Chapitre 29 - sabotage !

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Je louai grandement l'amabilité de mon interlocuteur qui me tirait d'un bien mauvais pas. Arrivé au café, j'appelai Bertier.

— Jacques, j'ai eu un accident avec la 2CV. Les freins et la direction ont lâché, mais heureusement, je n'ai rien. Seulement, la voiture a fini dans le lac de Poses.

— Bon sang ! dit Bertier, tu aurais pu te noyer. Il était profond ?

— Quoi ? Le lac ? Je ne sais pas, moi, dis-je, remonté, je n'ai pas eu le temps d'en mesurer la profondeur ! A question idiote, réponse idiote ! Tu sais, j'ai eu la peur de ma vie, car je n'arrivais pas à sortir de la voiture. J'ai quand même réussi à en ressortir en passant par le toit, en crevant la capote avec mon couteau.

— Les freins et la direction ont lâché ? demanda Bertier.

— Oui, c'est bizarre, j'avais fait réviser la 2CV il y a deux semaines et hier, elle fonctionnait encore parfaitement.

— Tu ne crois pas plutôt qu'on aurait saboté ta voiture ? Où la gares-tu le soir ?

— Devant chez moi, je n'ai pas de garage, enfin, si, mais il est en cours de construction. Il y a une bétonnière dedans qui prend toute la place. Mais tu crois qu'on l'aurait sabotée ? Mais pourquoi ?

— Réfléchis ! Tu enquêtes sur un meurtre, tu dois sûrement gêner quelqu'un, en l'occurrence le meurtrier, et celui-là doit être paniqué et devient dangereux. Et puis, c'est très facile d'ouvrir une 2CV, surtout ce modèle-là.

— Oui, d'accord, mais pourquoi moi ? Toi aussi tu enquêtes sur cette affaire.

— Je n'en sais rien, le saboteur doit faire une fixation sur toi.

— C'est bien ma veine !

— Je vais faire venir la dépanneuse de la police, poursuivit-il, elle va sortir ta voiture du lac et la remorquer directement jusqu'à notre garage. Il va falloir bien sûr appeler des plongeurs pour la repérer et accrocher les câbles et après, la police scientifique va l'examiner minutieusement.

Je lui donnai l'emplacement du café afin qu'il m'y retrouve.

Pendant ce temps, le patron, me voyant arriver à moitié déshabillé et aussitôt mis au courant de mon infortune, me proposa un petit remontant, que je n'ai pas refusé, bien sûr, car j'avais besoin d'être réchauffé, j'étais pâle et je grelottais toujours. J'aurais bien voulu me changer, mais personne ne me proposait de vêtement secs et je n'osais pas en demander.

— C'est moi qui vous l'offre ! Prenez ce que vous voulez ! dit-il.

En bon normand, j'optai pour un petit verre de calva, une fois n'est pas coutume. L'homme qui m'accompagnait en demanda un aussi.

— Cela vous réchauffera et y a pas mieux pour vous remettre les idées en place ! dit le patron en me servant.

Je m'assis à une table et je mis ma veste à égoutter sur le dossier de la chaise, avec la chemise et la cravate. Auparavant, j'avais abandonné mon imperméable dans une poubelle. L'homme s'attabla avec moi.

— S'il y avait une compétition de bêtises, lui dis-je, en soupirant, je crois que je l'aurais gagnée haut la main. Plonger dans un lac avec une voiture ! Si je l'avais fait exprès, j'aurais sûrement remporté la palme d'or du concours le plus stupide de l'année.

— Vous savez, dit le journaliste, cet accident ne me semble pas en être un ! Car j'ai tout vu. J'étais en train de rouler quand j'ai vu votre voiture tomber dans le lac. Je me suis arrêté et j'ai vu une autre voiture stopper elle aussi, pendant que la vôtre coulait, et repartir en trombe.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant