♀ CHAPITRE 35 ♀

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Lorsque je me réveillai, une lumière intense me brula les rétines, m'obligeant à garder les paupières closes pendant un moment. Une fois que mes yeux s'étaient accommodés à cette clarté immaculée, je me redressais en position assise. J'étais quelque peu perdue, mais tout me revint rapidement. La pièce dans laquelle je me trouvais était toute aussi blanche que celles que j'avais vues auparavant. Elle était petite, et peu meublée : un lit, un bureau et une chaise. Le sol, les murs, le plafond, tout étaient d'un blanc éclatant. Mes narines étaient irritées par cette forte odeur de javel.

J'attendis pendant un long moment avant qu'un homme vînt me délivrer de cette prison. Il était vêtu d'une blouse blanche, sous laquelle des habits noirs comme la nuit faisaient contraste. Il devait avoir la trentaine tout au plus.

— Bonjour, vous êtes mademoiselle Leroy ? Me demanda-t-il poliment.

Je répondis d'un hochement de tête.

— Veuillez me suivre s'il vous plaît.

Toujours sans un mot, j'écoutais ce qu'on me disait de faire. De toute façon, je n'avais pas vraiment d'autre choix. L'homme me conduisit dans une grande salle, remplie de femmes de tous les âges. Il me semblait néanmoins qu'il n'y avait pas de filles de moins de quinze ans. L'homme me laissa là, et réapparu plus tard avec une autre fille. Et ainsi de suite jusqu'à ce que la salle soit pleine. Tout le monde était un peu perdu, ne sachant pas vraiment quoi faire.

Lorsque la salle fut pleine à craquer, l'homme nous fit asseoir.

— Mesdames, Mesdemoiselles, bienvenue dans le programme Heaven.

Aucune d'entre nous ne bronchait.

— Vous êtes toutes des nouvelles arrivantes, donc nous allons vous expliquer rapidement ce qui va se passer pour vous.

Quelques murmures parcourent la salle, mais rien de plus.

— Dans cette salle son rassemblée toutes les femmes qui sont capables de sauver l'espèce humaine, autrement dit d'avoir des enfants. Vous êtes notre avenir mesdames.

Mon cœur commença à s'emballer.

— La semaine qui arrive, vous allez toute suivre un programme de diététique spéciale, ainsi qu'un programme physique particulier. Ceci vous permettra d'être dans les meilleures conditions possible pour recevoir le bébé.

J'allais tomber dans les pommes. Il ne fallait pas que je flanche, je ne pouvais pas être enceinte ! J'avais une semaine pour retrouver Élisa et me tirer d'ici.

Les plus jeunes dans la salle commencèrent à paniquer. Et certaines doyennes s'offusquèrent.

— Mesdames, essaya de nous calmer l'homme. Je vous en prie, calmez-vous. C'est la survie de l'espèce humaine qui est en jeu.

Comme si cela allait nous rassurer. Je n'étais absolument pas prête à avoir un enfant. Un enfant qui me serait enlevé qui plus est.

Une fois la petite conférence terminée, on nous emmena dans une grande pièce remplie de plusieurs autres femmes. Il devait y en avoir une trentaine au total. La pièce n'était autre qu'un réfectoire. Comme les femmes présentes, je pris un plateau et y déposai des aliments. Rien de spécial, une purée étrange accompagnée d'un steak, et un yaourt.

Mes yeux vagabondaient dans toute la pièce à vive allure. Il y avait beaucoup trop de gardes et d'hommes en blouse blanche pour tenter quoi que ce soit. Je me contentai de manger ma purée, qui avait comme un goût de défaite. Je ne pouvais pas rester les bras croisés, à ne rien faire. Je savais que ma sœur de cœur était en vie, et j'allais aller la récupérer. Mais pour cela, il me fallait un plan. Pour le moment, je me contenterais d'observer un peu, de me faire à ce nouvel environnement.

Une fois que le repas fut terminé, les hommes en blouses blanches s'alignèrent. Puis, ils commencèrent un appel sans fin. Finalement, je fus appelée par un homme de petite taille, au regard protecteur. Il n'avait pas cet air hautain que les autres abordaient, et semblait plus concerné par la situation. Il prit la tête de mon groupe et, accompagnées par deux gardes, nous le suivîmes. J'étais au milieu des filles de mon groupe. Aucune d'entre elles ne parlait, elles avaient la tête baissée, honteuse de s'être fait prendre.

L'homme qui nous escortait reçu un appel et fit arrêter le groupe. Il s'éloigna un peu de nous et répondit au coup de fil. Ses sourcils se fronçaient de temps à autre, et ses lèvres bougeaient à une vitesse folle. Finalement, il revint vers nous. Un autre homme en blouse blanche traversa notre couloir et notre guide l'interpella.

— Hé, Alex !

Ma nonchalance quitta mon corps en un instant. Ce prénom, je l'avais déjà entendu. C'était l'ami de Nathalia qui s'appelait comme ça. Il y avait une chance sur un million pour que ce soit le bon Alex, mais je ne pouvais négliger cette minuscule chance. Je poussais un peu mes camarades pour me retrouver en tête de file. Le fameux Alex s'approcha de notre guide.

— Oui ?

— J'ai eu un appel de la direction, on a une urgence au bâtiment 4, tu peux t'occuper d'elles et les emmener en salle B6 ? Demanda notre accompagnateur.

— Oui bien sûr ! Accepta Alex.

Il prit la tête du groupe et reprit la marche. Je l'observais : un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux roux et à la barbe naissante. Un homme grand aux épaules carrées. Cet homme pouvait être ma porte de sortie, tout comme celui qui me mènerait à ma perte si je lui révélais ce que je savais. Il fallait la jouer fine. J'attendais le bon moment, patiemment.

Nous arrivâmes devant une porte, sur laquelle figurait une énorme étiquette où on pouvait lire : B6.

— Cette salle sera votre dortoir. Vous êtes le groupe B6, nous informa-t-il.

Les filles commençaient à entrer, c'était maintenant. J'attendis qu'il se mette en retrait près de la porte pour me faufiler près de lui.

— Excusez-moi ? Dis-je d'un air triste.

— Oui ?

— On m'avait dit que je pourrai voir Nathalia si je venais ici, dis-je. Elle est médecin.

L'homme mit du temps à réagir. Il me fixait, essayant de comprendre pourquoi je lui avais dit ça. Finalement, il bégaya avant de répondre.

— Elle... Elle ne travaille plus ici.

— Ah bon ? Mais pourtant... continué-je.

— Elle n'est plus ici, me coupa-t-il froidement.

— Dommage, soufflai-je. Elle m'avait demandé de venir la voir, mentis-je ensuite.

Je venais de piquer sa curiosité. Mais j'étais la dernière encore à l'extérieur de la pièce et un des gardes était en train de me pousser à l'intérieur. Alex me dévisageait, perplexe. J'en étais sûre, c'était bien lui, je le savais au plus profond de moi. Maintenant, il fallait espérer qu'il ait compris mon message. Alex était ma seule porte de sortie.

HEAVENTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang