Chapitre 25 - Une rencontre inattendue

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Le lendemain, j'appelai le bureau pour faire part à Bertier de mon projet d'expédition de la matinée afin de repérer les sorties des souterrains, dans la forêt de Jumièges.

— Fais bien attention, dit-il, à chaque fois que tu pars dans la nature tout seul, ça tourne à la catastrophe !

— Je ne suis pas complètement écervelé ! lui dis-je, un peu agacé. Cette fois-ci, j'ai tout prévu : une tenue appropriée pour la randonnée, une carte d'état-major détaillée, une boussole, et puis, ce n'est pas si vaste, je ne peux pas me perdre !

— Mais pourquoi diable veux-tu absolument explorer les accès à ces tunnels ?

— Simple curiosité ! répondis-je, et puis cela pourrait me renseigner sur le contexte et le mobile du meurtre. Et surtout depuis que j'ai entendu parler de ces histoires de résistants.

—Toujours ta théorie farfelue sur une vengeance liée à une vieille histoire qui date de la deuxième guerre mondiale !

— Elle est peut-être farfelue, mais c'est une théorie quand même ! et elle peut nous mener à la vérité !

— Bon et bien vas-y si cela te fait plaisir ! Comme ça, si tu te casses le nez, tu reprendras ton enquête de façon plus sérieuse.

Il ne me faisait toujours pas confiance, bien que mon raisonnement m'avait fait retrouver l'arme du crime. Je ne comprenais pas pourquoi il se braquait autant.

Mais, pour l'instant, je n'avais pas encore reçu de résultats concernant l'analyse des gants.

Après ce coup de fil, je partis directement de chez moi, et, passant devant l'entrée du manoir et je garai ma fidèle 2CV un peu plus loin, près d'un petit chemin de randonnée que j'avais repéré.

Heureux de pouvoir échapper à la routine du bureau et de prendre un bon bol d'air, je m'étais, une fois n'est pas coutume, habillé pour la circonstance. Je portais un pantalon et des chaussures de randonnée, un pull-over, un gilet de chasse par-dessus, et une casquette. La tenue du parfait baroudeur, ce qui me changeait de mes costumes et de mes petites chaussures en cuir. J'étais paré pour l'aventure, et changer un peu d'identité et d'apparence me plaisait bien. J'avais presque l'impression d'être en vacances. Et puis, j'aimais plus être sur le terrain qu'au bureau, à me battre avec ma machine à écrire, entouré d'une pile de dossiers.

Par précaution, j'avais gardé mon arme, accrochée à son holster d'épaule dissimulé sous mon gilet, afin de faire face en cas de mauvaise rencontre, et bien sûr, ma carte de police, au cas où, en espérant ne pas avoir à la montrer.

Je m'engageai dans un chemin creux rempli de cailloux qui jouxtait des champs sur lesquels la brume s'attardait. Le soleil était, en cette matinée de début octobre, encore assez bas sur l'horizon, et j'écoutais le chant des oiseaux, qui semblaient apprécier cette ultime source de chaleur tant attendue, comme s'ils savaient déjà qu'elle s'amenuisera au fur et à mesure que l'on se dirigera vers l'hiver.

Mais, au fur et à mesure de ma progression vers la forêt, j'avais le sentiment d'être constamment épié. A plusieurs reprises, j'entendis, derrière moi, un crissement de pas sur les cailloux du chemin sinueux que je suivais. Il cessait immédiatement dès que je me retournais et je ne voyais jamais personne. Arrivé à l'orée du bois, ce bruit inquiétant et agaçant se fit entendre de nouveau.

L'atmosphère était magique. La forêt, envahie d'une légère brume, prenait un air fantomatique. Des rayons de lumière filtraient à travers les feuillages qui prenaient peu à peu leurs belles couleurs d'automne et réchauffaient un peu l'air. Mélangés à ce mince brouillard, ils donnaient à l'ensemble un air féérique et mystérieux. Subitement, les oiseaux se turent, et un froissement ténu de végétation se fit entendre. L'oreille aux aguets, Je m'arrêtai pour écouter et n'entendis plus rien. Intrigué et agacé, je finis par me cacher derrière un buisson pour attendre et surprendre la personne qui me suivait.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant