Ch 27: Détaler comme un lapin, une lanterne à la main

152 23 19
                                    

Tard dans la nuit, ou plutôt très tôt au petit matin, le trio reprenait le chemin du Pavillon avec beaucoup de peine. Le retour depuis le pied du volcan était une épreuve atroce pour Ying Luo et Wang Xiao, ivres tous les deux, ayant profité du vin offert par les autres. Xia Shuibo les avait longtemps abandonnés après le repas. 

Wang Xiao avait du mal à marcher droit et Ying Luo se remettait doucement grâce à l'air frais du volcan. Ils arpentaient un chemin sinueux au fond d'une forêt de bambous et marchaient en faisant beaucoup de bruit sur leur passage. Puisqu'aucun d'entre eux ne savait annihiler l'alcool dans leur corps et qu'ils ne pouvaient pas ne pas rentrer au Pavillon du Bambou au risque de se faire renvoyer pour désertion, ils n'avaient pas d'autres choix que de repartir à pied jusqu'au sommet du volcan.

« Je suis soûl ! déclara Wang Xiao en s'arrêtant net dans sa marche.
— Wang Xiao ! Moi aussi je suis soûl ! » annonça Ying Luo à son tour en haussant la voix.

Yuan Sunjie soupira et secoua la tête. Il détestait l'alcool pour cela précisément. Il n'aimait pas voir les gens dans cet état. Ça lui rappelait des souvenirs moins agréables de Shi Chang.

Sur un air hautement agacé, il leur aboya dessus à en perdre toutes les bonnes manières et les règles de bienséance apprises jusque-là à la secte :
« Bougez vos culs ! Plus vite vous arriverez au sommet, plus vite vous aurez dessoûler ! »

Wang Xiao et Ying Luo s'attrapèrent tous les deux par les épaules et firent une révérence devant Yuan Sunjie.

« OUI CHEF !!! »

Ils avancèrent encore de quelques pas, mais Wang Xiao était trop heureux pour être obéissant. Il dévoila en penchant la tête en arrière et ouvrant en grand les bras :

« Yuan-xiong ! J'ai trop chaud !  J'ai envie de courir tout nu ! »

Ying Luo se tourna vers lui d'un air goguenard.

« Baichi* ! T'as qu'à enlever tes vêtements ! lui dit-il.
—  Enlever mes vêtements ? répéta Wang Xiao en titubant et en considérant la chose.
—  Retire tes vêtements si tu as chaud...
—  Tous mes vêtements ?
— Beh oui ! »

Yuan Sunjie, qui marchait derrière eux pour les faire avancer à coups de pieds en suivait leur conversation, ne put s'empêcher de sourire en secouant la tête de nouveau.  Il entendit Wang Xiao répliquer d'une petite voix :

« Mais... j'aurai froid... »

Ying Luo hocha la tête légèrement, prit une grande inspiration et souleva les épaules.

« Si tu as froid, tu n'as qu'à te mettre à courir. »

Yuan Sunjie se pinça les lèvres, rentra dans le jeu et ajouta :

« Aussi, tu arriveras plus vite au Pavillon...
—  Nooon ! s'exclama Wang Xiao en titubant. Yuan-gege* ! Ying-gege ! J'vais pas courir tout nu là !
—  Ce sera facile !  Tu as vu l'heure qu'il est ?  Allez P'tit Ballot, qu'est-ce qui peux bien t'arriver ?  Il n'y a personne ici ! »

Wang Xiao secoua la tête et refusa catégoriquement. Ying Luo et Yuan Sunjie insistèrent tous les deux, s'amusant chacun à son tour à le convaincre, sans vraiment y croire.

«  Nous sommes déjà loin de toute habitation, presque à mi-chemin du volcan.
—S'il y a des gens par ici, à cette heure si tardive, ils doivent déjà dormir depuis longtemps. »

Malgré ses réticences et après plus d'encouragements, Wang Xiao se déshabilla tout gaillard et se mit nu comme un ver, gardant seulement ses bottes. Il parut fier et soulagé de sentir l'air frais sur son corps et il révéla ainsi à ses amis qu'il était capable de relever leur défi. Faisant la moulinette avec son service trois pièces, il hua, les bras levés.

L'Éternité d'Une SecondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant