♀ CHAPITRE 7 ♀

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Élisa me regardait, elle se demandait sûrement avec qui j'étais au téléphone. Devais-je lui dire que c'était son oncle ? Peut-être cela la rassurerait-elle ? Je raccrochais, et retirais la carte SIM de mon nouveau téléphone. Cela ne me réjouissait pas, tant que nous n'avions pas de carte prépayée, je ne pourrais pas contacter la petite sur la montre, et elle non plus. Mais nous devrions faire avec.

Je rangeais le portable et emmenais Élisa au salon où le repas nous attendait. Je remarquais qu'elle ne m'avais pas attendu pour manger quelques pâtes. À la télé, je vis le film que je lui avais mis : Raiponce. Je me souvenais que je le regardais quand j'étais petite. C'est pour ça que j'avais laissé pousser mes cheveux blonds, pour lui ressembler. Machinalement, je touchais ma crinière de lionne, à présent courte. Élisa me dévisagea, mais ne dit rien. Elle devait se demander qui j'étais, et ce que je faisais ici.

— Où est ta maman ? Me dit-elle finalement.

Le douloureux souvenir de sa mort refait surface.

— Elle est partie il y a longtemps.

— Où ?

— Dans un endroit spécial où les gens vont quand ils vont très mal. Ça s'appelle le paradis.

Elle pose sa fourchette, déglutie, et me regarde avec des grands yeux pleins de tristesse.

— Mon papa aussi, il est allé au Paradis. Peut-être que ta maman va aller voir mon papa !

— Peut-être, répondis-je.

Il valait mieux qu'elle voit les choses sous cet angle. Une enfant de cinq ans n'est pas obligée de savoir tout sur tout. Ma mère m'avait très tôt tout expliqué, j'avais rapidement perdu mon âme d'enfant. Je ne croyais plus au père Noël à six ou sept ans. Je savais que la fée des dents n'existait pas non plus. Je me souviens que cela m'avait fait beaucoup de peine. J'avais envie qu'Élisa garde un peu de cet esprit féerique tant qu'elle le pouvait encore.

Une fois le repas terminé, je douchais la petite. Elle se débrouillait bien toute seule, mais je ne pouvais pas la laisser. Je la regardais, supervisais ses actions.
Puis se fut à mon tour de prendre ma douche. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas eût d'eau chaude pour me décrasser. J'en profitais, longuement. 

Puis, lorsque tout le monde fut propre, j'emmenais Élisa dans sa chambre. Et au moment de partir, elle me demanda de lui lire une histoire. Je grimaçais. Je n'étais vraiment pas douée pour ce genre de choses, je trouvais ça inutile. Ma mère ne m'avait jamais raconté d'histoires, elle ne regardait pas dans mon placard ou sous mon lit s'il y avait des monstres. Je regardais Élisa, elle tenait un livre à la couverture épaisse.

Je pris le livre : Alice au pays des merveilles. Je lui lus quelques pages, et s'en fus assez. Elle avait fermé les yeux, et s'était endormie aussitôt. Même avec la sieste qu'elle avait faite, elle était tombée de fatigue.

Je descendais et me dirigeais vers la chambre de Nathalia. Son lit était défait, elle devait s'être à peine levée lorsque j'étais entrée. Je décidais de changer les draps, dormir dans le lit d'une morte me glaçais le sang.

Une fois que j'étais enfin prête, je me jetais sous les couvertures. Elles étaient froides et me firent frissonner. Je posais ma tête sur le gros coussin et fermais les yeux. Des souvenirs refirent surface. Des hommes en noirs, un fourgon, des cris. Je les rouvrais, paniquée. Calme-toi Noa, me dis-je. J'étais en sécurité ici, personne ne pouvais savoir où j'étais.

Je me calmais, me laissant bercer par mes respirations régulières. Le sommeil m'emporta enfin, et je sombrais.

*    *   *

Le lendemain matin, je fus réveillée par des léchouilles sur mon visage : Kira. J'accueillis la chienne par des caresses vigoureuses. Elle tirait la langue, et son haleine m'obligea à me lever. Je grimpais les escaliers, titubant, la tête dans le coaltar. J'ouvrais la porte de la chambre de la petite, jetant un coup d'œil au réveil : onze heures trente-huit. Je portais ensuite mon regard sur le lit : vide. Rapidement, je scrutais la pièce, mais personne à l'horizon. Paniquée, je dévalais les escaliers en direction de la cuisine, et la trouvais tout aussi vide que la chambre.

— Élisa ? Appelé-je. Élisa ?!

Pas de réponse.

— Élisa, où es-tu ? Crié-je plus fort cette fois. Élisa !

— Bouh !

Je sursautais, au bord de la crise cardiaque, et fis volte-face. La petite fille se tenait derrière moi, le sourire jusqu'aux oreilles.

— Élisa ! La grondé-je. Ne refais jamais ça ! Ce n'est pas bien, tu ne dois pas faire ça !

Ses petits yeux s'emplirent de larmes, qui se déversèrent sur ses joues rouges. Elle pleurait en silence. J'y étais allée un peu fort. Je la pris dans mes bras.

— Désolé, m'excusé-je d'un ton radoucit. Mais tu m'as fait très peur, j'ai cru que les garçons t'avaient emmené. Ne me refais plus jamais peur comme ça.

— Pardon, pleurnicha-t-elle.

Je lui embrassais le haut du crâne et la sommais d'aller s'habiller. Aujourd'hui, nous allions faire les préparatifs pour le grand départ. J'avoue que j'appréhendais un peu. 

HEAVENWhere stories live. Discover now