♀ CHAPITRE 38 ♀

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Retour au point de vue de Noa :

J'étais à présent dans un petit dortoir avec une quinzaine d'autres femmes. Toutes plus différentes les unes que les autres. Je pris un lit un peu à l'écart à côté d'une vieille dame. Je repensai à ce qui s'était passé un peu plus tôt : J'avais vu Elisa. Son visage hantait mon esprit. Je devais la récupérer à tout prix, et j'espérais de tout mon être que les garçons avaient remarqué mon absence et couvriraient mes arrières. Avec une pensée pour eux, je regardai du coin de l'œil la petite caméra noire dans l'angle de la pièce.

J'étais très stressé pour la suite des évènements et la dame près de moi s'en était rendu compte. Elle s'assit sur le rebord de mon lit près de moi.

— Ne t'inquiète pas ma belle, ça va aller.

— Comment pouvez-vous en être sûre ? Lui répondis-je, plus stressée que jamais.

Elle humecta ses lèvres et se pencha vers moi.

— C'est la deuxième fois que je viens ici. Ils ne savent pas trop ce qu'ils font. Ils m'ont diagnostiqué inapte à la procréation ou à quelconque aide, et ils m'avaient laissé sortir. Les traqueurs n'ont rien voulu entendre.

— Donc... Récapitulai-je. Vous êtes déjà venue ici, et vous avez déjà subi tous ces examens ?

Elle hocha lentement la tête et posa sa main fripée par le temps sur ma cuisse.

— Ne t'en fais pas, ce soir ils vont nous faire passer des tests, peut-être que tu pourras échapper au sort qu'on te réserve ici.

Malgré qu'elle m'ait dit ça, cela ne me rassurait pas. Au contraire, nous allions encore passer plus de tests, et j'étais presque certaine de ne pas être stérile ou inapte à quoi que ce soit. Je n'avais absolument aucune idée de comment me sortir de ce pétrin. Et ce qui me révoltais le plus, c'est que les femmes de cette pièce semblaient calmes et sereines. Comme si elles avaient abandonné, qu'elles baissaient les bras. Je ne pouvais pas me résigner.

Je ne faisais pas tout ça pour moi, mais pour Elisa. C'est moi qui l'avais entraîné dans tout ça, tout était de ma faute. Si je l'avais surveillée mieux que ça, si ce jour-là nous n'étions pas sorties...

Ressasser le passé ne me servirait à rien, je devais penser au présent. Je m'allongeai en chien de fusil sur mon lit, les yeux fermés, essayant de me calmer. J'improviserais le moment venu.

Après un long moment, (pendant lequel il me semblait m'être assoupie), quelqu'un entra dans le dortoir. Cela fit taire tout le monde et je me retournai pour voir qui était entré : Alex. Il cherchait quelqu'un du regard, et celui-ci se posa sur moi. Il me fixa un long moment sans rien dire, installant un certain malaise dans la pièce. Puis, d'une voix claire, il s'adressa à nous.

— Mesdames, vous allez passer dans quelques minutes un ultime test. Celui-ci déterminera dans quel groupe vous irez. À savoir, le groupe d'insémination, le groupe de quarantaine, ou bien encore le groupe de postulante. Nous allons vous faire passer à tour de rôle.

Nous nous levâmes toutes ensembles et nous rapprochâmes de l'entrée. Je jetai un coup d'œil à la vieille dame, qui me sourit pour réponse. Alex s'approcha, toujours le regard sur moi. Avait-il compris mon message ? Était-il juste intrigué par mon comportement ? Je devais tout faire pour me retrouver seule avec lui. À ma grande surprise, il me fit un signe du doigt pour le suivre. D'autres infirmiers prirent d'autres femmes et nous voilà parties. L'homme aux reflets roux ne parlait pas, il se contentait de me guider dans le couloir.

Nous bifurquâmes à droite et il se retourna vers moi, probablement pour s'assurer que je ne m'étais pas échappée. Finalement, nous entrâmes dans une salle blanche, remplies d'armoires pleines de produits. Il me demanda de m'asseoir sur le fauteuil au centre de la pièce. J'étais plus stressée que jamais, je n'osais pas lui parler, je ne savais pas par où commencer. J'étais seule avec lui, c'était trop beau pour durer.

Et puis, sans prévenir, il se rua vers la porte et la ferma à clef. Ce n'était absolument pas rassurant, je le regardai, anxieuse. Continuant son petit manège, il désactiva la caméra de surveillance.

— Bien, finit-il par dire. Noa, c'est ça ?

Qu'est-ce qu'il faisait ? Je n'arrivais pas à deviner s'il faisait ça par précaution pour me parler tranquillement ou s'il allait me tuer sur-le-champ. Les membres crispés, je hochais la tête pour lui répondre.

— D'accord, il y a certaines choses dont nous devons parler en privé jeune fille.

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