Alpha tome 1 (Dispo Sur Amazon)

Chapitre 19

C'était en refermant les toilettes réservées aux filles que j'avais craqué. Appuyée contre le lavabo, je tentais péniblement de retenir les larmes qui ne cessaient de couler sur mes joues tout en essayant de reprendre une respiration normale. Ce fut à cet instant qu'on frappa à la porte et qu'Ivy apparut à mes côtés. J'avais essayé d'essuyer mes larmes mais mon amie les avait déjà aperçues alors il était inutile de prétendre que tout allait bien. Je sentais sa main se poser sur mon épaule dans un geste qu'elle essayait d'être réconfortant.

 -C'est Roman qui m'envoie. Il y a trop de patrouilleurs, il ne pouvait pas se permettre d'être aperçu dans les toilettes des filles. M'expliqua mon amie.

J'avais essayé de lui sourire mais je n'y parvenais pas . L'intention de Roman était charmante mais envoyer Ivy n'était pas la meilleure des solutions. Malgré toute l'affection que je portais pour elle, cette dernière n'était au courant de rien et je ne pouvais rien lui dire. Il était inutile de mettre plus de gens en danger, pas après ce qu'il venait de se passer pour Nayel et ma mère. 

-L'accusé dans ton procès, repris-elle, Nayel Johnson c'est ton ami c'est ça?

Je ne sentais aucune marque d'accusation de sa part. C'était juste une question qu'une personne posait à son amie. Elle aurait pu me juger car être ami avec un déserteur n'est pas bien vu, mais elle ne le faisait pas.

-Oui. Me contentai-je de dire.

Il était midi et je venais de passer trois heures assises dans la salle de jugement, à voir Nayel se faire questionner par les Charli. Au début ils s'étaient contentés de poser des questions simples, sans rapport avec le motif de sa présence ici. Il avait dû parler de son enfance, de sa scolarité, de sa famille et de ses amis. Mais très vite les questions avaient été orientées sur son opinion du Bureau, ce qu'il pensait du système des positifs et de sa présence à l'académie. Nayel avait alors tenu son plan à la perfection. Son objectif était de faire croire à tous qu'il avait bel et bien voulu déserter afin qu'on ne le suspecte pas d'avoir en réalité tenté de découvrir un des secrets du Bureau. Il avait expliqué qu'être positif était trop une trop lourde tache pour lui, qu'il ne se sentait pas capable de porter un tel poids sur ses épaules, qu'il remettait en question le Bureau. Tous dans ses réponses laissaient penser qu'effectivement il voulait bien déserter car il n'approuvait pas ce système. C'était à moitié vrai de toute manière. De temps à autre Nayel m'avait jeté des regards furtifs. C'étaient de simples échanges de quelques secondes, mais lorsque l'on se regardait, j'avais envie de lui hurler d'arrêter. Je me rendais compte à cet instant que je ne voulais pas le perdre. Pendant près de deux heures, tout se déroulait exactement comme Nayel l'avait prévu et je sentais qu'il allait bel et bien être jugé coupable de désertion et que  j'allais le perdre à jamais. Pendant ces deux heures, ce n'étaient pas les expressions de Nayel que j'analysais pour savoir s'il mentait, mais ceux des Charli. Je voulais savoir s'ils croyaient en la version de mon ami et à première vue c'était le cas. Il avait réussi à duper des Charli et je sentais que son procès allait bientôt terminer. Lorsque je m'étais tournée vers sa famille, je les avais vus pleurer à chaudes larmes et cette vision me fondait le coeur. Mais au moins il n'y aurait pas de répercutions sur eux car Nayel avait bien expliqué que sa famille n'était pas au courant de sa volonté de déserter. Elle ne pouvait être condamnée pour une simple erreur de jugement de la part de leur fils.

À cet instant j'avais vraiment cru que tout était fini, tout comme Nayel car il m'avait de nouveau regardé. Mais cette fois-ci son regard était différent. Je ne saurai le décrire mais j'avais l'impression qu'il essayait de me dire au revoir à sa façon. L'un des Charli prit alors la parole pour s'adresser à nous, les Delta en formation. Il était en train de nous résumer les deux heures de procès en nous expliquant le profil de Nayel mais je ne l'écoutais qu'à moitié, mes yeux toujours plongeaient dans ceux de Nayel. J'aurais aimé le dire à quel point il allait me manquer et à quel point j'étais désolée. J'aurais voulu lui dire à quel point j'avais apprécié tout ce qu'il avait fait pour moi...