Recueil d'OS - Harry Potter

Harmione 5

Une vie toute tracée.

Non.

C'était son imagination qui lui jouait un tour, forcément. Le « + » qui venait d'apparaître sur cette camelote moldue, c'était un gage. Elle ne pouvait pas être dans une telle catastrophe.

Hermione se passa une main lasse sur le visage en soupirant. Merde. Son avenir était fichu, désormais. Ses rêves de devenir Ministre de la magie, d'obtenir son diplôme une fois son année repassée, c'était un immense raté.

Déjà cinq mois qu'elle était enceinte, et elle n'avait rien remarqué. Les vomissements, les sautes d'humeur, l'appétit coupé, elle pensait que c'était seulement faute des examens qui approchaient. Les ASPIC la stressait énormément, elle avait naïvement cru que c'était dû à ça. Mais non, elle était bel et bien enceinte. Comment allait-elle annoncer cela à Ron ?

Soudain, des coups à sa chambre de préfète retentirent, et Hermione dissimula son test de grossesse sous le livre Spero & autres enchantements qu'elle étudiait. Elle fit mine d'être plongée dans sa lecture, avant d'autoriser d'une voix lointaine la personne qui la dérangeait dans son malheur à entrer.

La tête décoiffée de Harry pénétra dans la pièce, un sourire soulagé peint au visage.

- Mione, j'ai réussi ! S'écria-t-il, comme un enfant devant ses innombrables cadeaux de Noël.

- Tu es qualifié dans l'équipe nationale de Quidditch ? Souffla Hermione, un sourire de fierté se peignant sur son visage. Harry avait accepté de refaire son année à Poudlard avec ses deux meilleurs amis, mais cela ne l'avait pas empêché de poursuivre son rêve d'intégrer l'équipe d'Angleterre.

Prit d'euphorie, le brun acquiesça vivement avant de se jeter dans les bras de sa meilleure amie, qui pria tous les sorciers ancestraux pour que son bébé ne lève pas le petit doigt. Maintenant qu'elle avait prit conscience de son état, elle avait comprit pourquoi elle sentait parfois quelque chose gesticuler dans son ventre, lorsqu'elle mangeait ou riait un peu trop fort.

- Je viendrai vous voir pendant toutes les vacances, c'est promis !

À ces mots, Hermione prit conscience de ce qu'impliquait la qualification de Harry. Un voile se forma devant son regard, la réalité la frappant une seconde fois de plein fouet.

Le père de son enfant n'était pas amoureux d'elle, et ne sera pas là pour l'élever. Pire encore, son propre copain n'était au courant de rien.

Harry ne remarqua pas l'état de son ami, occupé à vanter les mérites de sa nouvelle équipe.

- Je vais affronter Viktor Krum. Waouh, je ne suis clairement pas prêt à ça. Toi qui l'a côtoyé, tu crois qu'il se laisserait apprivoiser par quelques œillades appuyées ? J'ai compris, ne me regarde pas comme ça je rigole Hermi ! Mais dis-moi, sur quoi tu travailles ? Enchaîna le survivant en saisissant le livre que sa meilleure amie avait laissé en évidence sur la table, balayant les pages d'un coup d'œil.

Hermione tressaillit en voyant le test de grossesse à la vue de tous, posé nonchalamment sur la table comme s'il ne risquait pas de foutre sa vie en l'air.

- Hermione...murmura Harry, les yeux droit devant lui.

- Ne...ne dis rien, fit Hermione, les larmes commençant à brouiller sa vue. Elle avait l'impression qu'un immeuble lui tombait dessus, recevant chaque débris plus en plus violemment.

- Hey, détends-toi...Ron va s'en remettre, Hermi. Et pour tes études, Ginny et moi nous seront là pour garder le bébé, ne t'inquiètes pas, tenta de la rassurer Harry, faisait difficilement abstraction de ses propres doutes.

Avait-il oublié qu'elle était en couple avait Ron depuis seulement quatre mois ? Oh, il ignorait de combien de temps elle était enceinte. Peut-être était-ce une opportunité à saisir ? Elle élèverait son enfant avec Ron, gardant le secret de sa paternité jusque dans sa tombe. Au risque qu'il naisse brun, et des yeux aussi éblouissants que ceux de son père.

Pourquoi s'était-elle mise avec Ron, déjà ? Sans doute parce que c'était ce à quoi tout le monde s'attendait, suite aux fiançailles de Harry et de Ginny.

C'était trop risqué, elle ne pouvait pas faire une telle chose à son copain actuel, malgré l'absence de sentiments qu'elle ressentait à son égard. Mais si elle avouait la vérité, elle mettait aussi en péril le couple de Harry et de sa meilleure amie, elle ne pouvait pas faire une chose pareille.

- Hermione. Qu'est-ce qui ne va pas ?

La concernée se perdit dans le regard interrogateur de son ami, se rappelant en une nouvelle à quel point elle était amoureuse de lui. Comment vivre comme ça, passer son temps à jouer un rôle, jusque dans ses sentiments ?

- Ce n'est pas celui de Ron, Harry, avoua-t-elle d'une voix brisée par un sanglot, juste avant qu'elle ne laisse choir sa tête contre l'épaule du brun.

Lui, restait fixe, semblant réfléchir à la dernière fois qu'ils avaient fait l'amour. C'était habituel, avant que Molly Weasley ne lui ordonne de demander sa fille en mariage, persuadée que Harry était fou d'elle, et pressée de compter l'élu dans les membres de sa famille.

Cinq mois. Quel chiffre était-il noté, sur le test ?

Harry ouvrit la bouche, assemblant difficilement une phrase selon le peu de ce qu'il pouvait penser.

- Qu'est-ce...qu'est-ce que tu veux faire ?

Hermione releva la tête, s'essuyant les yeux avec détermination.

- Annoncer à Ron je suis enceinte, terminer mes études à Poudlard, mettre au monde cet enfant, le confier pendant mes études supérieures à sa future marraine Ginny, et atteindre mes objectifs, comme si rien ne me barrait la route.

Harry avait le cœur à vif, mais comprenait que c'est de cette façon que devait se dérouler les choses. Ils garderaient ce secret, pour le plus grand bien.

- Je...est-ce que je peux t'embrasser, Hermione Granger ?

Les yeux de la Gryffondor lui piquaient de nouveau, comprenant que cela ne changeait rien, et qu'ils évolueraient comme ils se le devaient, parce que l'amour ne faisait pas tout.

- Embrasse-moi comme tu ne l'a jamais fait. Comme si c'était la dernière fois que tu pouvais le faire, parce que dès demain matin, nous serons comme frères et sœurs au yeux du monde, et nous devrons vivre avec jusqu'à la fin des temps, Amour.

De grosses gouttes s'échappaient des yeux du survivant, alors qu'il saisissait les lèvres de la seule femme qu'il ait jamais vraiment aimé, une ultime fois.