Chapitre 8 : Âmes-sœurs

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Après cela, les évènements du reste de la nuit restèrent flous dans l'esprit d'Harry. Il se souvint d'être rentré à la Salle sur Demande où tous les huitièmes années l'attendaient sur le pied de guerre. Severus Rogue leur avait tout dit et Harry lui en était reconnaissant. Il avait réussi à expliquer les choses de manière à ce qu'elles paraissent ne dépendre que de la volonté d'Ilvermorny et de personne d'autre, ils n'avaient donc pas compris que tout cela avait été orchestré par la directrice.

En revanche, Hermione s'en était rendue compte et avait lancé un regard empli de tristesse et de colère à Harry. Elle en voulait à la directrice pour lui avoir fait cela, pour l'avoir trahi.

Mais le pire était sûrement la pitié qu'Harry avait lue dans les yeux de Malefoy, c'était le même regard qu'il aurait donné à un chiot en train de se noyer. Celui-ci avait tous les éléments en main pour comprendre et quand Hermione avait compris, il l'avait fait aussi.

Harry avait eu envie de le frapper et de lui hurler qu'il n'était pas faible et qu'il n'avait pas besoin de sa pitié. Mais il savait qu'au fond, la pitié du blond était seulement la preuve que celui-ci souffrait de le voir toujours empêtré dans des situations impossibles. Alors, il s'était retenu d'envoyer un coup dans sa mâchoire.

Il était resté un moment avec tout le monde, à écouter leurs plaintes et leurs recommandations. Des phrases vides de sens telles que : « fais attention à toi », « méfie-toi de Voldemort », « si Severus Rogue vient avec vous, surveille-le, il était un Mangemort dangereux auparavant »...

Les membres de l'A.D. ne voulaient pas qu'il parte mais Harry savait qu'au fond, tout au fond, ceux-ci étaient soulagés de le voir emmener Voldemort.

C'était cruel de penser cela mais c'était la vérité. Il n'avait pas besoin d'être Legilimens pour voir dans leurs yeux, dans leurs mouvements plus détendus, qu'ils étaient rassurés de voir Voldemort partir, même si cela devait être avec lui. Ils avaient vécu des horreurs, avaient perdu leurs parents à cause de cette guerre. Harry savait qu'ils ne pourraient jamais pardonner à Tom Jedusor et qu'ils étaient rassurés de savoir que celui-ci serait loin d'eux pendant un long moment.

Cela lui faisait mal au cœur mais Harry l'avait toujours su et c'était pour ça qu'il n'avait jamais été franc avec eux en leur parlant de ses problèmes, de son enfance, et de ses pouvoirs magiques instables. Cela faisait presque dix ans maintenant, et même après tout ce temps Harry n'avait jamais réussi à s'intégrer au groupe.

Il les dirigeait pendant la guerre. Il les avait soutenus et il ne les aurait jamais trahis, mais ce n'était peut-être pas réciproque. Non, ses amis l'aimaient, il en était sûr mais ils aspiraient au calme et à la liberté et en restant avec eux, Harry les condamnait à supporter son rythme de vie infernal et il ne le voulait pas, il ne souhaitait être un poids pour personne et c'était le sentiment qu'il avait avec ses amis, même les plus proches.

Il ne se sentait pas à sa place parmi eux. Parfois, il pouvait voir chez les Serdaigle une lueur d'envie lorsqu'il exécutait un sortilège simple sans baguette, sans incantation. Les Poufsouffle adulaient le héros, le Survivant, mais ils le craignaient aussi. Les Serpentard, ou plutôt ce qu'il en restait, faisaient ce qu'ils avaient toujours fait, suivre la personne ayant le plus de pouvoir à leur portée. Enfin, les Gryffondor avaient essayé de toutes leurs forces de l'aider. Sans succès. Peut-être était-il temps d'arrêter les frais, peut-être que les Gryffondor seraient mieux sans lui.

Pendant toutes ses années à Poudlard, Harry n'avait pas une seule fois créé de lien assez fort pour que celui-ci dépasse son statut de Survivant, de héros ou, au contraire, de monstre. Hermione était la personne la plus proche de lui mais, même avec elle, il savait qu'il n'arrivait pas à être totalement en confiance. Ce n'était pas de la faute de ses amis... c'était lui, il craignait de les décevoir, de les effrayer, de les perdre.

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