Ch 31: Intrus

124 18 0
                                    

Quand Yuan Sunjie parvenait à s'éclipser et à revenir au bassin des renards, il leur ramenait souvent de la nourriture et des sucreries. Le jeune adolescent leur donna un nom à chacun :
« Sept-Roux, le petit curieux. Huit-Gris, la grande sœur protectrice et Neuf-Blanc, le chef. »

Yuan Sunjie les trouvait extrêmement adorables et il développa une grande affection pour ces animaux. À la longue, les trois avaient fini par s'habituer à sa présence et par l'adopter également. Étant le plus câlin des trois, Sept-Roux devint son préféré. C'était le seul à le laisser jouer avec ses queues incroyablement touffues et pelucheuses qui le rendaient gaga. L'adolescent aimait saisir ses anémones mouvantes pour y enfouir son visage. Quand Sept-Roux avait marre de ces pitreries, Yuan Sunjie lui grattait alors le ventre et les oreilles pendant qu'il se laissait dorer sous le soleil de printemps.

Ne voulant pas que sa trouvaille ou ses escapades ne soient découvertes, Yuan Sunjie se résigna à espacer et à écourter ses visites. À chaque fois qu'il revenait de son entraînement du bassin, il s'écroulait de sommeil dès qu'il posait la tête sur son oreiller. Dorénavant, Yuan Sunjie, Ying Luo et Wang Xiao mangeaient ensemble presque chaque soir. Ses deux amis avaient quasiment élu domicile chez lui, sauf qu'ils devaient souvent rentrer dans leurs propres demeures s'ils ne voulaient pas se faire prendre par les surveillants. Il dormait bien mieux, grâce à leur compagnie et ses insomnies avaient drastiquement diminué.

Pour Yuan Sunjie, tout allait mieux.

Or, un soir après le dîner et quelques parties de cartes avec Ying Luo, Yuan Sunjie dormait paisiblement quand il fut tiré d'un profond sommeil par une sensation qui lui hurlait dans la tête.

« Il y a un esprit ici ! » s'époumona-t-il en se réveillant en sursaut.

Ses yeux s'ouvrirent en grand et son corps se redressa d'un bond, le coeur battant la chamade. Son système d'alerte naturel s'était déclenché, ses poils s'étaient redressés sur tout le corps. Il secoua Ying Luo à côté de lui.

« ...Hmm ? » marmonna Ying Luo en essuyant de la bave de sommeil.

Yuan Sunjie sauta hors du lit. En moins de temps qu'il lui prit pour cligner trois fois les yeux, il claquait sa porte et sortit dans la nuit silencieuse.

La lune était à son plus haut. Il voyait parfaitement clair grâce à sa lumière et ses sens étaient aux aguets, affûtés. Il tendit l'oreille et écouta. Rien. Il fit demi-tour pour retourner dans la maison et cria en direction des escaliers :
« Ying Luo ! Rejoins-moi dans les quartiers Zhu ! Aux dortoirs de la Cour Intérieure ! »

Avant de sortir, il attrapa une bourse contenant un miroir Qiankun, puis courut jusqu'aux quartiers des disciples situés dans la partie ouest du Pavillon du Bambou. Ses pas raisonnèrent bruyamment sur les pavés, brisant le silence de la nuit. Il chercha partout du regard et tendit les oreilles, mais il ne trouva toujours aucun indice, ni de signe. Ne croisant personne sur son chemin, il sprinta jusqu'aux dortoirs des disciples, pourtant là encore, il ne trouva rien.

Changeant d'avis, il se dirigea vers les dortoirs des invités, mais ne décela rien là-bas non plus. Le Pavillon dormait à poings fermés, hormis pour quelques âmes bosseuses qui brûlaient l'huile pour prolonger le jour*.

C'est alors que Ying Luo rejoignit Yuan Sunjie au milieu de la place :
« Tu as trouvé quelque chose ?
—  Non, rien.
—  Tu es sûr de toi ?
—  Crois-moi, je ne me suis jamais trompé, affirma Yuan Sunjie en tendant les oreilles. Viens, suis-moi. »

Ils coururent vers les jardins d'hortensias, mais firent encore chou blanc quand enfin, une cacophonie s'éleva brusquement, chassant d'un élan le calme autour d'eux. Des bruits de cloches sonnèrent l'alarme du côté des dortoirs des apprentis cette fois-ci. Immédiatement, ils se mirent à sprinter en direction des voix dans les quartiers Ju*, la partie sud du Pavillon du Bambou.

L'Éternité d'Une SecondeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora