crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminée

Chapitre 17 - De retour à l'école

Bertier ne m'avait pas loupé. Mais aussi, encore une fois, j'avais tendu le bâton pour me faire battre. Toujours ma maudite spontanéité ! Je passai outre sa réflexion désagréable, mais néanmoins juste et je continuai mon rapport.

— Enfin, en ce qui concerne cette fameuse Marie Malandain, j'ai trouvé des informations très intéressantes : elle est née Marie Berton, et non pas Lemarchand. Son père a été porté disparu et sa mère est décédée en 1942 et elle a été ensuite adoptée le 1er décembre 1945 par un couple, M. et Mme Lemarchand. Le registre d'état civil mentionne aussi sa date de mariage avec M. Pierre Malandain en 1962.

— Pourquoi donc nous aurait-elle menti sur son identité ? demanda enfin le commissaire, qui, resté silencieux, écoutait attentivement. C'est étrange. Je vais me renseigner un peu plus sur cette personne. De toute façon, elle me parait suspecte en bien des points.

Puis Bertier demanda :

— As-tu contacté le notaire pour lui demander s'il y a un testament ?

— Non, pas encore.

Nous appelâmes aussitôt Me Durieux qui, bien que réticent et souhaitant respecter le secret professionnel, finit par nous informer qu'aucun testament n'avait été rédigé, mais que son client avait manifesté son intention de prendre rendez-vous avec lui prochainement. Par ailleurs, il confirma, qu'étant donné qu'il s'était marié sous le régime de la séparation de biens, qu'un quart des biens reviendrait à son épouse, et que le reste serait partagé entre les enfants à parts égales, comme l'avait supposé le commissaire.

Après cet entretien, j'allai ensuite consulter la brigade financière concernant Pierre.

— Mais oui, répondit mon collègue, nous avons été prévenus la semaine dernière par sa Banque, mais en quoi cela peut-il te concerner ?

— Nous enquêtons sur le meurtre du père de Pierre Malandain et nous pensons que cela pourrait être en lien avec cette affaire.

— Eh bien, je peux te dire que nous avons consulté la comptabilité de la société, ainsi que les factures et que tout ceci présentait bien des irrégularités. Mais nous n'avons encore pas détecté  l'origine de ses rentrées d'argent. Cependant, il est évident que ce monsieur puise dans la caisse pour des dépenses personnelles. Nous avons reçu avant-hier l'autorisation du juge pour perquisitionner son entreprise qui a été fouillée hier de fond en comble mais rien n'a été trouvé pour le moment. Soit c'est une fausse piste, soit il est très malin et a déjà fait disparaitre toutes les preuves, mais nous allons quand même le convoquer pour l'interroger.

— Ce serait bien si tu nous tenais au courant en cas d'autres découvertes. A charge de revanche, je te donnerai aussi des informations si j'en ai.

— Très bien Gilbert ! Si tous les services coopéraient aussi bien, cela faciliterait grandement le déroulement des enquêtes.

L'étau semblait se resserrer autour de Pierre Malandain. Il était soupçonné dans deux affaires : celles du meurtre de son père, et puis une autre, plus ou moins crapuleuse, dont on ne savait rien de précis pour l'instant.

En début d'après-midi, après avoir pris un rapide déjeuner, je retournai consulter les registres d'état civil. Par chance, Pierrette Lefebvre étant née aussi à Rouen, ce qui me facilita les choses.

Qu'elle ne fut pas ma surprise de constater que Pierrette Lefebvre avait pour père Bernard Malandain ! La reconnaissance en paternité avait été effectuée fin août.

— Bon sang ! Ce n'est pas vrai ! pensai-je, complètement décontenancé. C'est pour cela qu'elle a rompu avec André. Elle s'est rendue compte qu'il était son demi-frère ! Cela aurait pu tourner à la catastrophe ! C'est donc pourquoi elle n'a rien voulu me dire et a réagi si violemment. Donc elle a menti par omission ce matin en me cachant qu'elle était la fille de la victime, ce qui la rend suspecte elle aussi. Et puis, je pense que les autres membres de la famille l'ignorent aussi. Quand la famille Malandain le découvrira, il y aura sûrement un scandale retentissant !