L'Éternité d'Une Seconde

Bonus : Kaze et le Faiseur de Pluie (3)

Sachant les capacités de Kaze à se déplacer et à transporter des corps volumineux plus vite qu'un battement de cils, les hommes se retirèrent à bonne distance de lui. La bataille entre les immortels et Kaze n'avait fait que commencer.

Un groupuscule d'immortels venant des contrées du Sud sacrifia simultanément leurs vies en liant leurs jiedans entre eux, les extirpèrent de leurs corps pour les faire fusionner en un gros soleil noir. L'astre noir monta très haut dans le ciel et avala la lumière du jour en se mettant devant le véritable soleil en même temps que les corps inertes des immortels tombèrent au sol.

Surpris au début, Kaze s'exclama :
« Je ne vois pas dans quel but vous sacrifiez vos vies pour priver la terre de lumière, mais j'admets que vous titillez ma curiosité. Vous êtes tous rassemblés ici pour vous battre contre moi avec juste un peu d'eau bénite, c'est pourquoi je vous en ai tant rapporté !..., raconta Kaze aux convives du Mont Zhu à qui il comptait l'histoire autour d'un saké. Ensuite, je me suis avancé vers leur belle cité sous cloche parce que c'était joli à regarder, vous voyez. Un gros bol en verre renversé sur les contours d'une ville et d'un beau palais avec de l'eau qui dansait tout autour. Vraiment, c'était pas mal ! »

Tandis qu'ils écoutaient le récit de Kaze, Yuan Lie se gifla le front et se dit qu'il devrait passer plus de temps à lui apprendre à discourir avec humilité. Même trois ou cinq mille ans plus tard, Kaze n'avait pas changé sa personnalité d'un seul cheveu. Il restait le même arrogant qu'à l'époque !

« Ah j'imagine bien !, enchérissait Wang Fei, Complètement plongé dans le récit de Kaze. Ensuite ? Pourquoi ils ont créé ce soleil noir ?
— Ces salauds étaient malins ! Le but n'était pas de m'affecter directement moi, mais de s'en servir pour me faire du chantage. Ils avaient une théorie que j'aimais des choses dans le Monde Mortel et c'étaient ces choses qu'ils visaient.
— Quelles étaient ces choses ? » demanda Wang Fei, se penchant en avant, exposant sa flagrante curiosité.

Kaze répondit par un grand éclat de rire. Wang Fei surprit, sursauta, réalisant à quel point sa question était sotte. Comme si le Patriarche des Enfers allait révéler sa faiblesse devant les chefs du Bambou de Jade ! Intérieurement, Wang Fei se gifla, se sentit soudain embarrassé, rougit et baissa les yeux.

Sa naïveté innocente l'amusait, alors Kaze poursuivit son récit :
« Je leur ai demandé : ''Combien de temps cette chose va rester ? Sans soleil, ne craignez-vous pas de pousser la Terre au bord du précipice ? Les plantes mourront sans la nourriture du soleil, les animaux n'auront plus de quoi se nourrir et ils perdront la tête, les esprits qui rôdent la surface seront déstabilisés ; ils déclencheront sûrement toutes sortes de catastrophes qui tueront encore plus d'hommes. Voilà un terrible génocide que vous prévoyez.'' »

Wang Fei émit le bruit d'une aspiration. Ce n'était pas du tout cette version qu'il avait entendue.

Kaze poursuivit :
« Évidemment, le groupe d'en face n'a pas tardé à me balancer des sorts et des sortilèges. Leurs longues petites chaînes sortaient de leurs corps pour tenter de m'emprisonner. À un moment, ils ont même réussi à les enrouler autour de mes chevilles et de mes jambes. Elles piquent et surprennent, c'est bien vrai, mais c'était facile de s'en défaire une fois qu'on a compris le truc. Suffit d'inverser le champ magnétique et les chaînes font marche arrière ! Au lieu de sortir d'un côté, elles repartent et sortent par l'autre côté, vous comprenez ? Vous comprenez où elles ressortaient ? Les pauvres, vous les auriez vus ! Ils se sont faits empalés par leurs propres chaînes !, rigola Kaze en portant un autre verre à ses lèvres. Mais j'admets qu'ils étaient bien entraînés et ils avaient de bonnes idées à l'époque pour me tenir éloigné. »

Il avala une nouvelle gorgée et poursuivit :
« Un des groupes qui était venu d'un pays voisin et qui pratiquait la maîtrise de l'eau m'a pourchassé avec l'eau que j'avais amené avec moi. C'était pire qu'un chien enragé ! Ça m'apprendra mon arrogance. Tout un peuple de cultivateurs s'est réuni pour m'emmerder avec cette espèce de serpent affamé. Les autres qui les accompagnaient apprirent leurs mouvements et le mantra, et ça n'a fait qu'énerver encore plus cette anguille d'eau. Une eau sacrée, c'est une chose, mais deux eaux consacrées, c'en est une autre ! C'était la première fois de ma vie que j'ai autant couru ! Parce qu'ils ne m'attaquaient pas juste avec de l'eau bénite ! C'était un vrai parcours de combattant ! J'ai couru dans du feu, à travers des tonnerres et des tempêtes de neige aux flocons acérés et des pièges qui m'ont choqué comme des éclairs. C'était vraiment amusant !