Chapitre 22 - Une nouvelle piste

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Lorsque je rentrai chez moi, Sophie s'inquiéta de mon oeil au beurre noir et de ma joue tuméfiée.

Je lui racontai alors l'incident survenu avec les gendarmes.

— Mon pauvre chéri ! me dit-elle en m'appliquant un gant de toilette, rempli de glaçons, sur mon visage amoché.

Je me dois d'être franc et de faire preuve d'un peu d'auto-dérision. J'étais toujours, dans ces cas-là, son "pauvre chéri" ou "Monsieur Catastrophe". Et moi, chaque fois, je me laissais dorloter, englué dans le confort de sa tendresse maternelle. Je redevenais ainsi un petit garçon qui s'était fait un bobo et se faisait consoler par sa maman.

C'est vrai, ça ne fait pas très viril, mais ça fait quand même du bien !

Et puis, décidément, depuis le début de cette enquête, elle en voyait de toutes les couleurs avec moi. Je restai ainsi, affalé sur mon canapé, à geindre, avec cette poche de glace sur la moitié de mon visage. Elle s'était assise à côté de moi et me tenait la main. C'était pathétique !

Nous restâmes ainsi pendant un quart d'heure sans parler. Soudain, me remémorant les événements, je pris conscience de la drôlerie et du ridicule de la situation et je fus pris d'un fou rire. Un fou rire libérateur ! J'avais retrouvé tout mon sens de l'humour et me sentis tout à coup soulagé d'un poids. Sophie fut surprise de mon brusque changement d'humeur.

— Qu'est-ce qui te prend à rire comme ça ? me dit-elle alarmée, tu es fou ou quoi ? Les gendarmes ne t'auraient-ils pas un peu trop tapé sur la tête ?

— Non, mais c'est incroyable quand même, lui répondis-je, une fois avoir repris mon souffle. Un policier qui se fait arrêter par des gendarmes qui l'ont pris pour un délinquant, avoue que ce n'est pas banal !

— Il n'y a qu'à toi qu'il arrive des choses pareilles !

— Et en plus, j'ai reçu une bonne droite du gendarme que j'avais traité d'abruti parce que j'étais tellement en colère qu'il m'ait confisqué mon arme ! Je n'ai même pas pu lui rendre la pareille, car j'étais menotté. Finalement, cela vaut mieux, car cela se serait transformé en bagarre générale et je n'aurais sûrement pas eu le dessus. Enfin, ils se sont montrés quand même très prévenants après quand ils se sont aperçus de leur erreur, grâce à Bertier qui est arrivé, comme Zorro, me délivrer au bon moment. Et puis, ma chérie, me voir assis sur ce canapé, la tête au carré, en train de gémir avec ma poche de glace sur la figure, c'est plutôt comique, non ? Ça ne te fait pas rire ?

— Hum, pas vraiment, répondit-elle mais quand même, je ne suis pas étonnée qu'ils s'en soient pris à toi, tu as vraiment une sacrée dégaine avec ton blouson de cuir ! J'aurais moi-même eu peur si je t'avais rencontré dans la rue, tard le soir.

— A ce point-là ? Tu parles presque comme Bertier. Je n'avais pas conscience que mon apparence était si effrayante !

— C'est bien simple, tu as simplement l'air d'un Marlon Brando de banlieue ! Il ne manquait plus que la moto et c'était parfait. Tu étais bon pour jouer dans « L'équipée sauvage » En plus, tu ne t'es pas rasé depuis deux jours, ça te donne une mine patibulaire.

Je me frottai le menton, c'est vrai que ça râpait un peu, et même beaucoup.

— Patibulaire ? Tu exagères, Sophie ! Et puis Marlon Brando n'était pas si mal physiquement, me comparer à lui serait plutôt un compliment !

— Mais qui es-tu réellement, Gilbert ? dit Sophie.

— Hein ? Ben, je suis ton mari, quelle drôle de question !

— Je me le demande parfois. Quand tu es à la maison, un jour, tu fronces les sourcils et tu prends ton air de policier, une autre fois, tu as l'air d'un blouson noir mal rasé et cela ne me plait pas du tout, et parfois, je te retrouve tel que je te connais, gentil et attentionné, mais ceci, de plus en plus rarement. Il ne faudrait pas mélanger les genres ! Je ne sais plus avec quel Gilbert je vis en ce moment.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeWhere stories live. Discover now