Chapitre 12 - Les frères Malandain

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Le lendemain, nous sommes retournés au manoir, Bertier et moi, pour interroger la famille, accompagnés cette fois-ci par le commissaire. Etant donné qu'il était impossible de déterminer la date exacte du décès, nous avions décidé de demander les emplois du temps des proches de la victime à partir de la veille de sa disparition.

Confortablement installé dans le salon, le commissaire Renouf commença à interroger les témoins un par un, séparément. Il commença par Pierre Malandain.

Pierre Malandain, vingt-huit ans, marié, sans enfants, de haute stature comme son père, lui ressemblait pourtant fort peu. Il avait le cheveu plat et une légère tendance à l'embonpoint. Son visage rond avec un menton légèrement fuyant pouvait suggérer une certaine mollesse de caractère, voire un manque de franchise, accentués par le fait qu'il n'osait jamais regarder les gens en face. Il semblait timide et complexé, voire inférieur en tout point à son frère, et peut-être aussi à son père. Quand on l'interrogea sur son activité professionnelle, il déclara posséder une entreprise de transport.

Transpirant de nervosité pendant l'interrogatoire, il avait tout l'air du suspect idéal.

— Où étiez-vous la veille du jour de la disparition de votre père, le 10 septembre ?

— J'étais ici, car notre père nous avait tous réunis ce jour-là et nous avons passé la journée ensemble.

— Y a-t-il eu un événement notable ? Quelque chose de particulier ?

—- Non, mon père s'était promené dans le jardin le matin, puis nous avons discuté ensuite des aménagements qu'il comptait faire dans la propriété.

Puis, le commissaire lui posa des questions sur le déroulement de cette journée. Il répondit qu'ils avaient tous déjeuné ensemble, puis qu'ils s'étaient retirés, sa femme et lui dans leur chambre en début d'après-midi. Avaient succédé à cette sieste une course en ville vers 16 heures et un retour au manoir en fin d'après-midi. Ils avaient tous diné ensemble le soir, puis la soirée s'était terminée par une partie de cartes avec son épouse et son frère, suivie du coucher vers 23 heures.

— Et le lendemain ?

— Nous avons tous pris notre petit déjeuner ensemble vers neuf heures, sans notre père. Nous ne nous sommes pas étonnés de ne pas le voir, car nous savions que c'était un lève-tôt et nous pensions qu'il l'avait sûrement pris avant nous.

— Et ensuite ? l'avez-vous revu ?

— Non. Nous l'avons attendu pour midi et comme il ne revenait pas, nous avons déjeuné sans lui. Nous savions qu'il avait l'intention de consulter son notaire et nous avons pensé qu'il pouvait y être allé et avoir été retenu. Ce n'est qu'en fin d'après-midi, vers cinq heures, que nous nous sommes inquiétés réellement et que nous avons appelé Me Durieux. Celui-ci ayant répondu qu'il ne l'avait pas vu de la journée, nous avons commencé à nous alarmer et nous avons décidé, André et moi de le chercher dans la propriété.

— Il avait l'habitude de partir sans prévenir et ne pas revenir déjeuner ?

— Mon père avait un caractère assez imprévisible, et c'est pourquoi son absence ne nous a pas étonnés au départ.

— C'est quand même étrange, intervint Bertier, que votre père vous invite pour le week-end et ne participe pas lui-même au déjeuner !

Pierre haussa les épaules, en signe d'impuissance.

— Il était comme ça, imprévisible ! Et puis nous avions quand même diné ensemble la veille.

— Et alors, qu'avez-vous fait pendant toute cette journée du 11 septembre ? demanda Renouf.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeWhere stories live. Discover now