29 - Alexandre

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Alexandre

Samedi 11 mai

Londres

— Tu es prêt ?

Je regardai mon frère dans le miroir. Il était bloqué dans la même position depuis deux minutes, se fixant sans presque ne jamais cligner des yeux. Il s'était figé au moment même où l'habilleur avait fermé la porte derrière lui. Je n'avais rien dit au départ, pensant qu'il finirait par bouger ou même parler. Mais nous avions un timing très strict à réparer, il fallait donc que je le bouscule un peu au risque de voir l'un ou l'autre assistant débarquer et le faire à ma place.

— Oui, dit-il en soufflant. Je suis prêt.

— T'as déjeuné ce matin ? Je n'ai pas envie que tu t'évanouisses en plein milieu de la cérémonie.

— J'ai déjeuné. Pas autant que d'habitude, pour ne pas justement vomir de stress en plein milieu de la cérémonie.

— Pas bête.

Edward descendit du petit podium et se dirigea vers moi. Je lui tendis sa casquette de colonel qu'il enfila sans attendre. Ensuite, il releva le visage vers moi d'un air tendu.

— Alors, comment je suis ?

— T'as toujours la même tête de con, commentai-je nonchalamment.

Les traits d'Edward se liquéfièrent sur place, ce qui me poussa à reprendre la parole sans tarder.

— Frangin, je rigole voyons ! Tu es vraiment classe et canon. Cécilia va fondre en te voyant... enfin j'espère qu'elle ne va pas s'évanouir en voyant ta beauté, ça pourrait être gênant.

Edward leva les yeux au ciel avant de s'avancer vers la porte et de m'inviter à le suivre. J'espérais que mes mots avaient pu l'apaiser un peu, même si je n'étais pas sûr que j'aurais pu dire quoi que ce fut pour l'aider un peu à calmer ses nerfs... et il était bien trop tôt pour un verre de scotch.

Nous descendîmes les escaliers, puis atteignîmes la voiture dans laquelle nous montâmes sans attendre. Presque aussitôt, cette dernière se mit en marche et, bien avant qu'on s'en rendît compte, nous étions désormais dans les rues de Londres. Il y avait des foules de chaque côté de la route, derrière des barrières en fer, et des policiers étaient postés à égale distance, prêts à intervenir. Le peuple criait et applaudissait à notre approche, et Edward et moi nous saluâmes notre côté de la route avec un large sourire. C'était enivrant de voir à quel point notre famille était toujours aussi appréciée et soutenue au fil des décennies. Nous avions évidemment des opposants, mais c'était une toute petite partie de la population.

— C'est hallucinant, s'exclama Edward en se tournant vers moi. Je n'imaginais pas toute la ferveur du peuple avant aujourd'hui.

— Un jour, ce sera ton peuple, Ed. Et vu à quel point tu es applaudi aujourd'hui, je crois qu'ils t'aiment déjà. Tu feras un excellent roi... un jour lointain, très lointain, le plus lointain possible !

Je ne voulais pas penser à son accession au trône, car une telle chose ne pouvait arriver qu'à la mort d'une personne que nous aimions plus que tout au monde.

— N'empêche, réfléchis à ce que tu veux dire. Je suis sûr que nous sommes en train d'être filmés et qu'il y a des experts en lecture labiale qui doivent décrypter tout ce qu'on dit, lui appris-je en continuant à sourire.

Je tournai ma tête vers Ed qui acquiesça sans s'arrêter de sourire. Nous continuâmes ensuite de sourire et de saluer nos compatriotes dont les visages se succédaient à une vitesse hallucinante. La voiture arriva quelques minutes plus tard devant l'Abbaye de Westminster et nous en descendîmes. Je fus face à la foule de personnes qui s'étaient amassées derrière les barrières et je les saluai. Les applaudissements et les cris doublèrent de volume. Si je n'étais pas en train de sourire, leur joie aurait réussi à le créer sur mon visage.

La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant