Recueil d'OS - Harry Potter

Drarry 5 - HP x DM

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Quelques fois, lorsque Draco observait Harry, il lui semblait qu'ils se connaissaient depuis des lustres.

Ce qui n'était pas totalement faux, ils avaient partagé la majorité de leurs années actives l'un près de l'autre, en raison de leurs emplois respectifs. Mais il n'avait pas l'impression de particulièrement connaître ce Harry-là, il se rappelait celui qu'il était, lors de leurs années à Poudlard.

Ces mêmes années durant lesquelles Draco avait menti, s'était caché, avait prétendu. Parce qu'il était plus facile de fermer les yeux face à une réalité que de s'y confronter au risque d'apprendre qu'on n'était pas assez fort, assez stable pour y faire face de sitôt.

L'héritier Malfoy avait longtemps cru qu'à cette époque, tout les opposait. Du rang social — bien que l'un ait été, contre son gré, élevé parmi les plus grands — jusqu'aux idées concernant la politique. Pourtant, ils partageaient une idée bien précise de l'avenir qu'ils voulaient à la société sorcière : un monde sans Voldemort, sans la menace des mangemorts et sans la pression de l'imminence d'une guerre à laquelle ils n'étaient pas préparés.

Cela dit, Harry ne savait rien des intentions de Draco, parce que pour comprendre le cheminement de pensée de quelqu'un comme lui, il fallait y avoir directement accès, en apercevoir tous les filons et en analyser les moindres parcelles, espérant traverser la barrière de glace qu'il avait érigé entre réalité et persuasion.

Le plus surprenant, avec ceux qui pensaient avec autant de complexité de Draco, était sans doute qu'ils étaient incapables d'imaginer un monde dans lequel ils seraient vraiment libres d'avoir leurs propres désirs, un monde dans lequel ils ne manipuleraient pas les autres, ne se manipuleraient pas à la même occasion. Eux qui n'avaient même pas — même plus — conscience de la différence entre partager son opinion et inciter à suivre ses idéaux. Draco avait pris l'habitude de se persuader lui-même de tonnes de choses absurdes, il s'était bourré la tête d'idées que ses parents avaient tenté de lui inculquer sans même se demander s'il était prêt à y adhérer, n'avaient pas une seule fois pris en compte la nature profonde de ce qu'il désirait, la question ne s'était même pas posée, il était naturel qu'il acquiesce, se taise et baisse la tête.

Des agissements qui ne prenaient pas sens aux yeux de Harry, lui qui n'avait toujours vécu que dans l'opposition, qui s'était toujours révolté des injustices, n'avait jamais prétendu ressentir quelque chose qui le répugnait.

Ils étaient l'eau et le feu, l'un tentant de détruire l'autre, tandis que celui-ci réduisait à néant son bourreau sans même s'interroger à propos de ses motivations. Qui s'était un jour réellement intéressé au cas du vilain ? De celui qui piquait, celui qui mentait, se montrait vil, dont le concept d'héroïsme dépassait tout entendement ?

Ceux-là n'intéressaient pas le public, qui voulait assister à plus grand, plus spectaculaire. Il aurait été trop déprimant, trop réel de prendre conscience que le plus humain d'entre tous n'était autre que celui qui prétendait, qui avait peur pour sa vie, gardait la face parce que son éducation lui avait appris à le faire.

Harry avait mis des années à comprendre qu'il avait fait erreur, qu'il s'était trompé de cible, avait renoncé à l'unique occasion qui s'était présentée à lui de changer le cours des choses.

Il songeait à cette poignée de main tous les jours, désormais que Draco Malfoy avait été désigné comme son équipier lors des missions de premier rang. Passait parfois des heures, allongé dans la pénombre, à se remémorer à son insu les nombreuses fois où il s'était montré puéril, incapable de comprendre ce que pouvait cacher une parole, une pique, un sous-entendu. Il regrettait de s'être montré si immature, si insouciant. Comprenait désormais la haine que pouvaient porter certains Serpentard à sa maison, eux qui semblaient déjà avoir tout compris de la noirceur du monde qui les entourait, tandis qu'à côté, les Gryffondor prospéraient dans la lumière et la légèreté, inconscients de l'arrivée imminente d'un changement qui réduirait à néant toutes leurs belles relations.