Chapitre 22 : Voir la réalité en face

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Severus griffonna rapidement un mot qu'il adressa à Gabrielle Delacour, il préférait l'idée que Potter soit avec la jeune fille plutôt que seul à ressasser des pensées parasites sur le Seigneur des Ténèbres.

Harry Potter avait tendance à se renfermer sur lui-même lorsqu'il se sentait perturbé et le professeur de potions était bien conscient que c'est ce qu'il risquait de se passer, et il ne voulait pas voir Potter s'isoler volontairement du reste du monde pour penser à Jedusor. Cela ne ferait qu'empirer la situation, déjà précaire.

Il souhaitait les séparer pour qu'Harry puisse voir au-delà de l'influence qu'exerçait le mage noir sur lui, si au lieu de cela Potter s'isolait en attendant que la situation passe, ses efforts ne serviraient à rien. Harry devait se faire des amis de son âge, essayer de passer une dernière année d'études aussi calme que possible.

Rogue grinça des dents en se rendant compte de la tournure aberrante qu'avaient prise ses pensées. Jamais Potter ne pourrait passer une année entière sans provoquer de catastrophes. Il ne lui demandait pas l'impossible, mais si le gamin pouvait se contenter de se comporter comme un Gryffondor, en se plaignant des cours, en se bagarrant dans les couloirs et en disputant des matchs de Quidditch se finissant immanquablement à l'infirmerie, alors il s'estimerait déjà content.

Il préférait mille fois avoir à faire à un Gryffondor turbulent plutôt qu'au comportement actuel de Potter. Celui-ci agissait comme si tout le poids du monde pesait sur ses épaules et qu'à la moindre erreur... il serait puni en conséquence.

Sa méfiance constante envers les autres sorciers était presque douloureuse à observer, Severus savait que quelque chose perturbait Potter. Quelque chose de grave.

Pendant la guerre, il avait toujours pensé que la dégradation du moral d'Harry était due à l'enchaînement de malheurs dans sa vie ; la mort de son parrain, celle de Dumbledore. La prophétie pesant sur ses épaules... et même après la guerre, il s'était dit que la perte de son meilleur ami devait être la cause de l'état presque dépressif du brun, mais il devait se rendre à l'évidence ; Potter n'était pas seulement triste à cause des pertes qu'il avait subies.

Il était apeuré, terrifié par une chose contre laquelle il continuait de faire face. Il y a encore une semaine, Severus se serait rassuré en se disant que Potter avait juste peur du retour du Seigneur des Ténèbres et qu'il combattait cette peur en surveillant étroitement Tom Jedusor, mais aujourd'hui il avait eu la preuve que le lion n'avait pas peur du mage noir, qu'il ne le craignait pas et qu'il souhaitait même l'aider à ne pas redevenir ce qu'était Voldemort.

Harry Potter avait une certaine forme d'affection pour Tom Jedusor et souhaitait l'aider. Le sauveur du monde sorcier ne faisait pas seulement cela par volonté d'être équitable avec son ennemi amnésique, jamais il n'aurait accepté la proximité que Jedusor avait instaurée entre eux si cela avait été le cas.

Par conséquent et bien qu'il ait des difficultés à l'admettre, le Seigneur des Ténèbres n'était pas le responsable de l'état de détresse dont souffrait le Survivant. C'était autre chose. Autre chose qui n'avait peut-être aucun rapport avec la guerre...

Même si son état n'était pas dû à la présence de Jedusor près de lui, ce n'était pas sain de le laisser en permanence entre les mains de l'assassin de ses parents. Rogue avait pris une décision et il comptait s'y tenir, garder le Seigneur des Ténèbres loin du Survivant.

Il l'avait fait pendant des années, il était capable de le faire encore, jusqu'à la fin de sa vie s'il le fallait.

C'est sur cette conviction que le Maître des potions reposa la plume qu'il malmenait depuis un moment et envoya sa missive, espérant que mademoiselle Delacour eut fini la classe assez tôt pour se rendre chez les Oiseaux-tonnerre où Potter devrait s'être réfugié.

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