Chapitre 18 - Les fantômes du passé

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Le lendemain, j'allai voir le commissaire Renouf dans son bureau. Le coeur battant, j'étais bien déterminé à ne pas me laisser intimider. J'entrai sans frapper et je fermai la porte derrière moi. Assis derrière son bureau, il me regarda alors d'un air surpris.

— Commissaire, lui dis-je, j'ai quelque chose à vous apprendre au sujet de notre victime.

— On ne vous a jamais dit qu'il fallait frapper avant d'entrer ? Alors qu'avez-vous donc de si urgent à me dire ? Vous avez l'air bien mystérieux et bien cérémonieux aujourd'hui.

— Mon parrain, qui était en réalité mon tuteur, s'appelait Bernard Malandain.

— Bien ! Mais cette révélation n'est pas un scoop pour moi. Et comment l'avez-vous su ? dit-il d'un air contrarié.

Je me sentis soulagé. Il était donc au courant !

— Comme j'en avais l'intuition, je suis simplement retourné au pensionnat où on m'avait envoyé faire mes études, et j'ai demandé à consulter mon dossier. C'est là que j'ai vu les documents officiels qui prouvaient que mon tuteur était bien Bernard Malandain. Par conséquent, Michel Aurilly et Bernard Malandain ne faisaient qu'un.

— Vous avez oublié d'être bête, fit-il, admiratif, maintenant, vous savez ! Nous qui voulions vous ménager !

— Vous aviez surtout peur que l'on me retire de l'enquête car je risquais d'en être écarté, à cause de mon lien familial supposé avec la victime, et vous m'avez quand même laissé me débrouiller tout seul pour les recherches ! Vous vous êtes bien servi de moi !

— Attendez ! Calmez-vous un peu. Oui, c'est vrai, je le reconnais, dit-il, mais vous étiez tellement efficace. Mais, d'un autre côté, vous n'avez pas été honnête non plus avec nous !

— Comment ça ?

— Eh bien quand vous avez trouvé la carte d'identité de la victime, vous avez bien vu sa photo, et surtout, son dernier prénom ! Le même que le vôtre, et étant donné votre esprit de déduction surdéveloppé et votre imagination débordante, vous n'allez pas me faire croire que vous n'avez pas fait le rapprochement.

— A ce moment-là, je n'avais pas considéré que ces éléments étaient des preuves d'un lien de parenté. Des tas de gens peuvent avoir le même prénom que moi et la dernière fois que j'ai vu mon tuteur, c'était il y a plus de dix ans !

— Alors là ! tant de mauvaise foi de votre part me surprend. Vous n'avez pas pensé qu'il aurait même pu être plus que votre tuteur ?

Je restai coi de surprise. C'était vrai. Je n'avais pas été honnête sur le fait que la victime était sûrement mon parrain, et là, il suggérait carrément qu'il était bien plus que ça. Tout s'embrouilla dans ma tête et je me mis à pâlir. Il s'aperçut alors de mon malaise.

— Bon, dit-il, ne voulant pas continuer sur ce sujet délicat. Maintenant, qu'allez-vous faire ? Vous allez abandonner ?

— Pas du tout, au contraire ! je veux savoir la vérité sur mon tuteur, qui n'est pas mon parrain d'ailleurs, car je ne suis pas baptisé.

— Quoi ? Alors vous nous avez rebattu les oreilles avec votre histoire de parrain et vous nous dites maintenant que vous n'êtes pas baptisé ? Vous vous fichez de moi !

— D'après ma mère, le curé, qui était assez borné, a refusé que je sois baptisé car je suis né de père inconnu, ma mère étant fille-mère, cela la fichait mal ! Mais celui qui se faisait appeler Michel Aurilly était un lointain cousin, toujours d'après ma mère ! Et on l'appelait « parrain » car il faisait office de parrain vis-à-vis de moi. Par contre, je voudrais bien savoir pourquoi il se faisait appeler Michel Aurilly !

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeWhere stories live. Discover now