La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯✯ ©

06 - Alexandre

Alexandre

Dimanche 3 février

Buckingham Palace

Mes pensées étaient ailleurs, installé là dans le canapé en velours rouge. Affalé serait peut-être plus approprié tant ma tenue s'approchait plus d'une position allongée qu'assise au fil des secondes.

J'aurais aimé qu'elle fût là. J'aurais aimé tout lui partager. Mais même si la royauté ne faisait pas partie de ma vie, je n'étais pas certain que sa présence eut été approuvée pour ce genre d'occasion. C'est une activité entre frères, ou entre témoin et futur marié. Il n'y avait pas de femmes, pas même dans l'équipe de notre couturier attitré.

— Alex, soupira Ed depuis la petite plateforme d'où il se tenait, serait-ce trop difficile de m'accorder ta pleine et entière attention durant les deux prochaines heures ?

— Pardon.

Je secouai la tête avec l'espoir vain de l'enlever de mon esprit, j'en profitai pour me redresser un peu. Je ne devais pas avoir la posture digne d'un prince jusque là. Je n'avais pas envie que ça revînt aux oreilles de maman. Que son fils cadet se tint mal devant les employés ? Sacrilège !

— Il m'est facile de t'excuser quand je vois le sourire sur ton visage.

— Ne sois pas comme Sophie, le suppliai-je presque.

— Comme Sophie ?

— À chercher des informations, à jouer au détective.

Edward était prêt à répondre, mais l'un des hommes le pria de lever les bras pour prendre certaines mesures. Lorsque cela fut fait, il ne se priva pas de reprendre la parole.

— Pas besoin de jouer au détective, je n'ai qu'à contacter les services de renseignements.

— Oh non, pitié, ne me parle pas d'eux. J'ai déjà dû empêcher maman d'y avoir recours l'année dernière. C'est beaucoup trop tôt. Et puis, je préfère lui en parler avant de lancer la procédure.

— Tu sais que ça finira par se faire ? Tu ne peux pas échapper à ça. Quoi qu'il arrive, le passé de ta petite amie sera disséqué.

— Je sais.

— Et il vaut mieux le faire avant que la presse ne soit informée de son existence.

— Je sais. Ed, je sais tout ça. Mais ça fait une semaine qu'on s'est remis ensemble et je me vois mal avoir cette discussion dans l'immédiat.

C'était délicat. Comment lui expliquer qu'elle était obligée de passer par cette case si elle voulait... enfin, si on voulait. Bref. C'était compliqué, parce qu'en plus ça ne l'impliquait pas qu'elle, mais aussi les membres de sa famille et ses plus proches amies.

— Oui, et puis ce n'est pas très romantique à l'approche de la Saint-Valentin.

— Oh bordel ! m'exclamai-je avec effroi. La Saint-Valentin... Je l'avais totalement zappé !

— Comment as-tu pu zapper la fête des amoureux ?

— J'ai mille et une raisons à cet oubli.

— Qui sont ?

— Eh bien, d'abord, il y a eu ma séparation avec Jade qui, comme tu ne le sais que fort bien, m'a pas mal chamboulé. Puis il y a eu tout le stress des examens, en sachant que j'étais toujours triste à cause de la première raison mentionnée. Et puis je me suis remis avec Jade il y a une semaine à peine. Ça fait beaucoup de changements et de bouleversement émotionnels en très peu de temps, alors je t'avoue que savoir quelle date nous sommes m'importe peu.