pas me défiler et cherchai Dimitri. Je pouvais sentir mes joues cuire.

– Il est où ?

J'avançai parmi les couples, mon émotion décuplée par la mélodie qui résonnait jusque dans mon ventre.

Mais le vide remplaça vite ce sentiment de volupté lorsque je découvris Dimitri sur la piste avec sa cavalière. Un ananas sur la tête, des froufrous rouges encombrants : il dansait avec Tiphaine-la-vérole !

Je rebroussai chemin, shootant au passage dans un cadeau de noël factice. Je m'en allais vers les toilettes et Laura courut jusqu'à moi dans le couloir.

– Amanda !

Je faisais mon possible pour ne pas pleurer. Mon amie comprit qu'un seul mot pourrait lâcher mes larmes. Elle regarda sa montre.

– On attend ta mère sur le parking ?

– D'accord.

A l'extérieur, il faisait assez doux pour un début décembre. De toute façon, j'étais mieux dehors.

Mais que pouvait-il bien trouver à sa voisine de classe ? Tiphaine se prenait pour une princesse mais était vulgaire au possible. C'était la première à se moquer de tout le monde. Elle n'avait rien à voir avec Dimitri.

– Eh, Amande, commença Laura, timidement, ce n'est qu'une danse. Puis tu la connais, elle lui a sûrement mis le grappin dessus et il n'a pas pu s'en dépêtrer.

C'était très probable, Tiphaine était comme ça, dans le contrôle, dans l'abus de pouvoir. Mais quand même...

– Ils n'ont rien en commun, c'est évident.

Au moins je n'étais pas la seule à le penser. Cela me redonna un peu de baume au cœur. Je décidais d'y repenser plus tard. La voiture de ma mère arrivait au loin, arrêtée au dernier feu rouge avant le parking.

Un groupe d'adolescents venaient également de sortir. Ils passèrent près de nous et s'en allèrent chahuter plus loin. Ils étaient une petite dizaine. Parmi eux se trouvaient Dimitri et ses deux potes, ainsi que Tiphaine-la-vérole.

Laura se mordilla la lèvre et me jeta un regard, navrée. Ça ne pouvait que remuer le couteau dans la plaie. Mais le pire était à venir. Yohann et Paul chambraient Dimitri devant la pouffe :

– T'aurais pu lui faire un bisou quand même ! Oh, Dimitrio !

Il ne répondit pas mais Tiphaine et ses acolytes caquetèrent. Enfin leur chef déclara :

– Il n'est même pas chiche de m'embrasser !

A cet instant, je pensais avec certitude : il va le faire !

– Allez ! Allez ! l'encouragea le groupe.

Cela ne manqua pas, il s'approcha d'elle et aussi surprise que leur assemblée, elle se laissa embrasser.

Ma mère se gara et nous fit des appels de phare. Avec Laura, je courais jusqu'à la voiture, priant pour que ma mère ne remarque pas mes larmes.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant