Chapitre 2 - A la PJ

13 3 4
                                    

(J'ai dessiné l'inspecteur Lenormand, tel que je me l'imagine. Je sais, le dessin n'est pas terrible. Mais je fais de mon mieux).

Le lendemain de notre première visite, Bertier et moi-même nous nous sommes retrouvés dans le bureau du commissaire pour faire le point.

Bertier ! Ce cher inspecteur Bertier ! 45 ans, taille moyenne, brun, massif, les cheveux très courts, coiffés sur le côté, un visage carré, des sourcils en accent circonflexe qui lui donnent toujours un air étonné ou dubitatif. Physiquement, c'est plutôt Lino Ventura.

D'un caractère cartésien, il n'a aucune imagination, contrairement à moi qui en ai bien trop, et il s'en tient généralement aux faits. Rien ne semble jamais le surprendre et il trouve une explication logique à tout. Il ne se dépare jamais de son calme, sauf lors d'interrogatoires parfois agités où il doit faire preuve d'autorité, ce qui n'est personnellement pas mon fort, étant donné mon caractère pacifique.

Et il me reproche souvent mes intuitions, dues à mon imagination débordante, et qui me fait élaborer des hypothèses parfois farfelues, à partir d'indices improbables. Bertier me remet souvent sur le droit chemin en modérant mon enthousiasme. Il ne se gêne pas pour m'envoyer un coup de patte bourru sous forme de réflexions pas toujours agréables. Mais je sais qu'il a raison.

— Les faits ! dit-il souvent, tiens-toi en aux faits ! ne va pas élaborer des hypothèses hasardeuses à partir de n'importe quel indice fumeux ! Souviens-toi de ce qu'on t'a enseigné à l'Ecole de Police ! Il faut un faisceau d'indices probants, un point c'est tout ! Les policiers qui suivent leurs soi-disant inspirations ne sont pas les meilleurs. Ce sont même les pires qui soient.

C'est vrai, il me le dit à chaque fois, mais c'est plus fort que moi. Quand mon cerveau s'emballe...

Et lorsque je trouve une vraie piste, ce qui arrive quand même de temps en temps, je ne lâche rien et prends parfois quelques risques, sans toujours penser aux conséquences, ce qui m'a valu maintes fois de me retrouver dans des situations difficiles, voir périlleuses, mais souvent cocasses, ce qui n'amuse pas toujours mon chef qui doit faire des pieds et des mains pour me tirer d'affaire.

Et il offre un contraste saisissant par rapport à moi, avec mes un mètre quatre vingt six et ma pointure "45 fillette". J'ai un physique de "grand Duduche" comme me le rappellent gentiment mes chers collègues. Une silhouette longiligne, des cheveux ébouriffés et trop longs car je les laisse pousser pour tenter de cacher mes oreilles décollées. Mon anticonformisme en matière capillaire me vaut régulièrement les remarques désobligeantes de mes supérieurs. Je ne suis pas un modèle de beauté, mais il parait que j'ai du charme, du moins, c'est ce que dit Sophie, ma femme.

Quant au commissaire Renouf, pour lequel j'ai une grande admiration et qui m'impressionne beaucoup, c'est un homme de taille moyenne, d'une soixantaine d'années aux cheveux argentés coupés en brosse. Silhouette massive, voire monolithique, nez un peu fort, visage carré aux traits accusés, témoins d'une vie dure et mouvementée dans le passé, marquée par un drame intime, la perte de son fils de vingt deux ans dans un accident de moto. Pour le décrire physiquement, il ressemble un peu à Jean Gabin dans le rôle du commissaire Maigret.

Natif de Rouen, D'un caractère bien trempé, il en impose par son calme et sa présence rassurante, comme un roc. Cependant, ses yeux bleus peuvent virer au gris acier lorsqu'il se met en colère, une colère intérieure rarement extériorisée, mais que nous, ses adjoints, savons décrypter. Quand cela se produit, nous nous arrangeons tous pour prendre la tangente afin d'éviter ses foudres, ainsi que les éclats tranchants de sa voix grave de fumeur de gitanes.

Néanmoins, j'ai l'impression que le commissaire éprouve quand même à mon égard une certaine mansuétude. Souvent, comme Bertier, il se sent le devoir de réfréner un peu sèchement mes ardeurs juvéniles de jeune limier un peu pataud et dont il tient vis à vis de moi, à peu près le même discours.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeWhere stories live. Discover now