Améthys saison 3 - La Libération I (terminée)

Chapitre 9-part 3

 — La ponctualité n'a jamais été votre fort, madame Feather. Entrez. (Il tourne sa tête vers moi). Monsieur Flame, je suis le professeur Laine, vous a-t-on parlé de moi ?

Je hoche la tête en réponse.

Il nous invite au salon et je scrute l'environnement du regard. Même si l'extérieur est désuet, il n'en est rien de l'intérieur : du marbre au sol, un canapé d'angle tout blanc, une table basse en verre et des poufs autours, une grande vue sur la ville.... Et pour combler le tout, une piscine qui entre dans son salon.

Je m'assoie sur un pouf, tout en admirant sa maison. Elle est bien plus moderne que la nôtre !Le professeur s'installe en face de moi.

— Donc, le Commandor veut que je le rééduque en moins de deux semaines ?

Estë acquiesce.

— Alors leçon numéro une, vous allez arrêter de penser tout haut. Ma maison a été élue le plus beau design il y a dix ans, et elle ne date pas de l'antiquité !

J'écarquille les yeux surpris. Estë pouffe de rire.

— Bien, mademoiselle Feather, vous pouvez nous laisser. Il rentrera dans une quinzaine de jours comme convenu.

— Pardon, Quoi ? Je vais rester ici ? m'écrié-je, déconcerté.

— Oui, répond Estë, si tu veux rentrer à l'École d'Initiation avec toutes tes capacités, il faudra travailler dur et suivre un entraînement intensif ! Je vais chercher ton sac !

Elle s'éloigne vers la porte pendant que j'en reste sans voix. Ça c'était pas prévu ! C'était censé être une simple visite. Quoique, avec cette belle piscine... Je pourrais m'accommoder à cet endroit. Espérons que la température de l'eau soit modifiable.

Le professeur Laine se lève de son fauteuil en disant :

— La piscine n'est qu'un élément décoratif, et elle vous est interdite d'accès ! Et puis, je vous conseille de vous asseoir uniquement sur les pouffes. Je les ai commandé spécialement pour vous. Ma maison n'est pas équipée comme il le faut pour accueillir un type dangereux.

J'émets un petit rire nerveux tout en regardant le fauteuil. Il n'a rien à craindre, mes cheveux ne toucheraient même pas le dossier si je m'y assois...

— Voilà, tes affaires, annonce Estë en les déposant. Bien, je viendrais le chercher samedi, dans quinze jours, à 9 heures ! Soit sage jusque-là Flame !

Je fronce les yeux, je n'aurais pas cru qu'ils m'auraient fait un coup pareil, me laisser avec un inconnu ! Pourquoi ? Pour m'apprendre à maîtriser des pouvoirs débiles !

— Vos pouvoirs ne sont pas débiles, monsieur Flame ! Les renier, c'est renier vos ancêtres, vos parents !

Pfft, renier mes parents !? S'il savait que le Commandor n'est en fait pas humain, mais qu'il y a une chose immonde qui habite... J'écarquille les yeux en voyant qu'il semble absorbé par mes pensées. Je racle ma gorge et avale ma salive tandis qu'il déclare :

— Si vous ne voulez pas qu'il soit au courant de ce que vous avez découvert, monsieur Flame, vous feriez mieux, dès à présent, de ne plus penser tout haut. Suivez-moi, je vais vous montrer votre chambre.

— Une minute ! Vous ne semblez pas... surpris ! Vous savez que le Com...

— Je ne sais rien à propos du Commandor, et depuis que les rebelles nous ont attaqués, toutes les maisons ont été équipées d'une caméra. Alors ne faîtes rien qui puisse vous nuire ! Malgré votre perte de mémoire, vous êtes toujours aussi... impatient et... excité ! Il va falloir apprendre à vous contrôler !

— Hein !? Je ne suis pas excité ! Je veux simplement savoir ce qu'il se passe !

— Taisez-vous ! réplique-t-il. Je déteste entendre ceux qui parlent pour ne rien dire.

J'entrouvre la bouche. Ce vieux débile !

— Je ne suis pas débile... Simplement un vieux qui adore le calme et la tranquillité.

Je sens le rouge me monter à la tête. Bordel, il va falloir que je fasse quelque chose pour maîtriser mes pensées.

Nous montons un escalier, puis accédons à une passerelle qui donne accès à deux couloirs.

— À droite, mes appartements.

Nous prenons le couloir de gauche et le traversons. Il y a deux portes. Je m'attends à ce que l'une d'elle soit ma chambre, mais une fois passé le couloir, nous entrons dans une petite bibliothèque. Il fait sombre, ça empeste la poussière et des livres sont entassés les uns sur les autres sur les étagères. La pièce est tellement encombrée qu'elle semble plus étroite que spacieuse !

Le professeur se dirige vers une étagère et pousse un livre. La bibliothèque coulisse et un escalier apparaît.

Wouah, la classe, un passage secret. Le professeur appuie sur un bouton pour allumer la lumière. En bas, il y a une pièce ronde, un lit (ressemblant au mien mais plus petit avec les mêmes draps), une petite commode, et aucune fenêtre.

— Je suppose que c'est ma chambre.

— Navré si elle n'est pas aussi confortable et spacieuse que votre chambre. Il y a longtemps j'ai logé votre père ici. Les murs sont en granites, aucun risque que vous enflammez la pièce si vous faîtes des cauchemars.

— Parce que vous pensez que je vais faire des cauchemars ? Ridicule !

— Nous verrons bien, monsieur Flame... Vous avez votre propre salle d'eau. Vous ne pourrez pas régler la température et il n'y a pas de séchage comme chez vous, mais je pense qu'Estë a pris soin de mettre vos serviettes anti-inflammables dans votre sac. Vous êtes libre ce soir, essayez de vous reposer. Vous pouvez vous servir de ces livres, ils sont anciens et parlent de l'histoire de Cirth. Vous avez besoin de remettre votre mémoire à jour. (Il regarde sa montre). Il est 17 heures 30. Nous dînons à 19 heures.

— Ok... mais euh... vous n'avez pas la télévision... vous savez cet écran qui diffuse des images.... Et encore mieux un ordinateur, cet appareil qui...

— J'utilisais les ordinateurs avant même que vous existiez, monsieur Flame. Les vôtres ont peut-être un peu plus de programmes, un design plus moderne, mais ils n'ont pas changé de fonctions depuis belle lurette ! Et pour l'instant, vous n'avez besoin que de ces livres ! Sachez qu'ils ont été interdits depuis que votre père a pris le pouvoir. Sachez également que cette pièce n'est pas sous surveillance et sachez que ce monde est corrompu !

Un monde corrompu, bah ça je l'avais compris depuis ce matin en surprenant la chose. Je le regarde disparaître. Cet homme est vraiment très étrange et mystérieux. Mais peut-être m'apprendra-t-il plus de choses que prévus.

J'entre alors dans la bibliothèque et prends le premier livre qui me tombe sous la main : « Le couple mythique : Spinnella-Pyrop. » Je plisse les yeux. Pyrop. Le Commandor en avait parlé ce matin ! « La dernière descendante directe de Pyrop! » Je m'assieds sur le lit et dévore l'ouvrage.