Chapitre 28 - Les Deudeuches ne sont pas amphibies !

15 2 9
                                    

Il y a des jours où l'on ferait mieux de rester au lit, et celui-ci en faisait partie. Je ne m'attendais pas à vivre ce jour-là un tel cauchemar éveillé.

L'affaire Malandain piétinait, les empreintes relevées dans les gants étaient tellement brouillées qu'on ne pouvait en relever aucune. Mais, en conclusion, on pouvait dire que deux habitants du manoir au moins pourrait les avoir utilisés.

Honorine pouvait être l'assassin, peut-être par solidarité avec son mari ou parce que le maître des lieux voulait se débarrasser d'eux, mais je ne la croyais pas coupable. Elle n'en avait pas le profil. Tout comme Louise Malandain qui pouvait avoir utilisé ces gants pour tirer au fusil. Donc, retour à la case départ !

Il restait Marie Malandain, la suspecte potentielle, qui savait manier les armes. Nous la soupçonnions fortement, mais nous n'avions aucune preuve à son encontre. Seulement son comportement et son apparente avidité nous la faisaient soupçonner. C'est bien mince !

Dans cette équation composée de multiples inconnues, j'avais pu établir le "où", le "comment", à peu près le "quand", mais pas le "qui", et j'avais des soupçons sur le "pourquoi", mais que ma hiérarchie ne semblait pas partager totalement.

De bon matin, le lendemain de ma rencontre avec Danny, je démarrai ma voiture pour rejoindre le commissariat, comme je le faisais chaque jour. 

Je vis dans une région entourée d'eau. Celle-ci est omniprésente. Ma petite maison se situant entre les boucles de la Seine, le lac de Poses, le barrage et le Lac des Deux Amants,  je suis servi. 

Habitant à proximité de Poses, à l'écart de son centre-ville, dans une zone pavillonnaire, je dois emprunter quotidiennement, pour rejoindre mon lieu de travail, un itinéraire qui longe le lac de Poses. En fait, c'est une petite route peu fréquentée qui me permet de rejoindre la nationale sans trop perdre de temps. Et puis, en temps ordinaire, c'est joli et agréable.

Tout allait bien, je roulais tranquillement, dix minutes environ après avoir quitté la maison.

Etant sur le point d'aborder un virage que je savais serré, je commençai à vouloir ralentir. Tout à coup, les freins ne répondirent plus. En désespoir de cause, j'essayai de rétrograder à la vitesse inférieure, ce qui fit ralentir un peu la voiture et hurler le moteur, mais sans l'arrêter. Je tirai le frein à main, mais en vain. Les freins ne fonctionnaient toujours pas.

Je commençais à m'inquiéter sérieusement. La voiture prenait, au fur et à mesure, de la vitesse sur cette route légèrement en pente et poursuivait ainsi sa course folle, les pneus crissant à chaque virage. Heureusement pour moi, la 2CV est réputée pour sa bonne tenue de route.

Je traversai ainsi plusieurs carrefours à toute vitesse en klaxonnant et j'évitai de justesse quelques collisions.

Puis, c'est devenu très vite effrayant. Je ne contrôlais plus rien. Arrivée à Poses, la voiture, devenue folle, traversa la ville à tombeau ouvert, et aborda la rue de Léry à toute allure. Je savais qu'elle menait tout droit au lac de Poses et j'espérais pouvoir m'arrêter avant. Mais comment ?

En sueur et le coeur battant la chamade, j'espérais pouvoir tourner à droite en abordant la départementale. Le virage serait serré mais j'espérais que la voiture tiendrait la route et n'irait pas dans les décors.

Quand je l'atteignis, j'essayai de braquer à droite, mais soudain la direction  ne répondit plus. En quelques secondes, je vis avec terreur ma voiture aller tout droit, traverser la route, un petit terre-plein, puis couper un chemin de promenade et survoler le lac sur quelques mètres !

— Nooooooooon !

Elle toucha l'eau brutalement dans un terrible bruit de ferraille, provoquant une impressionnante gerbe d'eau et je vis peu à peu une eau verdâtre et opaque s'agglutiner autour de moi.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant