Améthys saison 3 - La Libération I (terminée)

Chapitre 11

Flame

Une musique modérée me réveille.

— Il est 7 heures et 10 minutes, Monsieur Flame ! Réveillez-vous.

J'ouvre un œil, le professeur est à la porte, une espèce de machine est sur la commode et fait tourner un disque noir, c'est de là que provient la musique !

Je me frotte les yeux, je suis encore fatigué, j'ai lu un ouvrage avant de dormir hier soir. C'était plutôt un conte romantique qui racontait comment Pyrop El Bereth avait rencontré sa femme. Je ne crois pas que je lisais les romans d'amour avant, mais c'était très instructif.

— Je vous laisse le temps de vous préparer, mais la prochaine fois, si vous êtes en retard, vous serez priver de déjeuner !

— Oui, oui, désolé, j'arrive.

Après m'être brossé les dents et laver le visage, je le rejoins pour prendre le petit déjeuner (moins copieux que la maison).

— J'ai appris un truc intéressant, dis-je en mangeant une tartine de pain.

Le professeur Laine hausse un sourcil.

— Ah oui, lequel ?

— Selon la tradition, dans toute la galaxie de Gil Galad, vous choisissez votre futur compagne ou compagnon, seulement si vous ne pouvez pas lire ses pensées ou le contrôler... Est-ce que vous ne pouviez pas contrôler la femme que vous aimiez ?

Il me fusille du regard.

— Je veux simplement savoir si cette histoire est vraie ou fausse ! Répliqué-je avant qu'il ne me sermonne. Mon père m'a choisi une fiancée... Si cette tradition est exacte, alors je pourrais refuser de l'épouser. Le droit de renonciation, selon la tradition !

— Océane n'est pas un sang-pur, elle n'est même plus cirthiane, et vous devriez ne pas faire confiance à votre entourage.

— Et vous, vous pourriez arrêter de lire mes pensées !

— Je vous l'ai dit, vous pensez tout haut ! Je n'ai même pas à utiliser mon don !

J'avale mon bol de lait d'un seul coup et me lève d'un bond.

— Alors apprenez-moi à utiliser mes dons sur le champ !

Il se lève et me fait signe de le suivre.

Nous traversons le jardin jusqu'à une bâtisse. Un garage où se trouve une voiture grise. Nous la contournons et empruntons un escalier. Il est très long, j'ai l'impression de descendre dans les profondeurs de la terre. Bientôt, je me retrouve en plein cœur d'une immense grotte.

— Il n'y a pas de caméra de surveillance ici. Vous serez libre de vos mouvements. Bien, asseyez-vous et méditer.

— Pardon ?

— Vous avez compris ! Vous allez méditer ! Faire le vide dans votre esprit pendant dix minutes.

— Faire le vide dans mon esprit, dix minutes ? Ok...

Je m'assois aussitôt sur le sol glacé. Je ferme les yeux, je ne pense à rien pendant un moment, mais bien vite, je repense à ce qu'il m'a dit au sujet d'Océane, elle n'est plus cirthiane ? Il voulait dire quoi ?

Je reçois brusquement un coup à la tête. J'ouvre les yeux, le bougre, il m'a donné un coup de poing à la figure !

— J'ai dit dix minutes ! Vous n'êtes même pas capable de rester une minute sans rien penser ! Dix minutes, monsieur Flame !

Je serre les poings, enragé. J'aurais préféré être dans un monde où personne n'avait de pouvoirs ! Et tout ça pour quoi ? Entrer dans une École d'Initiation pour devenir je ne sais quel « Commandor » !

— Je vous entends toujours, monsieur Flame.

— Ah ouais, alors si vous m'entendez toujours, vous avez compris que je ne veux rien de tout ça ! L'École d'Initiation, je m'en tape !

— Alors, qu'êtes-vous venus faire ici ? Vous auriez pu quitter cette demeure avec madame Feather, renoncer à cet apprentissage !

— Je n'avais pas le choix !

— Nous avons toujours le choix, monsieur Flame !

Je mords mes lèvres, le souci c'est que je n'ai pas envie de me retrouver seul dans un monde que je ne connais plus !

Le professeur Laine s'accroupit pour me fixer.

— Monsieur Flame, le « Commandor » n'est pas le Commandor, ce que vous avez vu la dernière fois explique beaucoup de choses. Nous devons l'arrêter et nous n'y arriverons pas sans vous.

— Qu'est-ce que vous me racontez encore ?

— Apprenez d'abord à maîtriser vos pouvoirs si...

— Oui, je sais, si je veux que vous répondiez à mes questions. Bon, très bien, je vais le faire ! Uniquement parce que vous êtes trop mystérieux et que vous en savez plus que vous ne prétendiez !

Je ferme les yeux, j'essaie d'écouter ce qui m'entoure, pour me concentrer sur une seule chose, mais bon, d'où l'on est, je n'entends rien à part la respiration du vieux. Au bout d'un moment, je ne pense à rien, et tout devient noir dans mon esprit.

Je reçois subitement un coup sur le front.

— Aïe, quoi encore ?! crié-je.

— Le temps est écoulé. Cette fois, vous allez devoir arrêter les cailloux que je vous enverrai par la pensée.

— Quoi ?

Plusieurs cailloux s'élèvent soudainement autour de lui, mes yeux s'écarquillent lorsqu'elles se dirigent sur moi à l'instar de flèches. Je me lève et me protège le visage avec mes bras.

— Décevant, monsieur Flame.

Les cailloux tombent un à un au sol.

— Quoi, fulminé-je, vous voulez que j'arrête tout ça, alors que je ne sais même pas comment faire ?!

 — Il suffit juste de le souhaiter !

Sans prévenir, voilà les boules de pierre qui s'élèvent derechef. « Il suffit juste de le souhaiter ! » a-t-il dit. Je ne me cache pas cette fois et fixe la première boule, je me concentre et elle s'arrête juste devant mon nez. Malheureusement, les autres pierres me frappent et il n'arrête pas de m'en envoyer ! J'observe une autre, puis une troisième, je ne peux pas les arrêter toutes ensemble ! Mais brusquement, elles s'affalent.

— Vous allez reprendre la méditation maintenant.

Je le regarde, étonné. Je ne comprends pas ce qu'il veut m'apprendre.

— Je suis votre éducateur ne l'oubliez pas, faîtes ce que je vous dicte !

Je m'assois de nouveau et médite. Une dizaine de minutes plus tard, c'est encore une séance de cailloux « fléchettes » qui m'attend. Nous continuons ainsi, alternant entre la méditation et le lancer de cailloux, jusqu'à la nuit tombée.

Je m'allonge sur mon lit, je ne pensais pas qu'utiliser ces pouvoirs psychiques m'épuiserait autant. Éreinté, je sombre dans le sommeil.