30. Arrête de parler aux étoiles (5/5)

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Nous étions sur le chemin des douaniers, un autre sentier nous apparut, il rejoignait le phare. Nous l'empruntâmes, il était désert, tout le monde était sur la plage, ou à faire la sieste au bord d'une piscine ou dans leur chambre.

Nous marchâmes quelques minutes et fûmes bientôt dissimulés par la végétation.

Je me retournai vers lui, Dimitri ne me quittait pas des yeux. Il avait retiré ses lunettes et je tentais de ne pas rester prisonnière de son regard céleste. Il m'impressionnait, et je pensais que ce serait toujours le cas. Non seulement de par ses mensurations mais aussi et surtout pas son attitude dominante. Elle n'était pas voulue, c'était moi qui me sentais dominée par lui, par son aura, sa prestance, sa gentillesse, sa douceur et autant de force.

Comment Chloé n'avait-elle pas pu être sauvée à ses côtés ? Dimitri était un rocher, un arbre aux branches puissantes, plein de force, c'était l'abri parfait en cas d'intempéries.

Finalement, il brisa le silence pour dire, comme s'il n'en revenait pas lui-même :

– C'est pour ça que tu étais bizarre quand je t'ai rencontrée ! Ah, Amanda Laracello...

Qu'il prononce mon prénom et mon nom me fit plaisir. Je sentis dans sa voix chaude que ça lui faisait quelque chose, qu'il n'était pas indifférent. Il était même heureux.

Je ne me trompais pas, il me désirait. Autant que moi. Ma cage thoracique se souleva plus intensément, l'air chaud circula vite dans mes narines.

Pourtant, son regard changea et je vis l'ombre des mensonges survenir car il s'énerva :

– Pourquoi tu ne m'as rien dit, Amanda ? Pourquoi ?! Je ne pourrais jamais lui pardonner ce qu'elle t'a fait !

J'essayai de formuler quelque chose. Mais par où commencer ?

– Pourquoi ?! répéta-t-il. C'est dingue !

Dimitri était plus proche de moi. Je devais lever la tête pour le regarder dans les yeux. Il voyait bien mon désarroi dans les miens.

– Pourquoi pas quand tu en as eu l'occasion ? Pourquoi tu ne m'as rien dit, Amanda ? A Manèves, nous étions à Manèves ! Notre village !

J'avais la gorge serrée, j'étais sur le fil du rasoir.

– C'était déjà trop tard, j'étais si ridicule...

– Pourquoi tu n'as jamais rien dit, pourquoi tu n'as rien dit au collège ? Tout ce temps perdu ! A se chercher, à se repousser !

J'écarquillai les yeux et répondis :

– Comment tu sais que je t'aimais ?

– Je t'ai dit : Laura m'a tout raconté.

Etait-ce le soleil ? Nous étions tous deux au bord des larmes, emplis d'émotion.

–  Pourquoi tu n'as rien dit ? demandai-je en retour.

– Nous avons été cons.

Je ris et essuyai malgré moi une larme. Dimitri fit un pas en avant, nos bouches n'étaient qu'un quelques centimètres l'une de l'autre. Il murmura :

– Amanda, me le diras-tu un jour, enfin ?

Pour toute réponse, je l'embrassai. Mon corps n'avait jamais eu autant conscience des éléments : je ressentais la caresse du vent, bientôt remplacée par les siennes, le goût de sa peau remplaça celui des embruns, la chaleur du soleil se fit moins intense que celle qui se déclencha en moi.

J'acceptai sa chaleur, sa virilité, il me donnait sa force.

A la fin, nous tremblâmes tous les deux, nos âmes en collision chantaient leur plaisir.


D'après l'adage, on dit toujours que les cordonniers sont les plus mal chaussés.

Une fois n'est pas coutume, pour notre mariage, nous étions onze : lui et moi, Laura et Anne, mon frère, Marion, Yohann et nos parents.

Pourtant, cette citation ne s'applique pas à moi, car ce fut le plus beau des mariages. Le plus beau.

Le soir de la nuit de noces, nous n'avons pas beaucoup dormi. Je passais mon temps à soulever les draps de satin, à m'assurer qu'il était bien là. Lui aussi aimait se plonger dans mon regard.

Il m'embrassait encore et encore. Nos peaux nues glissaient à cause de la sueur.

Dimitri, dans toute sa beauté insolente chuchota à mon oreille, et les vibrations de sa voix me firent frémir :

– Nous ne serons jamais plus heureux qu'à cet instant...

Je serrai sa tête contre ma poitrine. Il resserra ses mains sur mon corps.

Notre bonheur n'avait pas son pareil, mais j'espérais qu'il avait tort, que ce n'était le début de joies et plaisirs plus intenses encore.

En fait, j'en étais même convaincue.





Dernières notes à moi-même :

1. Remercier Oublier Chloé.

2. Replonger avec Dimitri dans nos souvenirs communs.

3. Lui dire « Je t'aime » une fois par jour au moins.

4. Contacter l'éditrice, on ne sait jamais, cette histoire pourrait l'intéresser.


Sia, Breathe Me

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant