Ch 28: Le petit Bodhisattva

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C'était grâce au réveil du jiedan de Qian Ling que les liens d'amitié entre la secte du Bambou de Jade et du Tigre Blanc ont été tissés au fil du temps.

Shen Shuwen et Zhu Yazhu avaient ramené les pouvoirs spirituels du petit Qian Ling avec eux au Mont Zhu, sous la forme de neuf renards. En attendant de les récupérer, Qian Ling devait apprendre à maîtriser le peu de qi restant dans son noyau, ce qui était déjà énorme pour un si petit corps de cinq ans. Ainsi, le temps passa.

Quelques années à peine après cette découverte, une petite délégation de la secte Bambou de Jade et de la secte Yeux Noirs, du désert de Shazhou, se retrouva dans la demeure de la secte prestigieuse du Tigre Blanc à l'occasion d'une célébration festive. Un grand banquet se tenait dans la grande demeure qui avait pour nom la Tour d'Eau, cachée dans un grand rideau de cascades surnommées les Chutes Blanches.

C'étaient les fiançailles du fils du duc de Yelang, le petit Qian Ling, et de la petite princesse Huang Chenxi, à cet instant, tous deux occupés à renifler des feuilles séchées et des écorces dans des petites fioles et quelques boites multicolores à plusieurs lieues de là, loin de la Tour d'Eau.

Dans une tour isolée et éloignée, entourée du bruit de l'eau de tous côtés, on pouvait entendre :

« Celle-là sent moins bons que la troisième et la cinquième fiole. La note de coeur est beaucoup trop forte. Elle surpasse trop la note de tête, mais attends ! fit Qian Ling, un doigt levé, les yeux fermés et le nez au-dessus d'un flacon. Le parfum du bois de santal est tenace, alors si tu l'ajoutes à du jasmin ou à des agrumes, ce sera bon ! »

Le visage de Qian Ling était aussi irrésistible qu'une brioche vapeur, doux comme le laiteux du duvet d'un poussin blanc et aussi lumineux qu'un Doufubao. Sous ses sourcils affectueux, il avait de grands yeux larmoyants, un regard déterminé d'où l'on pouvait trouver des yeux d'un noir intense, brillants comme des diamants et aussi doux que du velours. Deux petites joues bombées légèrement rosies entouraient une minuscule bouche concentrée qui semblait faire la moue. Malgré son jeune âge, il était doté d'une beauté céleste et, sans conteste, hors du commun.

L'enfant pinçait ses lèvres fines, au point où elles se mirent à briller avec autant d'éclat qu'une belle cerise mûre. Il savait pourquoi il portait des vêtements différents de ceux qu'il avait l'habitude de porter tous les jours, mais cela ne l'arrêtait pas dans ses jeux.

C'était vraiment un très bel enfant et il serait passé pour sage et discipliné s'il n'était pas déjà trempé des pieds à la tête. Mais, de cela non plus, l'enfant ne semblait pas s'en soucier.

La petite fille quant à elle, avait un visage comme un petit oeuf de caille avec un front plat, des sourcils capricieux, perchés sur un nez en trompette et une bouche qui semblait tyrannique. On pouvait deviner en voyant son visage qu'elle serait sans nul doute une beauté fulgurante à venir.

Ses longs cheveux étaient entièrement nattés et coiffés de fleurs de jasmin. Autour de son cou, un lourd collier d'oeillet, de fleurs d'osmanthe et de jasmin pendait en répandant un parfum doux et agréable. Parce que ce jour était spécial, elle portait des vêtements raffinés et brodés de motifs de lune et de fleurs d'osmanthe. Ses robes étaient soyeuses et assez légères pour lui permettre de jouer dans l'eau à son aise. Ses pieds nus, blancs comme des grains de sable fin, étaient parés d'anneaux d'argent qui étaient silencieux tant qu'elle ne courait pas. À ses poignets, des anneaux dorés reflétaient la lumière du jour et éblouissaient les yeux qui étaient attirés par son éclat.

Elle clignait de ses yeux en amande, maquillés délicatement et entourés de longs cils noirs, regardant Qian Ling avec impuissance.

« A-Ling*...! Je ne comprends pas ! Je voulais juste faire un mélange de fleurs séchées pour offrir à Qian-Jiejie! Dis-moi juste lequel sent meilleur pour l'offrir à ta sœur !
—  Pourquoi tu t'y connais autant en plantes et en fleurs A-Ling-ge ? », répliqua une voix boudeuse qui surgit soudain dans leur dos en faisant clapoter ses pieds sur l'eau, pla, pla, pla.

L'Éternité d'Une SecondeWhere stories live. Discover now