Chapitre 21 -Retour peu glorieux !

8 2 7
                                    

Mon oeil gauche se fermait de plus en plus, apparemment et, d'après Bertier, ma paupière et ma pommette gonflées commençaient à prendre une jolie couleur bleu-violet. En outre, le col de ma chemise était déchiré. A bas les violences policières ou plutôt « gendarmesques » !

— Un inspecteur de police ? s'écria l'adjudant surpris, mais comment ? il n'avait pas sa carte sur lui.

Bertier intervint :

— Bien sûr qu'il ne l'avait pas, vous avez tellement secoué mon collègue que celle-ci est tombée par terre quand vous l'avez arrêté. La voici !

L'adjudant blêmit en la voyant et alla immédiatement me retirer les menottes.

— Toutes mes excuses, Inspecteur Lenormand, dit le gendarme, mais faut dire que vous n'aviez pas l'allure d'un policier, et comme vous n'aviez pas votre carte... et il me la rendit ainsi que son arme de service.

— Oui, je sais, mais l'habit ne fait pas le moine, répondis-je d'un air grognon, en me réajustant comme je pouvais. Et on dirait que vous ne m'avez pas raté non plus ! dis-je, sentant mon oeil se fermer de plus en plus.

— C'est vrai quoi ! dit l'autre gendarme ! Avec son blouson de cuir et ses cheveux longs ! Il ne ressemble pas du tout à un policier, mais plutôt à un de ces voyous ! On a cru qu'il faisait partie de cette bande qui nous nargue depuis des mois ! Il a la même dégaine !

Encore un qui se focalisait sur mes cheveux ! J'avais vraiment besoin d'aller chez le coiffeur. Ça devenait urgent. Pas parce que je n'y voyais plus clair, mais parce qu'on commençait à me confondre avec les délinquants. Mais c'est une idée reçue, les gangsters sont souvent en costard-cravate et portent les cheveux courts, ce qui brouille parfois les pistes.

— De quelle bande parlez-vous ? » demanda Bertier.

— La bande de faux monnayeurs que nous traquons ! Nous cherchons depuis des mois à les prendre sur le fait ! Et là que nous étions sur le point de les coincer, vous avez tout fait rater ! Et vous, pourquoi êtes-vous là ?

Bertier était dans ses petits souliers :

— Euh ! Nous enquêtons sur un meurtre, qui pourrait être en rapport avec votre affaire !

— Ah oui, je vois, reprit le colonel avec un sourire pincé, je suis sûr que c'est le meurtre de Bernard Malandain, dont nous aurions dû normalement nous occuper puisque c'est dans notre secteur, mais comme le procureur a préféré vous confier l'affaire ! Enfin je ne vous blâme pas, vous ne faites que votre travail ! Et quel est le nom de votre commissaire ?

— Georges Renouf, de la PJ de Rouen, répondit Bertier.

— Renouf ? Ah çà ! Si je m'attendais !

— Vous le connaissez ?

— Si je le connais, oh oui alors ! Nous étions ensemble dans la résistance ! Je suis heureux de savoir qu'il est toujours en activité !

Décidément, à croire que tout le monde dans le coin était dans la résistance !

Le colonel resta songeur quelques instants.

— Bon, reprit-il, puisque c'est pour Georges, je vais vous aider : nous allons échanger nos informations. Pour une fois, oublions les rivalités entre la police et la gendarmerie. Après tout, nous faisons le même métier.

— Si cela ne vous dérange pas, je préfèrerais que vous appeliez le commissaire vous-même, dit prudemment Bertier qui craignait sûrement la réaction de Renouf. Il n'est pas trop tard, je crois qu'on peut le joindre chez lui.

crimes et flagrants délires : Vendetta Normande - Histoire terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant