13. L'anniversaire d'Anne (1/3)

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Pour fêter la trentième année de sa femme, Laura avait invité quelques amis à une partie de Laser Game. J'avais passé la journée à étudier les menus des traiteurs et à compléter le carnet de bord du fameux jour J, alors ce programme me convenait parfaitement.

Avec mes deux blondes j'avais déjà expérimenté le Paintball. Le Laser Game serait bien mieux : nous étions sûres de ne pas ressortir avec des bleus sur les cuisses. D'autant plus que nous enchaînions avec le restaurant juste après.

Laura avait proposé de jouer en équipe. Nous étions nombreux : une vingtaine répartie en équipes de quatre. J'étais avec mes deux meilleures amies et Marion, qui malgré son jeune âge s'entendait vraiment bien avec nous.

Le responsable du complexe nous aida à enfiler nos bandeaux-capteurs, distribua les fusils-laser et nous expliqua le principe.

– C'est tout simple, commença-t-il en mâchonnant son chewing-gum, une main dans la poche et l'autre pointée vers les écrans vidéo où figuraient les règles. Vous devez trouver la sortie du labyrinthe. Le thème change chaque trimestre, en ce moment c'est Hunger Games. Vos capteurs vont tout enregistrer : la précision de vos tirs, le nombre de points, vos défaites... Bien sûr, ne visez pas un membre de votre équipe. Et en plus de ça, il y a quelques pièges : lignes laser à ne pas toucher, mines. Et certaines cibles figées rapportent des points bonus si vous les trouvez. Compris ?

Nous criâmes en chœur, comme des pirates prêts pour l'assaut d'un galion ennemi :

– Ouais !

– Eh bien, entrez.

Quatre portes automatiques s'ouvrirent et chacune des équipes franchit une entrée différente. Nous fûmes tous plongés dans la pénombre. Des faisceaux fluorescents dansaient dans la pièce. Devant nous se trouvait une corne d'abondance, référence au premier film avec Jennifer Lawrence, seul opus que j'avais vu bien que tous les livres aient été dévorés.

Un signal sonore annonça le début de la partie. Les garçons des différentes équipes se visèrent les uns les autres sans attendre, vérifiant que le matériel fonctionnait bien. A l'instar des autres copines d'Anne, nous nous mîmes à couvert. Nous visions de temps en temps à l'aveugle, et nous re-cachions derrière le mur. Un « Puisse le sort vous être favorable » retentit dans les haut-parleurs.

Alors nous avançâmes dans le labyrinthe, évitant d'être touchées, contournant les décors. J'entendais des bips chaque fois qu'un de mes adversaires arrivait à me viser.

La partie dura assez longtemps. Entre des moments de folie où toutes les équipes se mélangeaient et les sprints pour atteindre les cibles et pièces suivantes, nous arrivions à nous poser. Nous ne voulions pas perdre plus de points à mesure que l'issue s'approchait. Dans la dernière salle, nous nous retrouvâmes dans le décor d'une clairière avec des pièges dans les arbres. Les sculptures étaient plutôt décoratives comparées à celles du film. Une peinture spéciale qui était « active » sous la lumière sombre rendait l'ensemble psychédélique. C'était plutôt Lewis Carrol au pays de Katniss.

Notre cachette était parfaite, nous pouvions voir la pièce sous tous les angles, sans risquer d'être touchées. Nous en profitâmes pour reprendre notre souffle. Anne qui avait moins eu l'occasion de parler avec moi de toute l'Affaire Dimitri (oui, elle avait un nom) me demanda :

– Bon, alors c'est sûr, on va pouvoir voir à quoi ressemblent Chloé et Dimitri en vrai ?

– Oui, répondis-je, c'est réglé. Laura et toi serez extras au vestiaire mais seulement pour les deux premières heures.

– Pour le vin d'honneur, ajouta Laura qui le savait déjà.

– J'ai hâte !

– Oui, bah si vous voulez mon avis, ça devient encore moins net, déclara Marion.

Nous nous tournâmes vers elle.

– Bah quoi ? Vous avez oublié l'histoire du cours de valse ?

– Mais, Amanda ne le prend pas au sérieux, dit Anne. N'est-ce pas ?

Je n'étais pas tout à fait franche, en tout cas je ne racontais pas tout. Car les sentiments que je taisais, je ne les avais pas clairement exprimées. Disons qu'elle en était restée au côté très cocasse de l'histoire, tout comme Laura. Pourtant ma meilleure amie et Marion sentaient bien qu'il y avait quelque chose en plus. J'expliquai :

– C'est un peu plus compliqué que ça.

– Non, Amanda, non ! s'exclama Anne. Tu vas y laisser des plumes...

Laura s'en amusa.

– Oh, allez, tu ne trouves pas ça romantique ? Elle retrouve son amour de jeunesse, elle doit se cacher derrière un masque parce que la fiancée est fêlée et il lui fait du gringue !

– Mais qu'est-ce que tu racontes ?

– D'où il me fait du gringue ?

– Pourquoi n'a-t-il pas demandé à une amie, une cousine, ou à une des danseuses du club ?

– C'est n'importe quoi, Laura. C'est son taf.

Je savais qu'Anne avait raison.

– N'empêche, c'est toi qu'il a appelée, affirma ma meilleure amie entre deux esquives de tir adverse. Toi et personne d'autre.

– Laura, ce n'est pas bien de l'inciter. Elle va se brûler les ailes !

La conversation n'alla pas plus loin. Deux garçons nous couraient après. Je montrais le dernier couloir, et enfin la sortie se révéla à nous. Avant de quitter la pièce, je visais deux cibles pour augmenter mes points de tirs.

Le responsable annonça derrière la porte :

– Bravo Team Anne, vous avez gagné.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant