Alpha tome 1 (Dispo Sur Amazon)

Chapitre 16

Des bruits de couloir parvenaient jusqu'à ma chambre. À cette heure ci les positifs devaient probablement rejoindre leurs chambres avant que le couvre-feu ne soit prononcé. Je savais que des patrouilleurs se trouvaient dans les couloirs, déambulant dans leur uniforme gris clair, arme au ceinturon et porteur de leurs habituels visages inexpressifs. J'étais également consciente qu'il y avait des risques pour que l'un d'eux ouvre ma chambre et nous surprenne Roman et moi dedans alors que le règlement nous interdisait d'inviter quelqu'un. Mais ce risque, je n'en prenais pas conscience bien trop préoccupée par ce qu'il se passait actuellement. Lorsque votre monde s'écroule, que toutes vos idées, vos envies et vos désirs disparaissaient et que vous êtes entouré de mensonges, de trahison et de perte, se faire surprendre par un patrouilleur semblait d'un coup beaucoup moins préoccupant.

Roman était toujours installé sur mon lit, la place qu'il avait eu tant l'habitude de prendre auparavant. Je lui avais posé une question simple mais pourtant il tardait à me répondre. Je le voyais réfléchir et cela ne me rassurait pas. Je m'étais imaginée toutes les théories du complot le concernant mais la plus probable était qu'il devait probablement travailler pour le Bureau. Sinon comment expliquer son comportement ces deux derniers mois? Depuis le début Roman agissait de manière étrange avec moi.Je fus coupée de mes pensées par sa voix, qui n'était presque qu'un murmure.

- Je te préviens je n'aurais probablement pas les réponses à toutes tes questions.

- Ce n'est pas gave.

Il aurait juste pu me donner sa date de naissance cela m'aurait suffi. Je voulais simplement pour une fois un peu de vérité et moins de mensonge. C'était un Roman impassible que je voyais face de moi. Son habituel regard amusé ou sa façon d'être décontracté avaient disparu. Il fixait par la fenêtre la forêt en contrebas qui délimitait l'école. Puis enfin, il fixa son regard sur moi et je sus que le moment des vérités était venu. Je ne l'avais pas interrompu, le laissant parler, m'expliquer tout ce qu'il savait. Quelquefois je posais une question afin d'avoir plus de précisions mais c'était tout. Au fur et à mesure de ses propos, mon visage se serrait, totalement abasourdi par ses révélations. Pendant un instant mon esprit avait refusé de le croire, trouvant cela trop absurde. Mais pourtant, tout concordait et même s'il m'était difficile de le croire, je le devais.

Lorsque Roman avait fini de parler, j'étais restée silencieuse, incapable de le fixer ou de lui répondre quoi que ce soit. Mon cerveau était en train d'analyser tout ça, de vérifier si cela était vrai, de rechercher des incohérences. J'étais même en train d'analyser les expressions de Roman pour décerner la vérité. Les cours portaient leurs fruits. Je connaissais les différents signes annonciateurs d'un mensonge... des yeux qui divaguent, un léger froncement de sourcil si la personne réfléchit à son mensonge, des pupilles légèrement plus dilatées. J'avais enregistré tous les signes me permettant de savoir si Roman me mentait et ma conclusion était nette. Il me disait la vérité.

-Ambre?

Roman me fixait de son air inquiet, attendant que je réagisse enfin. Ce que j'avais fini par faire.

- Combien vous êtes ?

C'était la seule question qui m'était venue à l'esprit mais elle me semblait importante.

- Pas assez malheureusement. Une centaine tout au plus.

Cent... ils étaient cent à avoir formé ce groupe de résistants. Roman était l'un d'eux. Une personne ayant vécu une vie tout à fait normale jusqu'à ce qu'un événement bascule tout. Sa grande soeur avait été positive, une Bravo et elle avait été exécutée lorsqu'elle avait refusé de suivre un ordre donné par le Bureau. Elle avait révélé à sa famille les raisons de son refus et cela avait scellé le destin des siens. Parce que Roman et sa famille étaient au courant d'une mission d'un positif, cela faisait d'eux des hors-la-loi. Personne en dehors de nous ne devait connaitre nos missions. La famille de Roman avait dû prendre la fuite alors qu'il n'avait que treize ans. Devenant des fugitifs, il avait été obligé de se cacher, de vivre clandestinement. À un moment il avait cru que sa famille était enfin hors de danger, mais deux ans après, alors que ses parents étaient partis chercher à manger, ils n'étaient jamais revenus, laissant Roman livré à lui-même. Sa route avait fini par croiser celle d'une personne luttant contre ce système. Cette dernière lui avait expliqué qu'ils étaient plusieurs à se battre contre le Bureau. Je comprenais le choix de Roman. Lorsque le Bureau tue votre famille, il est normal de se retourner contre lui et de s'allier à la seule personne qui lui avait sauvé la vie, celle du résistant. C'était comme ça que Roman s'est retrouvé au cœur de la résistance, essayant de mener des actions contre le Bureau. Mais rien n'avait fonctionné jusqu'à ce que la résistance élabore un autre plan : infiltrer le Bureau. Et là Roman entrait en jeu.