Chapitre 34 - Une grenade dégoupillée

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Nous étions heureux d'avoir retrouvé André Malandain. Il semblait être sain et sauf. Le tout était de le faire sortir de sa geôle. Cela ne semblait pas si simple.

— Comment peut-on ouvrir cette porte ? demanda Bertier.

— Pourquoi ne pas la forcer avec la barre à mine ? suggérai-je.

Bertier la prit et l'introduisit dans un espace entre la porte et le mur. Bertier et Dutilleux, étant les plus costauds d'entre nous, pesèrent de tout leur poids pendant de longues minutes.

Mais la porte continuait à résister. Il le firent plusieurs fois, mais en vain.

Je suggérai alors d'éclater le bois en introduisant la barre à mine dans le judas et en faisant levier avec, mais la porte, décidément très solide, résistait toujours. On construisait pour durer, dans le temps !

— Je ne vois qu'une chose, dit Dutilleux, c'est de l'ouvrir avec un peu d'explosif.

— Etes-vous bien sûrs de ce que vous faites ? demanda Bertier inquiet, c'est très dangereux. Le prisonnier risque d'être blessé !

— Pas s'il se tient assez éloigné de la porte. N'ayez crainte, je n'utiliserai qu'une toute petite quantité, mais suffisante pour l'ouvrir.

— M. Malandain, m'entendez-vous ?

André répondit par l'affirmative;

— A quelle distance pouvez-vous vous éloigner de la porte ?

— Environ quatre ou cinq mètres. La cellule est assez grande.

— Alors, reculez-vous le plus possible et essayez de vous abriter avec ce que vous trouverez. Nous allons faire sauter la porte.

André s'en éloigna rapidement et se réfugia dans le coin de sa prison le plus éloigné. Il se protégea avec sa paillasse en la mettant sur lui et nous avertit quand il fut prêt.

Le gendarme prit alors un pain de plastique dans l'une des caisses. Il en découpa un tout petit morceau, qu'il colla sur le bord de la porte, près de la serrure. Puis, il plaça quatre autres petits morceaux, qu'il colla sur quatre côtés, dont deux près des gonds.

— Normalement, il faudrait un détonateur, dit-il, mais j'ai constaté, en faisant des essais, que cela pouvait également marcher avec une mèche.

Tout en parlant, il découpa quatre longues mèches qu'il fixa dans les pains de plastique. Puis il les alluma avec un briquet.

— Maintenant, fichons le camp ! cria-t-il. Le feu d'artifice va commencer !

Nous courûmes vite fait le plus loin possible et nous nous bouchâmes les oreilles. Trente secondes plus tard, la porte fut soufflée et tomba dans un bruit retentissant qui se répercuta tout le long des galeries.

C'en était fini de la discrétion, mais nous n'avions pas d'autre moyen pour libérer notre prisonnier.

Au bout de quelques instants, André Malandain sortit de la pièce en toussant, dans un épais nuage de fumée et de poussière. Dutilleux alluma son talkie-walkie et appela tout de suite le colonel pour lui annoncer qu'on avait retrouvé l'homme recherché.

— Merci mon dieu ! Enfin libre ! cria André.

Il apparut, barbu, échevelé, légèrement amaigri, ses vêtements froissés, mais bien vivant.

— Depuis combien de temps suis-je ici ? demanda-t-il, j'ai perdu la notion du temps. Je n'ai fait que dormir.

— Cela fait une bonne semaine qu'on vous cherche, répondit Bertier.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant