Chapitre 30 - Des vacances en perspective

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Bien entendu, le commissaire fut tout de suite informé du sabotage de ma voiture et nous convoqua, Bertier et moi, dans son bureau.

— Il est évident, dit-il, que si l'assassin s'attaque directement à la police, c'est qu'il commence à avoir peur et semble prêt à tout. Nous devons donc redoubler de vigilance. C'est pourquoi nous allons avoir recours à une petite stratégie.

— Ah bon ? Laquelle ? demandai-je ingénument.

— Il vaut mieux que vous vous éloigniez d'ici quelques temps, car votre vie et celle de votre épouse sont menacées. Le meurtrier sait où vous habitez, et il peut recommencer, dès lors qu'il saura que vous vous en êtes sorti.

— M'éloigner, mais comment cela ?

— Vous prendrez des vacances pendant quelques semaines, et surtout loin d'ici.

— Non, répliquai-je, ce n'est pas possible, je ne peux pas prendre de congés en pleine enquête, cela na pas de sens !

Le commissaire Renouf haussa le ton :

— Et moi, je vous ordonne de prendre quelques jours. Vous êtes surmené, vous dormez mal, vous vous êtes fait molester récemment par les gendarmes, et là on vient de tenter de vous tuer ! Cela ne vous suffit pas ? Regardez donc la mine que vous avez ! Et pensez à votre sécurité et à celle de votre épouse ! Alors, ouste ! Vous terminez ce soir, et vous prenez trois semaines de vacances et surtout vous partez, loin d'ici ! Loin, loin, très loin ! C'est un ordre !

— Trois semaines ? dis-je, atterré. Mais il peut se passer beaucoup de choses en trois semaines !

— Nous allons demander à Martineau de nous seconder. Il n'a pas l'air trop occupé en ce moment. Et puis, les cimetières sont remplis de gens irremplaçables ! Vous vous croyez donc indispensable ? Eh bien, détrompez-vous ! On peut mener l'enquête sans vous ! Et puis je ne veux pas vous avoir dans nos pattes ! Vous m'avez compris ? Non mais ! Sinon, vous serez suspendu !

J'étais sidéré par tant de véhémence dans ses propos à mon égard. Et, devant mon visage totalement défait, il se radoucit.

— Gilbert, je suis désolé, je dis cela pour votre bien, afin de vous protéger.

— Bon, bon ! concédai-je à contrecoeur. Mais comment vais-je partir ? Ma voiture est complètement fichue !

— Oh la-la ! Eh bien, vous en louerez une ou vous prendrez le train ! Pfff !

— Bon, puisque c'est un ordre, d'accord, je crois que vous avez raison, cette situation devient de plus en plus dangereuse, et je crains pour la sécurité de Sophie et aussi parce que j'ai bien failli y rester.

Le commissaire Renouf et l'inspecteur Bertier poussèrent un gros soupir de soulagement. A ce moment-là, il était clair que j'étais devenu une sorte de boulet. Il valait mieux que je parte si je voulais sauver ma peau et j'avais compris que ma présence gênait mes supérieurs. Je reconnais que mon orgueil en avait encore pris un coup.

Je revins à mon bureau et commençai à classer les dossiers qui restaient encore dessus. Ma pile diminuait un peu. Mais il restait encore du bazar. Martineau me jeta un regard par en-dessous en affichant un petit sourire narquois. Je voyais qu'il jubilait. Il devait être au courant de mon éviction et souhaitait sûrement me provoquer, mais je feignis de l'ignorer et il en fut pour ses frais.

Plus tard, dans la matinée, revenant des toilettes et passant devant le bureau du commissaire, je vis que la porte était restée entrouverte et les écoutai parler. Je sais, ce n'est pas bien d'épier, mais, ayant compris qu'ils parlaient de moi, j'étais vivement intéressé par ce qu'ils pouvaient penser de ma personne ou de mon implication dans cette enquête.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeحيث تعيش القصص. اكتشف الآن