♀ CHAPITRE 41 ♀

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J'entrais seule dans le bureau d'Alex. Il m'avait laissé un peu d'intimité. Je voyais déjà le visage de Sacha sur l'écran de l'ordinateur. Je m'installai lentement et pris les écouteurs posés sur le bureau.

— Salut, lança-t-il.

— Hey, répondis-je timidement.

Un blanc un peu gênant s'installa entre nous.

— Désolé, finis-je par dire. Je voulais te prévenir, mais tu ne m'aurais pas laissé sortir...

— T'inquiète pas, dit-il. Il va encore falloir que je vienne sauver tes fesses !

Je laissais échapper un petit rire, et redevins un peu plus sérieuse.

— Qu'est-ce que vous comptez faire maintenant ?

— Je ne sais pas trop, Hydra voulait absolument lancer la vidéo, mais tout le monde pense qu'il vaut mieux attendre pour votre sécurité à toutes les deux.

Je me mordais la lèvre. Si ils lançaient la vidéo maintenant, j'aurais des ennuis. Il fallait que je trouve Elisa, que je m'assure qu'elle soit en sécurité, que je sois sûre de pouvoir la faire sortir...

— Essaye de les convaincre d'attendre un peu, dis-je.

Il hocha la tête. Sacha semblait différent. Quelque chose clochait.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je.

— Non rien, c'est juste que je m'inquiète un peu pour toi, t'es toute seule là-bas...

Je souriais faiblement en baissant la tête, gênée.

— T'inquiète pas, ça va, Alex veille sur moi.

Sacha se retourna, comme si quelqu'un lui parlait. Mais je ne pouvais pas voir de qui il s'agissait. Puis il tourna à nouveau son attention sur moi, son regard avait changé.

— Bon, bah, je vous laisse, vous avez sûrement pas mal de chose à vous dire.

De qui parlait-il ? Et c'était quoi cet au-revoir pourris ? Et à ma grande surprise, le visage radieux de Maxime apparut à l'écran.

— Salut ! Lança-t-il.

— Bonjour Maxime.

— Comment ça va toi ? Tu t'en sors ?

Pourquoi faisait-il comme si tout allait bien entre nous ? Comme si je ne l'avais pas froidement rejeté ?

— Ça peut aller, j'ai vu Elisa, elle va bien... Enfin, je crois.

— Oh, c'est vrai ? Je suis content de savoir que notre petite espionne va bien.

Il avait un grand sourire aux lèvres. Je voyais bien qu'il essayait d'arranger les choses. Mais cela sonnait tellement faux à mes oreilles.

— Max, arrête. Qu'est-ce que tu essayes de faire ?

Son visage se ferma, et je pu voir le mépris dans son regard.

— C'est plutôt moi qui devrais te demander ça, dit-il. À quoi tu joues ? Quand on était tous les deux, tout allait bien, on était proche. Et depuis que t'as rencontré Adam et Sacha, tu me jettes comme une merde ?

— Maxime, ça n'a rien avoir avec eux, arrête !

Il ricana. Comment pouvait-il me reprocher une chose pareille ? C'est lui qui avait changé de comportement du jour au lendemain. Troquant son sourire charmeur et sa bonne humeur contre un ton froid et méprisant.

— J'ai bien vu que vous alliez vous embrasser le premier jour, continua-t-il, vous ne perdez pas de temps. Et pourquoi t'es allée chez Sacha ? Tu ne le connais même pas ! Moi c'est limite si tu voulais me poignarder la première fois. C'est quoi ton problème ?

La colère commençait à grimper en moi. Depuis le début de cette conversation, je me prenais tout en pleine figure. Je n'avais pas envie de me disputer.

— Mon problème ? C'est que tu m'as menti, tu m'as caché des choses. Comment veux-tu que je te fasse confiance après ça ? Et puis, j'ai bien vu ton petit jeu avec Hydra ! Et si je suis allée chez Sacha, c'est parce que tu m'as laissé toute seule avec ces inconnus. J'ai failli me faire agresser le premier jour, et à ce que je sache ce n'est pas toi qui m'es venu en aide !

Nous y revoilà, une énième dispute alors que je voulais l'éviter. Il parlait, criait, mais je n'écoutais plus. Il fallait que j'arrête de me voiler la face. Avec Maxime, c'était mort. On ne ferait que se disputer, qui sait quels mensonges il me raconterait encore ? Énervée et à bout de nerfs, je le stoppais dans son discours lamentable.

— Max, me disputer avec toi, c'est bien la dernière chose dont j'ai besoin. Alors s'il te plaît, oublis moi un peu, et arrête de me parler.

Il se tue, et resta là à me regarder. Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux comme il le faisait avant. Puis il approcha sa tête de l'écran.

— Comme tu veux, en tout cas, j'te souhaite quand même un joyeux Noël, Noa Leroy.

Je bloquais sur cette dernière phrase. Un joyeux Noël ? Je jetais un coup d'œil à la date en bas de l'ordinateur : 25/12/2049.

C'était Noël, j'avais complètement oublié cette fête. Je n'avais pas eu le temps de réfléchir ou de reprendre mes esprits, Hydra passa sa tête devant l'écran. Il ne manquait plus qu'elle.

— Salut la fouteuse de merde, me dit-elle.

Je ne répondis pas.

— Je crois que t'as pas vraiment compris gamine, continua-t-elle. J'avais jamais vu Maxime dans un état pareil. Il t'aime, et ça se voit à des kilomètres. Mais toi tu le fais souffrir, tu le rejette comme une vieille chaussette après tout ce qu'il a fait pour toi ? Tu te rends compte qu'il a quitté son Job pour toi ? Tu le sais ça ? Tu te rends compte qu'il aurait pu être arrêté pour t'avoir cachée ? T'es qu'une garce ! Une égoïste !

Je ne pouvais en supporter davantage. J'étais venue ici pour parler à mes amis, reprendre du poil de la bête, savoir que je pouvais compter sur eux. Mais depuis le début de cette vidéo-conférence, je me faisais insulter par tout le monde. Suffoquant de rage, je jetai violemment les écouteurs sur le bureau, relevant mon majeur face à la caméra. Puis je sortais comme une furie de la pièce, bousculant Alex au passage. Je ne pris même pas le temps de m'excuser et je couru dans les couloirs, les larmes ruisselantes dans mon cou. J'avais été tellement naïve de croire que les garçons avaient changé après le désastre. C'était toujours les mêmes, les mêmes cons qui m'avaient toujours fait souffrir. J'entrai dans une pièce au hasard, c'était un débarras.

Je me faufilai comme un chaton à travers les cartons empilés, et me recroquevillai sur moi-même, évacuant toute ma rage et ma douleur par de gros sanglots. Je pleurais tellement fort que tout le bâtiment devait m'entendre. J'étais en colère, mais pas contre eux. Non. Contre moi-même, Noa Leroy. Une gamine stupide, qui avait fait confiance aux mauvaises personnes comme d'habitude. Qui était naïve et stupide.

Au bout d'un petit moment Alex retrouva ma trace. Il me vit, allongée au sol, la bouche ouverte, les yeux inondés. Comme un père l'aurait fait, il me prit dans ses bras et me porta jusqu'à ce qui s'apparentait à un appartement. Cela me rappela celui de Sacha. Non, je ne devais plus penser à eux. Alex me posa sur le lit et m'apporta un chocolat chaud.

— Quand ma fille était malade ou n'allait pas bien, je lui donnais un chocolat chaud.

— Merci, reniflai-je.

— De rien. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais ça va aller ne t'en fais pas.

HEAVENWhere stories live. Discover now