Chapitre 9

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Nos journées à l'Académie étaient chargées. Il n'y avait pas de place pour la distraction, pour des moments de détente ou pour tout autre chose personnelle. Notre vie entière était contrôlée par le Bureau de la génétique et les professeurs de l'Académie. Depuis le cours où un élève avait été torturé juste sous mes yeux, je m'étais faite discrète. J'avais assisté à de nouvelles séances de torture lorsqu'un élève ne se montrait pas à la hauteur, j'avais accepté d'être utilisée comme cobaye lors d'expériences menées pendant des cours. Je n'avais pas bronché, j'étais restée à l'écart sans réagir même si tout mon être me disait de faire quelque chose. Ce n'était pas facile. Entendre mes camarades crier était une épreuve difficile surtout que j'étais l'une des seules à ne jamais avoir été torturée. Ma capacité à réaliser les différents exercices que l'ont me demandait me permettait d'échapper à un châtiment corporel. J'aurai dû en être soulagée mais ce n'était pas le cas. Être l'une des seules à ne pas souffrir me mettait à l'écart du groupe. Les autres me regardaient différemment et je les comprenais. Ils n'étaient pas jaloux de moi mais ils vivaient la même épreuve et moi non. Il était parfaitement logique qu'ils me mettent à l'écart d'eux. J'avais accepté cet isolement car je ne pouvais rien y faire. Une fois un élève était venu me demander comment je faisais pour réussir. Comment je parvenais à ne jamais échouer. Cette question m'avait perturbée et je n'avais malheureusement aucune réponse à lui apporter. Il avait cru que je mentais et que je ne voulais pas partager mon secret avec lui pour rester la meilleure. Cela n'avait fait qu'accentuer l'opinion que les autres avaient de moi, et m'écarter encore davantage du groupe. La vérité était que moi-même je ne savais pas comment je m'y prenais. J'y arrivais tout simplement. Lorsque l'on me demandait de mémoriser un code à 50 chiffres en une minute, j'y parvenais. Lorsque l'on me diffusée une succession d'images dont chacune d'elle ne durait qu'une fraction de seconde et que je devais, dans l'ordre, redire toutes les images aperçues, aucune ne me manquait. Je ne savais pas comment j'y parvenais. Je le faisais c'était tout.

Mais je n'étais pas totalement seule dans mon isolement. Ivy était toujours restée à mes côtés. Elle aussi était douée, mais elle avait déjà subi un châtiment corporel. Malgré tout elle restait là avec moi. J'appréciais sa présence. Roman aussi était resté mais lui c'était parce qu'il était dans le même cas que moi. Il avait également été mis à l'écart du groupe et avait fini par passer de plus en plus de temps avec Ivy et moi. Son comportement avait changé. Il ne posait plus autant de questions. Il n'avait plus son sourire au coin qu'il abordait constamment auparavant. Il portait dorénavant un air triste, comme nous tous d'ailleurs. Mais lui aussi me permettait de tenir dans cette académie. Tous les trois nous nous serrions les coudes. Lorsque Ivy avait craqué un soir après les cours, on était là pour la réconforter et lui remonter le moral comme nous le pouvions. Lorsque j'ai ressenti le manque de ma famille, ils étaient là pour moi. Roman n'avait jamais craqué devant nous, mais il savait que si un jour il le faisait, nous aussi serions là pour lui. Vivre une période aussi difficile ensemble nous avait rapprochés. Lorsque nous étions ensemble, on oubliait parfois que nous étions à l'Académie. Mais la réalité finissait toujours par nous rattraper.

Nous avions vite compris l'objectif de la première phase à l'académie. Notre cerveau devait être poussé au maximum de ses capacités de mémorisation. Nous devions travailler la mémoire, encore et encore jusqu'à l'épuisement. Les professeurs disaient que cette étape était cruciale. Si notre capacité de mémorisation n'était pas maximale, nous ne pouvions passer à la deuxième phase et nous serions seulement des Delta. Or l'objectif de l'académie était de fournir le plus possible de bravo. Alors ils nous poussaient à bout. Le problème était que scientifiquement parlant nous possédions tous certes un don, mais notre capacité à l'utiliser ne dépendait que de nous. L'académie aurait beau nous pousser au maximum, nous ne serions pas tous des Bravo. 

Alpha tome 1 (Dispo Sur Amazon)Where stories live. Discover now