Ch 24: Comment faire preuve de gentillesse, selon le Junzi.

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Le chef des marins écarquilla des yeux consternés devant ses incisives délogées et se tourna vivement vers la personne qui l'avait attaqué par surprise.

Yuan Sunjie secouait sa main et le regardait de haut d'un air effronté.  Il avait un coin de la bouche relevé comme s'il se moquait de lui de manière flagrante. 

« Atthh...??...  Ahhthaquez leuu !!! » cria le chauve en le pointant du doigt. 

Ses trois complices firent un pas en avant, loin d'être intimidés par ces gamins.

« Affaquez ! Athathez-les !!!, vociféra le chef en bavant tel un vieux bébé laid et chauve.  
—  J'ai manqué à la bienséance, n'est-ce pas shixiong ? demanda Yuan Sunjie en se tournant vers Ying Luo.
—  Tu aurais dû inviter ton adversaire au combat avant de l'attaquer ou tu aurais au moins dû le prévenir avant d'attaquer, répondit Ying Luo. Mais au combat, nous ne connaissons qu'une seule règle d'or, nous autres Bambous...
— C'EST QU'IL N'Y A AUCUNE RÈGLE !!! » braillèrent les trois adolescents d'une même hargne.

À la seconde suivante, ils se jetèrent les uns sur les autres, balançant des coups de pied et des pains. Voyant venir sa défaite, le chef se leva et courut loin de ces énergumènes en soulevant un nuage de poussière, abandonnant ses hommes derrière sans se retourner une seule fois.

Les adolescents se battaient contre trois hommes adultes qui les dépassaient de plusieurs têtes, mais qui étaient incapables de poser un seul doigt sur eux. De fait, ces jeunes étaient beaucoup plus entraînés au combat et ils étaient en train de donner une raclée monumentale à ce trio de grands idiots. 

Or, quelques minutes plus tard, le vieux bébé laid au chicots en moins revint avec un groupe nettement plus impressionnant. À dire vrai, il avait rameuté quasiment tout son équipage dans sa totalité. Cette fois-ci, le groupe de marins était beaucoup plus important. Ils étaient à peu près une quarantaine d'hommes bien faits. 

Autour de la place des marchands de fruits confits, une petite foule s'était ameutée et les commentaires allaient bon train.

« Ce sont des barbares du sud. Qu'est-ce qu'ils vont faire d'après toi ?
—  Ils restent beaucoup trop de temps en mer, ils n'ont aucune manière ces gens-là quand ils posent pied à terre. Ils se croient tout permis et ne causent que des problèmes !
—  Ma sœur m'a raconté qu'ils ont extorqués de l'argent à plusieurs marchands et aux commerçants du marché.  En plus, ils n'ont toujours pas payé l'aubergiste pour toute la nourriture et le vin qu'ils consomment chez lui depuis qu'ils sont arrivés.
—  Ils passent leurs temps à jouer pour de l'argent, à cueillir les fleurs et à piétiner l'herbe* avec ces filles des rues* !
—  Ils volent même des enfants !  Je l'ai vu de mes propres yeux !  Ils se croient tout permis ! Il est temps que quelqu'un leur donne une bonne leçon.
—  Mais il n'y a que trois apprentis de la secte du Bambou de Jade. Ce ne sont encore que des jeunes pousses !
—  Tu trouves qu'ils ressemblent à des pousses ordinaires toi ? » répondit l'aubergiste à son voisin.

Les trois hommes qui s'étaient battus avec les adolescents étaient maintenant allongés par terre, leurs dos servant d'assises à leurs dominateurs qui attendaient patiemment, comme s'ils savaient que le chef allait revenir.  Xia Shuibo mangeait même des fruits confits, assis sur un dos.

« Th'est eux !  Thuyez-les moi ! »  C'était à peu près ce qu'a dit le chauve, lorsqu'il réapparut en pointant un doigt sale vers eux.

Personne ne bougea.

« Ce sont des gamins, Royos » observa l'un des marins. Le grand costaud qui avait parlé semblait agacé, certainement irrité d'avoir était traîné ici pour quatre têtards.

L'Éternité d'Une SecondeWhere stories live. Discover now