crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminée

Chapitre 47 - Une lumière nouvelle

Après la lecture de cette lettre, je me sentis dévasté. Ce que j'avais su depuis toujours, sans vouloir me l'avouer, cette vérité tellement douloureuse que je me l'étais cachée, elle était là, éclatante. Eclatante de vérité !

Elle apparaissait maintenant au grand jour, dans sa brutalité, sa clarté aveuglante et insoutenable. Je l'avais perçue de manière inconsciente depuis le début de cette enquête et pourtant, je m'étais peut-être volontairement aveuglé.

Et si c'était le cas, par peur de la douleur? Ou par peur d'être révoqué et de ne pas pouvoir mener mon enquête ? Sûrement les deux à la fois. En fait, je n'étais sûr de rien, je n'avais aucune réponse, mais plein de possibilités de réponses.

Tout ce que je savais, c'était que mes yeux étaient maintenant grand ouverts. Je savais enfin qui j'étais et qui était mon père. Il avait écrit cette lettre six jours avant son assassinat. Malheureusement, le temps lui a manqué pour me contacter et faire les démarches nécessaires pour effectuer la reconnaissance en paternité me concernant. Quel gâchis monstrueux ! Tout cela à cause d'une rumeur !

Le commissaire s'était tu, ayant fini sa lecture et le silence s'installa dans la pièce. Tous furent sous le coup d'un intense émoi. Tout à coup, je me sentis très mal et subitement, tout se mit à tourner, et tout devint gris et le son devint cotonneux.

On m'a raconté que je m'étais évanoui et que j'étais tombé littéralement de ma chaise. Etant inconscient, je n'ai pas entendu ce qu'il s'est dit après. Mais, d'après ce qu'André m'a relaté ensuite, j'ai su comment la suite s'était déroulée.

Le commissaire s'était précipité sur moi et m'avait giflé plusieurs fois pour me ranimer. J'ai mis un certain temps à revenir. Honorine était partie chercher des sels dans la cuisine pour me les faire respirer.

— C'est l'émotion ! avait-dit Renouf. Hier, il est devenu père, et là il vient d'apprendre qu'il en avait un, ainsi que des frères et des soeurs ! Cela fait beaucoup en deux jours, pour un garçon qui n'avait presque plus de famille.

— J'étais sûre que le fils caché de Bernard, c'était lui ! avait dit Louise Malandain. Je l'ai tout de suite ressenti, et certaines expressions de son visage me rappelaient mon mari.

— Cela n'a pas l'air de vous étonner beaucoup ! avait dit Renouf en se retournant vers la maitresse de maison.

— Bernard m'avait avoué il y a bien longtemps qu'il avait eu deux enfants hors mariage. Je connaissais ses infidélités. Je les lui ai pardonnées avec le temps, mais j'ignorais leur identité, mon mari n'ayant jamais voulu me la dévoiler. Mais il y a quelques mois, le jour où Gilbert avait retrouvé son corps, André et lui se tenaient côte à côte dans le salon, habillés presque pareil. Ils se ressemblaient tellement que j'ai eu un choc et j'ai eu cette pensée folle, que ce jeune inspecteur était sûrement son fils, mais je n'ai rien osé dire, tellement cela me semblait impensable. Et, reprit-elle, je dois avouer que j'ai ressenti d'emblée une profonde sympathie à son égard, voire une certaine attirance, continua Louise.

André, lui, était complètement dépassé ! Il avait perdu son père tragiquement, son frère Pierre, devenu veuf, était en prison pour plusieurs années, et il avait subitement hérité d'un autre frère et d'une soeur !

Soudain, l'idée qu'il aurait pu devenir l'amant de celle-ci lui fit horreur et l'emplit de frissons. Mais heureusement, ce n'était pas arrivé, car elle ne l'avait jamais vraiment attiré physiquement. Et il comprit soudain pourquoi elle avait rompu toute relation avec lui si brutalement. Il espérait pourtant la revoir un jour, dans une nouvelle relation, apaisée, entre frère et soeur.

Pendant ce temps, je reprenais conscience peu à peu.

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Le lendemain de la lecture de la fameuse lettre, étant toujours très secoué par cette suite d'événements et de révélations, je ne revins pas au commissariat. Inquiet, le commissaire appela Sophie qui ne savait pas où je me trouvais. A tout hasard, il appela André qui se mit à ma recherche.