Ch 12: Une brise d'été dans le Monde Mortel

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Finalement, le grand jour était arrivé. Avant qu'ils ne se firent de longs adieux, Kaze lui rappela ses obligations et ce qu'il encourait s'il relâchait sa vigilance. Yuan Sunjie avait le coeur lourd et les nerfs en boule dès qu'il pensait à leur séparation, en dépit de sa hâte de retourner enfin chez lui après toutes ces années et de reprendre sa vie là où il l'avait laissé. Kaze le rassura en lui rappelant qu'il ne serait jamais bien loin.

« Pendant tous ces millénaires, j'ai attendu ta venue avec impatience. Yuan-sama, je continuerai de veiller sur toi de toutes les façons que je peux, même si je suis dans les Enfers. Nous nous reverrons très bientôt.
— Tu me manqueras Kaze. La nourriture de tous les pays, les jardins, la musique, tout me manquera ! Même ces démons loufoques vont me manquer !
— Je t'aurai bien laissé quelques serviteurs, mais c'est toi qui refuses, réfuta le Patriarche.
— Shifu saura aussitôt si des démons nous suivent, il est loin d'être dupe. Tu m'as promis Kaze ! Aucun démon. Jamais !
— Hai, hai... répondit la bouche de Kaze en faisant une moue triste. Sayonara, Yuan-sama.
— À bientôt Kaze ! corrigea l'adolescent. Tu me l'as promis !
— Je tiens toujours parole. À très bientôt, Yuan-sama... »

Afin de protéger son maître, Kaze veillerait sur Hundun dans les Enfers lorsque le jeune homme serait de retour dans le monde des mortels. Hundun contenait une partie des pouvoirs de Yuan Sunjie et le désir de Hundun était de ne refaire qu'un avec l'adolescent. Dans ce cas précis, cela signifiait de le tuer et prendre possession de lui. Pour éviter que ceci n'arrive, Kaze les garda tous les deux éloignés dans un monde différent.

Hundun se trouvait dans le Monde Mortel quand Yuan Sunjie était dans les Enfers. Ils échangeront leurs places le jour où le jeune homme rentrerait et Kaze resterait alors dans les Enfers pour tenir l'épée éloignée de l'adolescent, jusqu'à ce que ce dernier soit prêt à affronter Hundun. Afin que ce jour vienne et qu'il remporte la victoire sur l'arme de chaos, il devra mettre toutes les chances de son côté pour garder son humanité, or pour y arriver, il devait impérativement apprendre à dompter le Yang.

Kaze lui avait déconseillé de révéler à quiconque, même à Shi Chang, qu'il avait un jiedan et de garder ce fait secret, ainsi que le Sceau des Neuf Soleils fermé pendant quelques mois. Kaze avait pris des précautions supplémentaires. Avant de partir, il mit une entrave sur son sceau qui empêcherait le garçon de l'ouvrir durant les deux prochaines saisons. Cette protection devait le faire passer pour un mortel ordinaire, mais aussi donner le temps à son core de se stabiliser dans ce monde-ci. Il y avait un risque que le jiedan de Yuan Sunjie réagisse au contact du Yang qui circulait naturellement dans le Monde Mortel. Si cette réaction se passait mal, la transformation de Yuan Sunjie pourrait se remettre en marche. Cette nouvelle mesure de Kaze n'était que temporaire, le temps que son yin se stabilise dans le Monde Mortel. Un peu comme quand on laisse un poisson rouge s'acclimater à l'eau du bassin avant de le sortir de sa cuvette.

Enfin, le moment tant attendu arriva. Le Patriarche ramena le jeune homme près des berges de la rivière Yu. Quand Yuan Sunjie retourna à la tente, Shi Chang était toujours assoupi. Ravi de retrouver enfin son monde, l'adolescent couru vers la tente pour revoir son maître en riant, tant il était excité.

Tout le temps qu'il avait vécu dans les Enfers avait été comme s'il n'était jamais parti. Lui-même n'avait pas grandi, ni changé physiquement malgré toutes ces années qu'il avait néanmoins senti s'écouler. Il ne pouvait dire exactement combien de temps il avait passé dans les Enfers, mais toutes ces années ne représentaient qu'à peine une seconde dans le Monde Mortel. C'était comme s'il n'était jamais parti ou que le temps s'était arrêté sur terre quand il n'était pas là. Dans un battement de cils, à la manière d'un élastique tendu soudain relâché, cette centaine d'années se comprima en un instant dans sa tête. En un clin d'oeil, cent ans se condensèrent en une seconde, et fort heureusement, il en garda tous les souvenirs. Lui pourtant, avait l'impression de ne plus être le même qu'il était auparavant et d'avoir changé depuis le temps.

L'Éternité d'Une SecondeWhere stories live. Discover now