Ch 21: Comment se faire des amis (Partie 3)

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Inconsciemment, Lin Ming s'était mis à suivre le mouvement des trois jeunes et à taper sur le rebord d'un bol de pousses de bambou sautées au porc avec ses baguettes. Il écoutait attentivement ce que lui dictait Yuan Sunjie, assis en tailleur.

Le jeune disciple avait l'air de savoir ce qu'il disait et il semblait être un jeune maître prodigieux venant d'une respectable et noble famille. En soupirant, Lin Ming se disait qu'il n'avait pas de quoi s'en faire, que ce bel adolescent était certainement un prodigieux junzi, tant il était éclatant de détermination. Sous ses ordres, ses amis avaient installé des talismans de protection partout autour de la maison, alors Lin Ming se sentait rassuré.

Évidemment, les talismans n'étaient que des leurres pour convaincre Lin Ming, car les apprentis ne pouvaient pas les activer sans jiedan. À cet instant, ce n'était rien de plus que de simples morceaux de papier badigeonnés d'encre, sans aucun pouvoir réel.

Or, se retrouver avec ces trois jeunes chez lui ce soir, convenait très bien à Lin Ming. Toutefois, quelque chose le démangeait et le grattait, bien qu'il était incapable de dire ce que cela pouvait être.

Tandis qu'il fixait distraitement Yuan Sunjie, il vit le sourire malicieux de celui-ci se changer radicalement en une moue sérieuse. Son corps et ses poils se redressèrent. Ses yeux virent les lèvres de l'adolescent articuler ces mots, un à la fois :

« Elle est ici ! »

Sous le choc, les cheveux de Lin Ming se redressèrent et des gouttes de sueurs réapparurent d'un seul coup sur son front. Ses coups de baguettes se mirent à cogner si fort et si vite qu'on aurait cru que le bol aller se briser.

Lentement, ses petits yeux suivirent le regard de Yuan Sunjie, son cou grinçant comme une vieille serrure rouillée.

Son sang ne fit qu'un tour !

Il crut que son coeur allait cesser de battre quand il vit de ses propres yeux, et de bien plus près qu'il ne l'aurait cru, le spectre effrayant de Linglin qui titubait déjà dans la cour. En moins de temps qu'il faut pour qu'une ombre bouge d'un centimètre, et elle serait là !

« AAAHH !!! »

La peur était tellement immense, que Lin Ming ne put s'empêcher de pousser un cri, mais soudain Yuan Sunjie se mit à crier plus fort que lui pour l'empêcher de prendre ses jambes à son cou.

« ASSEYEZ-VOUS ! CE SERA BIENTÔT FINI ! »

Puis il baissa le ton.

« C'est Linglin ! Votre épouse bien-aimée, vous l'aimiez n'est-ce pas ? Rappelez-vous que ce n'est que Linglin ! À moins que vous ne nous ayez pas tout raconté et que vous avez tué Linglin ? »

Lin Ming sursauta et s'exclama vivement :

« Mais je n'ai pas tué Linglin, qu'est-ce que vous racontez là ? Elle est vraiment morte de la maladie et... Aaah !!! ELLE EST LÀ ! QU'EST-CE QUE JE FAIS !? QU'EST-CE QUE JE FAIS !?!
— Ne bougez pas et fermez les yeux ! ordonna Yuan Sunjie.  N'arrêtez surtout pas de taper ! »

Inconsciemment, son sourire en coin était naturellement revenu et s'étirait de plus en plus de l'autre côté.

Le spectre de la défunte épouse de Lin Ming n'était maintenant qu'à trois pas de la nourriture posée par terre. Les yeux du commis du boucher se fermèrent comme des huîtres à perles.

Les visages de Wang Xiao et Ying Luo étaient blêmes, mais ils avaient le coeur solide. Ils continuaient à regarder le spectre s'approcher jusqu'à s'arrêter à seulement quelques centimètres de la nourriture posée devant la porte.

L'Éternité d'Une SecondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant