Chapitre 35 - Une situation explosive

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Bertier m'avait demandé de me sauver, mais je ne lui avais pas obéi.

N'écoutant que ma colère, je bondis sur elle et, après un corps à corps de quelques secondes, je lui arrachai la grenade que je jetai le plus loin possible au fond de la grotte, puis la tirai violemment par le bras pour la traîner avec moi vers la galerie.

Sur le coup, je n'avais pas réalisé combien mon acte était stupide. J'aurais pu me faire déchiqueter. En fait, j'avais compté sur le fait que celle-ci n'explose pas tout de suite, voire pas du tout, étant donné son ancienneté.

J'ai eu beaucoup de chance. Effectivement, elle n'éclata que quelques secondes après, après que nous ayons eu le temps de nous engouffrer en courant dans le souterrain.

Une violente explosion retentit, suivie d'autres. Comme la mécanique infernale d'une réaction en chaine, tout le stock d'explosifs entassés là sauta à son tour. Le plafond de la grotte s'affaissa, entraînant tous les arbres et les rochers au dessus et une partie de la voûte du souterrain s'effondra également sur nous.

Le silence qui suivit fut assourdissant pendant qu'un épais nuage de poussière se propageait partout dans les galeries. Je me retrouvai presque totalement enseveli sous un gros tas de pierres.

Un à un, mes compagnons émergèrent de ces gravats en toussant, tous recouverts de poussière grise, à l'exception de Marie et moi, situés plus près de l'entrée.

J'entendis Bertier crier.

— Où sont passés Gilbert et la folle ?

Essayant de remuer pour me dégager, je ressentis soudain une violente douleur à la jambe gauche, juste au-dessus du genou, ce qui m'a fait pousser un cri de douleur.

Puis, au bout d'un moment, je sentis qu'on me débarrassait des pierres. Lorsque je fus dégagé, je vis autre corps à côté de moi. C'était Marie. Elle gisait, inerte, une large blessure sur la tempe, dont émanait un filet de sang coulant sur ses cheveux, puis sur le sol. Ses yeux étaient restés grand ouverts, un air de stupéfaction à jamais figé sur son visage. Elle avait probablement été tuée sur le coup par la chute d'une pierre.

— C'est fini pour elle, dit Bertier, et toi ? ça va ?

— J'ai reçu une grosse pierre sur ma jambe gauche, dis-je, et j'ai l'impression qu'elle est cassée, je ne peux pas la bouger.

Et une tache de sang sur ma jambe de pantalon, au-dessus du genou s'élargissait rapidement.

— Pourquoi as-tu fait ça, Gilbert, tu as failli te faire tuer ! Je t'avais dit de reculer et tu as joué au héros. Maintenant, regarde, tu nous a mis dans de beaux draps !

Je ne répondis pas car, lorsque j'ai voulu me redresser, je ressentis une douleur encore plus intense et mes larmes se mirent à couler. J'étais sur le point de m'évanouir. Néanmoins, je savais qu'il avait raison, j'avais agi comme un imbécile. Un idiot qui voulait jouer au héros. Maintenant, la meurtrière était morte. Elle ne sera jamais jugée et nous étions tous coincés là, et moi, j'avais une jambe en piteux état.

Juste avant l'explosion, le Colonel Lefrançois avait entendu toute la conversation pendant que le talkie de Dutilleux continuait à fonctionner. Puis, une explosion avait retenti dans la forêt. Un énorme nuage de poussière s'était élevé à quelques centaines de mètres du lieu où ils étaient.

Tout le monde s'était précipité vers l'endroit de l'accident. Ce qu'ils avaient vu dépassait l'entendement. Tout un bosquet avait disparu, remplacé par un cratère de plusieurs dizaines de mètres de diamètre.

— Mon Dieu, avait dit Le colonel, le bosquet s'est effondré ! Que s'est-il donc passé ?

Les hommes avaient attendu plusieurs minutes que la poussière retombe et s'étaient penchés avec précaution. Rien d'autre n'était visible qu'un chaos de roches entremêlées avec des arbres déracinés.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeWhere stories live. Discover now